Avion présidentiel et équipements militaires : Le défilé des témoins commence

Le procès de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires a repris mardi dernier après plusieurs jours de blocage, marqués par des désaccords entre le ministère public et la défense concernant l’état de santé de Bouaré Fily Sissoko.

11 Juin 2025 - 01:57
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Avion présidentiel et équipements militaires : Le défilé des témoins commence

Lors de l’audience précédente, Moussa Mara, ancien Premier ministre, et Boubacar Ben Bouillé Haïdara, ex-directeur national du Trésor et de la comptabilité publique, ont été appelés à la barre. Leurs déclarations ont suscité de vives réactions parmi les avocats de la défense, qui réclament désormais la comparution de Oumar Tatam Ly et Madani Touré.

 

Dès la reprise du procès, la Cour, présidée par Bamassa Sissoko, a ordonné la lecture de l’arrêt de renvoi par la greffière en chef. Un exercice laborieux d’une heure, illustrant la complexité et la gravité des faits reprochés.

 

À l’issue de cette lecture, Bouaré Fily Sissoko a demandé des aménagements pour raisons de santé, incluant des pauses régulières et un ajustement du temps de parole. La Cour a accédé à ces demandes.

Lors de sa comparution, Fily Sissoko a réaffirmé qu’elle avait agi sous les instructions de l’exécutif, notamment celles de l’ancien Premier ministre Oumar Tatam Ly et du président de la République. Elle a insisté sur le respect des mécanismes de contrôle et affirmé que le protocole d’accord lui était parvenu déjà signé.

 

Elle a également précisé qu’elle n’a jamais cherché à se soustraire de la justice, ayant elle-même sollicité l’ouverture du procès. Tout de même la sexagénaire affirme n’avoir pas été impliquée dans la négociation initiale des contrats, mais a suivi les règles internes de contrôle.

 

Elle défend mordicus que les paiements ont été effectués sur la base de documents émis par la Présidence ou le ministère de la Défense, suivis d’une régularisation. "Le recours à un emprunt pour l’acquisition de l’aéronef avait été validé par l’Assemblée nationale, conformément aux exigences budgétaires", précise-t-elle.

 

Le lendemain, Moussa Mara, Premier ministre entre avril 2014 et janvier 2015, a été longuement interrogé sur les conditions d’acquisition de l’avion présidentiel et les contrats militaires classés "secret défense".

 

Dès le début de son audition, il a affirmé que l’achat de l’avion présidentiel n’avait jamais été évoqué en Conseil des ministres lorsqu’il était ministre de l’Urbanisme et qu’il a découvert son existence à son arrivée à la Primature, quelques jours avant sa livraison au Mali, le 7 avril 2014.

 

Il a précisé que les informations sur l’avion lui avaient été communiquées par Bouaré Fily Sissoko (ministre de l’Economie et des Finances), Hachim Koumaré (ministre des Transports et des Infrastructures) et feu Soumeylou Boubèye Maïga (ministre de la Défense et des Anciens combattants), dans le cadre de la préparation de sa Déclaration de politique générale.

 

Concernant le coût réel de l’aéronef, l’ancien chef du gouvernement a détaillé : 18,5 milliards de F CFA pour l’achat, 2,5 milliards de frais annexes (parking, assurance, immatriculation…) portant le coût final autour de 21 milliards de F CFA.

 

Il a également contesté l’application rétroactive du décret de 2014 encadrant les marchés "secret défense", estimant que les contrats de novembre 2013 et février 2014 étaient juridiquement en porte-à-faux avec la réglementation budgétaire.

 

Un mode opératoire troublant

Après Moussa Mara, Boubacar Ben Bouillé Haïdara, ancien directeur national du Trésor et de la comptabilité publique, a détaillé son rôle dans les paiements liés à l’acquisition de l’appareil.

 

Interrogé par la Cour, il a admis qu’aucun contrat n’avait précédé le paiement initial. "Le paiement a été fait, et ensuite, nous avons procédé à une régularisation", précise-t-il tout en précisant que la facture de 15 milliards lui avait été remise en main propre par Mme Bouaré Fily Sissoko après une réunion de cabinet.

 

La Cour a alors présenté une facture de 800 millions de F CFA pour "frais d’exploitation et entretien de l’avion", sans explication claire sur ces coûts. Son audition a révélé des pratiques administratives troublantes, notamment, des instructions orales ayant conduit à des décaissements massifs.

 

L’absence de contrat formel avant paiement, l’implication directe du Secrétariat général de la Présidence, qui techniquement ne disposait pourtant pas de budget propre pour ces transactions.

 

Face à ces révélations, la défense de Fily Sissoko s’est insurgée. Son avocat, Me Tounkara, a dénoncé les déclarations de Ben Bouillé Haïdara les qualifiant "d’infondées" et exigé la comparution de Madani Touré, estimant que "le peuple malien a droit à la vérité entière".

 

Après une courte pause pour célébrer l’Aïd al-Adha, les débats ont repris ce lundi avec d’autres témoins.

Ousmane Mahamane

 

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