Insécurité au nord-Mali : Des populations de Kidal avertissent… « Si jamais il y a des bavures commises par l’armée malienne, c’est toute la population qui risque de basculer dans la rébellion »

0

Avec le retour des militaires qui ont combattu au côté de Kadafi, le Nord Mali connaît un regain de tension. Surtout, avec l’arrivée massive des  ethnies Tamasheqs sur  leur terre d’origine avec armes et bagages.  Face à cette situation, des notabilités de la ville de Kidal expliquent leurs inquiétudes. Tout en se prononçant sur la gestion de cette crise par l’Etat malien. Avant de donner leur point de vue sur le Mouvement National de l’Azwad (MNA) qui selon eux évolue dans la clandestinité.  

Les officiers tamasheqs originaires de Kidal qui ont combattu auprès des forces pro-Kadafi ont préféré de prendre la route de Tin-assalak, le fief de Bahanga au nord Ouest de la ville de Kidal. Du coup, les petits voleurs dans le septentrion profitent de cette situation d’insécurité. Du vol des engins, ces bandits multiplient les attaques des convois couronnées par des morts dans les rangs des paisibles citoyens. C’est dans ces circonstances inquiétantes que des sages de la ville de Kidal livrent leurs impressions sur la situation. « J’ai vraiment peur pour la paix et la stabilité dans cette région. Mais tout dépend de la suite à donner à cette affaire par l’Etat malien. Car, s’il gère mal la situation, c’est la guerre qui est ouverte et nous allons souffrir. Il y a beaucoup d’armes qui circulaient auparavant et  face auxquelles, l’Etat malien a créé un programme de récupération. Et si à ces armes s’ajoutent, celles venant de la Libye, j’ai peur pour le pays », regrette, l’ancien gouverneur de la région de Kidal Ighlass Ag Oufène qui craint pour l’avenir de la région.

 

« Ne pas diaboliser les militaires venus de la Libye »

 

Sur les routes de la région de Kidal, les bandits armés volent les engins. Un phénomène qui s’est accentué depuis la présence des militaires armée d’origine tamasheq ayant combattu auprès des troupes de Kadhafi. « Lorsqu’on vole un véhicule, les autorités n’interviennent pas, ils préfèrent  faire payer le carburant, le perdiem des militaires… », Accuse l’ancien directeur régionale de l’alphabétisation de Kidal M. Embeiry AG Rhissa. Avant d’ajouter « : pourtant la sécurité des personnes et des bien relève de l’Etat ».                                  Sur la question des militaires tamasheqs venu de la Libye, notre interlocuteur explique : « l’Etat malien doit prendre contact avec ces militaires venus de la Libye. Le fait de les négliger ou de les méconnaître peut créer chez eux de la frustration. Les maliens qui ont quitté la Côte-d’Ivoire on s’est précipité pour les accueillir et leur venir en aide. On doit faire la même chose ici ».                                      

 

Le temps est un facteur décisif pour ces genres de prise de contact : « il ne faut pas être passif et les craindre. Les militaires d’origine tamasheq qui sont venus de la Libye avec leurs armes n’ont menacé personne, il faut d’abord savoir quels sont leurs intentions avant de faire des préjugés. Les armes qu’ils détiennent peuvent être une défense  d’autant qu’ils ont quitté une zone de guerre. Et puisqu’ils ont des armes, ils ne peuvent pas entrer dans les villes avec. Donc il ne faut pas diaboliser les gens. Je suis sûr qu’avec eux, il y a des gens qui sont de bons interlocuteurs ».

 

Azawad divise mais on en parle                   

 

« La rébellion a toujours été vaincue par les armes et le Mouvement National de l’Azawad  a des cadres. C’est une bonne chose. Cette histoire d’indépendance a été revendiquée avant eux depuis 1957 par l’imam Mohamed Mahmoud. Il a fait signer une pétition pour l’indépendance de la boucle du Niger par plusieurs personnes. Lorsque la France est venue, la boucle du Niger n’avait rien à voir avec le reste du pays », affirme M. Embeiri.      

 

Quand à l’ancien député de Kidal Wadossane Ag Simitala, il propose : « en ce qui concerne les membres du Mouvement National de l’Azawad, il faut d’abord qu’ils rentrent en contact avec les communautés dont ils se réclament. L’Etat doit dialoguer avec eux.  Les régions du Nord doivent être développées au même niveau que les autres régions du Mali. Je soutien tout ceux qui disent que l’Azawad doit être développé. C’est une vision. Mais l’indépendance de l’Azawad est trop compliquée car chacun ne cherche que ses intérêts individuels. Les arabes n’aiment pas l’instabilité car leur commerce ne va pas marché. Les peulhs et les songhoï sont très présents dans l’administration. Toutes ces couches de la société ne vont pas accepter l’indépendance de l’Azawad. Et si l’on procède au vote (comme le soudan du sud), les arabes et les songhoï voteraient non et plus de la moitié des tamasheq voterait ainsi ».

 

Une rébellion comme en 1991Pour le conseiller du gouverneur de la région de Kidal Ag Guidi, le Mali ne doit pas avoir peur de cette rébellion car elle ne va pas servir la population. « Ces gens une fois qu’ils ont quelques choses ils se calment. Les tamasheqs sont de nature méchants entre eux. Ces gens vont juste faire du sabotage et du terrorisme mais ce ne sont pas des gens qui vont servir cette population. La preuve en est qu’en combien d’année et combien de rébellion, ils ont pu amener le gouvernement du Mali à faire une route goudronnée pour la ville de Kidal. Pourtant, s’ils avaient fait une pression sur l’Etat, ils trouveront une route pour faciliter les déplacement de la population ».       Le conseiller du gouverneur qui ne sort pas la langue de bois voit le même scenario que  la rébellion de 1991, seulement cette fois-ci, avec plus de moyens militaires.  « Si jamais il y a des bavures commises par l’armée malienne, c’est toute la population qui risque de basculer dans la rébellion », averti le conseiller du gouverneur.                      

 

 

Les militaires tamasheqs qui ont décliné l’invitation des organisateurs de la cérémonie d’accueil inquiètent plus d’un. Ce qui fait que notre interlocuteur déclare : « il y aura aussi, le clivage entre les militaires venus de la Libye tout comme le MAP (mouvement populaire de l’Azawade) conduite à l’époque par Iyade Ag Aghaly et l’ARLA (Armée révolutionnaire pour la Libération de l’Azawad) conduite à l’époque par Abdrahmane Galla et Elhadji Gamou qui se sont affrontés à cause de l’Etat malien en 1991. Ce scénario risque de passer encore ». Cependant, un autre point à ne pas négliger est qu’il n’est pas impossible que ceux qui arrivent de la Libye basculent dans le camp d’aqmi par ce que la culture touareg se veut être islamiste.                                   

 

« Les gens aiment l’islam mais  ne le connait pas bien ce qui est facile pour ces islamistes de convertir ces gens.  Les nomades ne connaissent pas Alqaida, ils n’ont jamais entendu parler du 11 septembre. Ce qu’ils entendent c’est l’islam tout cour », conclue le conseiller du gouverneur. La région de Kidal a toujours été une zone d’insécurité : « cette insécurité est entretenue par l’Etat malien car il ne fait rien pour contrecarrer tout ça. L’acte survenu à Abeibara est inquiétant et l’Etat doit prendre ses responsabilités. L’Etat doit réconcilier le colonel-major Elhadji Gamou et les éléments de l’alliance du 23 mai pour une bonne sécurité de la région. Le colonel Major Elhadji Gamou seul ne peut pas sécuriser la région.  C’est tout le monde qui doit faire de la sécurité son affaire. C’est ce qui explique cette insécurité. Aujourd’hui à Kidal, lorsqu’on se couche la nuit, on n’est pas sûr qu’on va se réveiller au complet. Et le pire c’est que nous ne voyons pas encore le bout du tunnel » conclu Wadossène, ancien député de Kidal.

 

  Baba Ahmed,    

 

Envoyé spécial à Kidal


Commentaires via Facebook :