Le mandat d’ATT, après quatre années, tire vers sa fin. C’est pourquoi au sein de la classe politique, il y a des remue-ménage qui traduisent le repositionnement des acteurs politiques dans la perspective des élections générales de 2007. Pendant les quatre années qui viennent de s’écouler, la situation politique a connu une métamorphose qui n’a pas permis le renforcement de la position des partis politiques. Depuis quelque temps, il y a des remous au sein de la classe politique et qui finiront par changer sa configuration actuelle.
Dans cette mouvance, il y a le RPM qui monte souvent au créneau pour critiquer, quoique prenant part à l’action gouvernementale. De même, les initiateurs du manifeste pour la démocratie alimentent le débat, sans que cela permette de faire avancer les choses. Dan tout ce mouvement quel sera le sort de l’Adéma et de l’URD, deux poids lourds de l’échiquier politique national?
DE L’OPPOSITION AU CONSENSUS, DES CHOIX ET DES ERREURS?
L’expérience du consensus politique n’a pas favorisé le débat politique en dehors de l’Hémicycle, comme acteurs politiques et composantes de la société civile étaient habitués, notamment à travers les médias et sur la base de discours et déclarations incendiaires. C’était le temps du Collectif des Partis Politiques de l’Opposition( COPPO). Ce fut une expérience très positive pour notre processus démocratique, en ce sens que les autres partis politiques, n’appartenant pas à la mouvance présidentielle, en raison du fait que l’Adéma avait la majorité écrasante des députés à l’Assemblée nationale, avaient su jouer le rôle de contre-pouvoir et insistaient sur la nécessité d’exercer le contrôle de l’action gouvernement. C’est d’ailleurs dans ce sens que plusieurs tares de la gestion des affaires publiques ont décelé puis dénoncées. Toutes choses qui ont permis à l’opinion publique nationale et internationale d’être mieux édifiée sur la qualité de la gouvernance au Mali.
A l’époque, il a beaucoup été question de la corruption et de la délinquance financière qui avaient d’ailleurs été considérées comme des pratiques érigées en système de gouvernance. C’est cela le côté péjoratif de la période, qui a été renforcé par la mise en oeuvre d’une véritable politique d’exclusion de certaines composantes de la classe politique, en raison de leur conviction et de leur approche si différentes de celles du pouvoir d’alors. La période a aussi été propice à la division tant au sein de la classe politique que de la société civile. Ainsi régnait l’absence de cohésion un peu partout. Ce fut une expérience terrible des premières années de la gestion démocratique des affaires publiques dont nombre d’acteurs politiques avaient encore l’amer saveur à la veille des élections générales de 2002.
CECI EXPLIQUE-T-IL CELA?
En tout cas, à ces élections, en particulier aux présidentielles, quand les forces de l’opposition politique d’alors, regroupées au sein d’Espoir 2002 ont raté leur objectif majeur, en l’occurrence la réalisation de l’alternance politique, ils ont opté pour le soutien de la candidature d’ATT, de même qu’une frange importante de l’Adéma. Le résultat a été la victoire de leur candidat au second tour des présidentielles. Logiquement, ils sont devenus des partenaires privilégiés de celui-ci pour son mandat de cinq ans.
UNE EXPERIENCE DIVERSEMENT INTERPRETEE
Au sein de la classe politique nationale, les avis sont partagés par rapport au soutien à ATT pour les élections présidentielles de 2007. En effet, tous les partis politiques significatifs de l’échiquier politique national sont en proie à des divergences pour raison de soutien à la candidature d’ATT en 2007. Certes, cela fait un peu longtemps qu’on ne parle plus de pro et d’anti ATT, jugés d’ailleurs pas à propos par des observateurs de la situation politique nationale mais, on sait que ces considérations politiques demeurent et qu’elles sont en train de miner les plus grands partis, hormis le RPM qui a déclaré qu’il est de l’opposition parlementaire et qu’il présentera un candidat à la présidentielle de 2007.
Au fur et à mesure que l’on se rapprochera de ces élections qui pointent à l’horizon, en particulier des présidentielles, les positions des uns et des autres seront précisées. Au regard des réactions, le CNID, le MPR, ainsi que de plusieurs autres partis faiblement implantés adhèrent à la décision du gouvernement et ont exprimé leur soutien à la candidature d’ATT en 2007.
QUELLE PERSPECTIVE POUR L’ADEMA ET L’URD EN 2007?
D’ores et déjà, dans le cadre du soutien au gouvernement par rapport à la signature de l’Accord d’Alger pour la restauration de la paix et du développement de la région de Kidal, si à l’Adéma le soutien est général et officiel, dans d’autres partis, tel ne semble pas être le cas.
A l’Adéma, il y a un autre problème qui ne semble pas tout à fait tranché, malgré l’accalmie que l’on y constate depuis un bon moment. En effet, à l’URD, par contre, tout ne semble pas aussi clair, dans la mesure où la position officielle des plus hauts responsables de ce parti exprime qu’ils sont de coeur et d’esprit avec le pouvoir. En revanche, un moment, certains cadres et militants de ce même parti avaient donné de la voix pour dénoncer cette position de la direction du parti, estimant qu’elle serait contraire à la vocation du parti de la poignée de main dont les initiateurs ont choisi de faire autrement la politique. Il faudra, à ce niveau, sans doute que soient organisées des concertations afin d’avoir une position consensuelle. Si ce n’était pas le cas, il y a une menace qui planerait sur la cohésion du parti.
Peut-on affirmer qu’au sein de l’URD il n’y a pas de militants et cadres qui seraient favorables à d’autres candidats à la présidentielle, en particulier IBK? Rien n’est moins sûr. Dans tous les cas, il faudra s’attendre, à defaut de scission, à des repositionnements des cadres et à l’Adema et à l’URD, même s’il n’est pas évident que cela permettra d’influencer fondamentalement les rapports de forces dans la perspective des élections présidentielles de 2007.
Moussa SOW