Plus les jours passent, plus la tâche de la Commission de bons offices, mise en place dans le cadre des primaires de l’Adema, devient de plus en plus difficile. En effet, malgré les conciliabules et négociations secrètes, aucun candidat ne veut se désister au profit de l’autre. Alors que la Commission est appelée à faire connaître son choix au plus tard le 19 juillet prochain.
La situation que vit aujourd’hui la ruche n’est pas du tout enviable. Surtout pour ce grand parti qui a déjà connu une situation semblable et cela, dans un passé récent. Instituée par le Comité exécutif de l’Adema dans le but de trouver un candidat de consensus, la Commission de bons offices semble déjà à bout de souffle. Les personnalités qui la composent se demandent comment sortir de l’imbroglio dans lequel elles se trouvent engluées présentement. Car, malgré leur talent de négociateurs reconnu, aucune solution de sortie de crise n’est à portée de main, pour l’instant. Tant les différents protagonistes demeurent campés sur leurs positions respectives. Personne ne voulant voir son concurrent accéder à Koulouba. La question que se posent les observateurs est de savoir si, à ce rythme, le délai imparti à la Commission pourra être respecté.
Plusieurs rencontres entre la Commission et les sept candidats s’étaient déjà soldés par un échec. Personne parmi les candidats à ces primaires ne voulant reculer ne serait-ce que d’un pouce. Face à cette situation, certains redoutent que le scénario de 2002 ne se réédite quand la Convention ayant opposé Soumaïla Cissé à Soumeylou Boubèye Maïga s’était soldée par la victoire du premier mais qui avait été lâché et abandonné, par la suite par une frange importante du parti. C’est donc une victoire à la Pyrrhus qui se profile à l’horizon pour Dioncounda Traoré, le président du parti, qui doit, en principe, tout faire afin d’éviter que les membres de la Commission ne soit amenés à départager les candidats à l’issue d’un vote susceptible d’avoir des conséquences désastreuses pour la ruche.
Conscients de la délicatesse de leur mission et du poids de leur responsabilité, les membres de la Commission de bons offices ont convoqué les sept candidats au siège du parti, cet après-midi à 17 heures. Avec pour seul point à l’ordre du jour : la recherche du consensus autour d’un candidat devant porter les couleurs de la ruche à la présidentielle de 2012. Une tâche ardue et une mission quasi impossible au vu de la résistance des uns et des autres à ne point se retirer de la course…avant la grande bataille.
A cinq petits jours de la fin de sa mission, la Commission se voit interpellée face au délai qui se rétrécit telle une peau de chagrin. Car, son échec signifierait un probable enlisement aux conséquences imprévisibles. De même qu’un choix fait sans avoir obtenu un véritable consensus autour de l’heureux élu serait suicidaire pour le parti. Comme on le voit, c’est devant un dilemme cornélien que se trouve présentement la Commission, dont l’élargissement à d’autres personnalités avait même été suggéré lors d’une précédente réunion du Comité exécutif de l’Adema.
Rappelons que Dioncounda Traoré, en dépit des propositions alléchantes faites à ses concurrents, n’est pas arrivé à leur soustraire la moindre concession, à obtenir le retrait ne serait-ce que d’un seul des sept candidats à son profit. Surtout qu’en matière politique dans notre pays, les promesses ne semblent engager que ceux qui les écoutent. C’est beau de promettre mais beaucoup plus difficile de gagner et, encore plus, de partager le pouvoir. Mais si la Commission venait, aujourd’hui, à rendre son verdict en faveur de Dioncounda Traoré, il sera toujours difficile à celui-ci de maintenir la cohésion et la discipline au sein de la formation politique s’il n’a pas le soutien du président ATT. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, les Maliens s’interrogent : de quel côté regarde le président de la République ? Est-ce le candidat du PDES, celui de l’Adema, de l’URD ou du RPM (qui lui a donné ses voix en 2002)? Qui aura le soutien, même tacite, du président ATT ? En tout cas, le silence d’ATT sur la question constitue une préoccupation majeure au sein des grandes formations politiques que sont l’Adema, l’URD, le RPM et le PDES. Un silence diversement interprété au sein de la ruche. Dans ces conditions, le candidat que la Commission choisira, aujourd’hui ou demain, est susceptible de tomber dans les mêmes difficultés et trahison que celle que Soumaïla Cissé a vécues en 2002. Après avoir gagné les primaires (appelées alors Convention), ce dernier s’était vite rendu compte que ce n’est pas le forcing qui donne le pouvoir mais surtout l’expérience, l’action et le consensus qu’on arrive à créer autour de soin. Qui sont des leviers capables de faire monter sur la première marche du podium à la présidentielle de 2012.
Dans le cadre de ces primaires, c’est dire que rien n’est encore joué. Tant que demeure ce climat de «guerre» fratricide entre les sept candidats à la candidature de la ruche. Une guerre de leadership qui risque d’hypothéquer le retour de l’Adema au pouvoir en 2012. Avec ou sans Dioncounda, le mal est déjà fait.
Mamadou FOFANA