Au rythme des stades : Les vraies racines de la crise qui mine la FEMAFOOT

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Pour comprendre les racines de la crise qui secoue le football malien depuis le 10 janvier 2015, il faut revenir à 2009 lors de l’élection du feu Hammadoun Kolado Cissé.

A l’époque, 3 candidats étaient en lice : Hammadoun Kolado Cissé, Boubacar Baba Diarra et Moussa Konaté, le président du COB. Boubacar Baba Diarra, candidat du bureau sortant dirigé par Salif Keïta, était le favori de l’élection.  Mais Hammadoun Kola Cissé sera élu avec la bénédiction du président de la République de l’époque, Amadou Toumani Touré. Le nouveau président Hamoudoun Kola Cissé formera un Comité exécutif de consensus. Boubacar Baba Diarra gardera sa défaite à travers la gorge. En 2011 on assistera aux premières prémices de la crise. Lors de l’Assemblée générale à l’hôtel Olympe, le premier vice-président, Boukary Sidibé «Kolon» et son clan seront débarqués du bureau pour faire place à Moussa Konaté et son clan. L’assemblée générale de 2011 a aussi tranché en faveur de Boubacar Mozon Traoré le litige qui l’opposait à Sékouba Keïta, le président du LC BA  lors de l’élection du président de la ligue de Bamako. Sékouba Keïta était soutenu par le Stade malien et ses alliés. Les Stadistes ont considéré ces deux actes comme une trahison. Ils boycotteront d’abord les compétitions d’ouverture de la saison de la ligue de Bamako en organisant leurs propres compétitions. Ensuite ils décident de boycotter les compétitions de la fédération. Le Stade malien, champion de 2011 a mis sa menace en exécution en boycottant la super coupe qu’il devait jouer contre le COB, vainqueur de la coupe du Mali 2011. Le président de la fédération feu Hammadoun Kola Cissé repoussera le début du championnat et engagera une négociation avec les Stadistes.

En 2013, on assistera à d’autres prémices de la crise. Le président de la ligue de Tombouctou, Sahala Baby, l’un fervent supporter de Boubacar Baba Diarra, démissionnera du bureau de Hammadoun Kola Cissé. Au même moment Boubacar Baba Diarra, soutenu par des jeunes comme Bassalifou Sylla, Yeli Sissoko, fera tout pour prendre la présidence du Djoliba. Ensuite certains clubs de première division dont le Djoliba et le Stade malien, soutenus par la ligue de Tombouctou créeront le Collectif du 11 juillet. Pour le collectif, Hammadoun Kola étant élu le 11 juillet 2009 son mandat doit prendre fin le 11 juillet 2013. Mais pour la fédération l’assemblée générale  ne peut être organisée qu’après l’arrêt de compte. Le président de la ligue de Tombouctou, Sahala Baby saisira la FIFA qui donnera raison à la fédération.

L’Assemblée générale élective sera organisée au mois d’octobre à Mopti. Le président sortant Hammadoun Kola Cissé est candidat à sa propre succession tandis que Boubacar Baba Diarra est candidat du Collectif du 11 juillet. Le président du Stade malien, Boukary Sidibé «Kolon», membre du Collectif du 11 juillet, décide de se porter candidat histoire de séduire certaines voix du bureau sortant. La commission électorale recevra donc 3 listes dirigées respectivement par le président sortant, Hammadoun Kola Cissé, Boubacar Baba Diarra et Boukary Sidibé «Kolon». La liste de Boubacar Baba Diarra était composée majoritairement par les Djolibistes tandis que celle de Boukary Sidibé était composée de Stadistes. Au premier tour le président du Stade malien, Boukary Sidibé parviendra à prendre certaines voix qui étaient promises à Hammadoun Kolado Cissé qui arrivera toutefois en tête devant Boubacar Baba Diarra et Boukary Sidibé respectivement 2è et 3è.  Les deux candidats qui ont une dent contre le président sortant s’associeront au 2è tour pour vaincre Hammadoun Kola Cissé. Boubacar Baba Diarra sera élu président de la Fédération malienne de football. Ensuite 9 personnes de la liste de Boubacar Baba Diarra ont été obligées de démissionner moyennant  quelques choses pour faire place aux 9 personnes de la liste de Boukary Sidibé «Kolon» qui sera nommé premier vice-président. Cela fera des mécontents au sein du Djoliba mais aussi au sein  de la liste car certains convoitaient le poste de première vice-présidence.  Nommé secrétaire général, Maître Ousmane Thierno Diallo sera remplacé par Yacouba Traoré «dit Yacoubadjan. Quelques mois plus tard, le président de la FEMAFOOT, Boubacar Baba Diarra lâchera le président de la commission centrale des finances, Yéli Sissoko au profit du secrétaire général, Yacuba Traoré «Yacoubadjan» qui devient le nouveau co-signateur des chèques contre les textes de la Fédération malienne de football. «L’excédent de recette est déposé sur des comptes ouverts auprès des établissements bancaires installés au Mali fonctionnant sous la signature conjointe du Président ou du Premier Vice Président du Comité Exécutif d’une part et du Président de la Commission Centrale des Finances ou le Vice Président de cette Commission d’autre part » stupide article 109 du statuts de la FEMAFOOT. La FEMAFOOT expliquera que c’est une recommandation de la FIFA. Furieux, Yéli Sissoko bloquera les comptes de la fédération à la banque. Il sera suspendu. Le président de la commission centrale des questions juridiques, Bassalifou Sylla démissionne du bureau. Il y a désormais plusieurs mécontents djolibistes. Le Djoliba décide de rejoindre l’opposition. Se sentant en force pour renverser le bureau, l’opposition à travers M’Pa Gaoussou Sylla, le président du CSD, saisi le secrétaire général de la FEMAFOOT pour que la révocation du président Boubacar Baba Diarra soit mise dans l’ordre du jour de l’Assemblée générale du 10 janvier 2015. Il accuse le président de violation des textes, de détournement de fonds, etc. Dans sa correspondance, le président du CSD a fait une ampliation à la FIFA, à la CAF et au CNOS. La FIFA a répondu en disant que c’est une affaire interne qui ne relève pas de sa compétence.  Quelques jours plus tard, l’instance dirigeante du football mondial écrit à la FEMAFOOT en disant ceci : «Eu égard au sérieux des accusations portées contre le président de la Fémafoot et comme vous pouvez le constater dans notre réponse adressée au CS Dougouwolofila, nous estimons que l’Assemblée générale de la Fémafoot est le lieu propice pour aborder les sujets soulevés par ce club », écrivait Jérôme Valcke, le secrétaire général d’alors de la FIFA. Mais la Commission centrale d’éthique et fair play de la FEMAFOOT s’est autosaisi du dossier et a suspendu M’Pa Gaoussou Sylla de toute activité relative au football pour une durée de trois ans.

Lors de l’Ag  du 10 janvier 2015 certains délégués dont Bassalifou Sylla ont plaidé pour que M’Pa Sylla et Yéli Sissoko soient admis dans la salle. Des incidents suivront et l’opposition quitte la salle avec 29 délégués sur 55. Chaque clan se réclame de la majorité et chaque clan a tenu son assemblée générale. L’opposition qui créera en suite le Collectif des clubs et ligues majoritaires, a pris certaines décisions dont le boycott du championnat national. Depuis le 10 janvier 2015, les acteurs du football malien sont divisés en 2 camps. Toutes les couches socio-professionnelle et politiques de notre pays sont intervenues pour réconcilier les deux camps mais en vain. Ni la FIFA ni le TAS n’a pu résoudre la crise. La médiation de la dernière chance du Comité nationale olympique et sport (CNOS) en collaboration avec le ministère des Sports a échoué. C’est le bureau de l’Assemblée nationale qui négocie actuellement avec les protagonistes. L’AN a fait des recommandations qui ont été acceptées et signées par le Collectif des clubs et ligues majoritaires. Pour le moment le comité exécutif de la Femafoot refuse de signer. Mais son président, Boubacar Baba Diarra est au Rwanda pour le CHAN tandis que le premier vice-président, Boukary Sidibé «Kolon» est en France pour rencontrer le sélectionneur national des Aigles, Alain Giresse qui va certainement s’engager avec le Cameroun.

Que propose l’Assemblée nationale ?

A l’initiative de son président Issaka Sidibé, le bureau de l’Assemblée nationale du Mali a rencontré les différents acteurs du football malien le jeudi 7 et vendredi 8 janvier derniers afin de trouver une solution définitive à la crise que traverse le football malien.

L’Assemblée nationale a entendu tour à tour le comité exécutif de la  FEMAFOOT, les présidents et secrétaires généraux des ligues et clubs (Collectif  des clubs et ligues majoritaires), le regroupement des clubs de première division, l’Union nationale des associations des supporters des Aigles du Mali, le ministre des Sports, Housseïni Amion Guindo, le pool de médiateurs.

Après ces rencontres, le bureau de l’Assemblée nationale a proposé un accord de sortie de crise entre les protagonistes de la crise. Cet accord tourne autour de 8 points. La reconnaissance de la légitimité du Comité exécutif de la FEMAFOOT dirigé par Boubacar Baba Diarra, la levée de toutes les sanctions contre les personnes physiques et morales, le retour en première Division de tous les clubs relégués avec un accompagnement financier de l’Etat, le démarrage immédiat du championnat national, la reprise des élections de la ligue de Bamako sous la supervision de la fédération, le Comité national olympique et sportif, de la direction régionale des sports, et du gouvernorat du District de Bamako. L’Assemblée nationale a aussi proposé la reprise du tournoi de montée, la gestion transparente des ressources financières et le respect de l’éthique sportive à tous les niveaux, la poursuite de la médiation concernant les points partiellement ou non pris en charge.

Il faut dire que 2 des 8 propositions sont à l’avantage du Comité exécutif (La reconnaissance de la légitimité du Comité exécutif de la FEMAFOOT dirigé par Boubacar Baba Diarra et la reprise des élections de la ligue de Bamako) tandis que 3 points sont à l’avantage de l’opposition (la levée de toutes les sanctions contre les personnes physiques et morales, le retour en première Division de tous les clubs relégués et la reprise du tournoi de montée).

Ousmane CAMARA

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1 commentaire

  1. La reconnaissance du bureau de la Fédération n’est pas un point car l’Etat dit reconnaitre ce bureau. Il en est de même pour les partenaires : CAF, FIFA. Ce point n’a pas lieu d’être. Concernant le non relégation en 2ème division, qu’on nous dise qu’elle problème ou conséquence l’application de cette lois sur notre football? cela sera une jurisprudence grave pour l’avenir. Je pense qu’il faut qu’on divise la poire en deux:
    1. reléguer les 4 clubs en 2ème division
    2. atténuer voire lever les sanctions contre les dirigeants
    3. reprendre l’élection du bureau de la ligue de Bamako
    le reste étant des points légers.
    Cette proposition a le mérite de sanctionner et de pardonner. Les individus sanctionnés étant engagés pour le football, il vaut mieux les permettre d’investir pour le développement du football.

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