Parlant de la situation au Nord du pays où la débandade de l’armée a permis aux bandits armés d’avancer rapidement pour assiéger les régions de Gao, Tombouctou, Kidal et une partie de la région de Mopti, deux hauts cadres maliens, très versés dans le dossier, ont eu des analyses assez contradictoires par rapport aux potentialités de la Grande muette.
Pour l’Inspecteur Général de Police Mahamadou Diagouraga, bien rôdé dans les questions sécuritaires et de défense, l’Armée malienne est très démunie. Elle n’a pas l’équipement nécessaire et n’est pas du tout formée pour contrer les assauts répétés des bandits armés et autres terroristes djihadistes de tous acabits. Il ira jusqu’à faire un état des lieux des troupes dont le moral est au talon.
Dans la zone de Kidal, dans les contrées d’Abéibara, de Tenzaouaten, M Diagouraga a décrit des postes militaires délabrés avec des tas de ferrailles, «des magasins de munitions quasiment vides dont la porte est une simple feuille de tôle». Il a insisté sur les conditions de vie des militaires qui vivent dans une paupérisation; des éléments à qui lui-même a souvent apporté les salaires.
Pour le maire de Gao, Sadou Diallo, qui est un ami personnel du Comandant des troupes dans la cité des Askia, Commandant Kalifa, «l’armée malienne est l’une des mieux équipées sur le continent. Elle a des officiers de valeur dans la formation desquels l’Etat injecte des milliards. Des armements, il y en avait suffisamment à Gao, je peux en témoigner. Il n’y a pas des rebelles à Gao, ce sont des terroristes... C’est, il faut le dire, le coup d’Etat qui a fait que Gao est tombé. Car, il n’y avait pas de commandement. Et sans le commandement, il n’y a aucune discipline. Les troupes ont alors fui..». Comme piqué au vif, l’Inspecteur général a répliqué. «Vous n’êtes pas de l’Armée, vous ne pouvez pas comprendre...»
Bruno D S