Performances sportives : Le Mali trouve son bonheur dans la détection et l’encadrement à la base

En l’espace de quelques jours (3 et 24 août 2025), le Mali a décroché deux places de vice-champion dans le championnat d’Afrique de basket-ball (Afrobasket) senior (dames et hommes).

9 Octobre 2025 - 01:28
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Performances sportives :  Le Mali trouve son bonheur dans la détection et l’encadrement à la base

Pour les chroniqueurs sportifs, ces performances ne doivent rien au hasard. Ce sont les retombées de la domination outrageuse du pays sur les petites catégories du basket continental, notamment chez les filles. Dans d’autres disciplines comme le foot et le taekwondo, le Mali se fait aussi respecter dans les petites catégories. Une bonne santé sportive qui est aussi le fruit d’une efficace politique de détection précoce et de formation à la base.

 « Moussa, quel est le secret de ton pays pour se maintenir si longtemps au sommet du basket-ball des petites catégories, les filles notamment » ? C’est la question qu’un camarade de promotion d’un pays voisin nous a posée après le sacre des U18 filles en Afrique du Sud en 2024. En battant le Nigeria en finale sur le score de 76-56, les Aiglonnes ont remporté leur 7ᵉ couronne dans cette compétition continentale. Mieux, l'ailière Oumou Koumaré a été désignée MVP (Meilleure Joueuse) du tournoi.

Le secret de ces performances ? La détection et la formation ! Et cela renvoie à deux artisans dont la vision a permis de hisser le basket malien à hauteur de souhait. À Commencer par Hamane Niang (ancien président de la Fédération malienne de basket, de Fiba-Afrique et de Fiba ; ancien ministre de la Jeunesse et des Sports du Mali) qui a boosté la détection en initiant les « conférences », des tournois de basket devenus de véritables camps de détection et de formation à travers le pays. Cela a créé un engouement formidable autour de la balle au panier dont le nombre de pratiquants n’a cessé de se multiplier.

L’autre artisan est sans doute feu le président Amadou Toumani Touré dit ATT. L’ancien chef d’État, pour mieux accompagner la FMBB dans son ambition, a mis en œuvre une véritable politique d’infrastructures de proximité éclairées. Cela a eu un impact positif parce que les enfants ne sont plus handicapés par un temps d’entraînement limité. Au fil du temps, ces deux initiatives ont aussi suscité la création de nombreux centres, notamment au niveau du basket et du football, à travers le pays.

Cette voie est empreinte de responsabilité et d’ambition. En effet, contrairement à certains pays, le Mali n’est pas contraint de falsifier l’âge de ses pépites (à cause du retard dans la détection) ou de nationaliser des « mercenaires », pardon des talents d’ailleurs. Ce dernier phénomène prend de l’ampleur sur le continent. Ainsi, parmi les « Cinq Meilleures joueuses » de l’Afrobasket féminin « Côte d’Ivoire 2025 » (26 juillet-3 août 2025), seules deux joueuses (Sika Koné du Mali et Jane Asinde d’Ouganda) étaient des Africaines bon teint. Les autres (Amy Okonkwo du Nigeria, Cierra Dillard du Sénégal et Delicia Washington du Soudan du Sud) ont bénéficié d’une naturalisation sportive validée par la FIBA. Une pratique qui prend de l’ampleur dans le sport africain, comme on l’a vu aussi à l’Afrobasket masculin senior « Angola 2025 ».

Dans le temps, cela était surtout fréquent au niveau des pays du Golfe, tels que le Qatar et les Émirats arabes unis, qui naturalisent des sportifs étrangers pour améliorer leur visibilité internationale, diversifier leurs économies et compenser leur manque de tradition sportive locale. Cette pratique, qui a rencontré des critiques éthiques, est encadrée par des règles des fédérations sportives internationales (FIFA, FIBA, IAAF…) qui fixent notamment des conditions d'âge et de délai avant qu'un athlète naturalisé puisse représenter un pays.

La différence grâce à nos compétences

Le Mali a plutôt misé sur la détection précoce et la formation. C’est ainsi que, avec les talents qui ont fait sensation avec les sélections des petites catégories (U16, U17, U18 et U19), le Mali s’est hissé au sommet africain en basket senior, notamment vice-champion d’Afrique chez les dames et les hommes. Mieux, même au niveau de l’encadrement, notre pays parvient à faire la différence avec ses propres ressources. À l’image du Lieutenant-colonel Aladji Dicko devenu le premier sélectionneur national à qualifier le Mali pour une finale de l'Afrobasket masculin senior. Et cela après avoir remporté l'Afrobasket U18 et emmené les U19 en finale de la Coupe du monde FIBA pour la première fois.

Il faut souligner qu’il est aussi le DTN (Directeur technique national) de la fédération qui a le mérite de s’inscrire constamment dans la continuité dans le management des sélections nationales. Il faut noter que le Lycée Ben Oumar Sy (Premier entraîneur de l’Équipe nationale de foot, il est réputé être l’homme au riche palmarès sportif qui a servi son pays avec dignité et dévouement) de Kabala est l’émanation de cette volonté politique de créer des cadres propices à la révélation et à l’épanouissement des talents en herbe.

Créé par l’ordonnance N°01-045-PRM du 19 septembre 2001, cet établissement a pour mission de normaliser « le rapport entre sport et études ». Il doit ainsi contribuer à la politique nationale de renforcement des performances sportives. Des moyens matériels, financiers et humains ont été dégagés pour atteindre cet objectif à travers une bonne formation des élèves et étudiants (on y enseigne aujourd’hui le football, le basket, le handball, l’athlétisme, le karaté, le taekwondo, le judo, le tennis de court et le tennis de table) qui ont opté pour le sport et les études.

« Investissons plus dans le basket ! Pendant que le football nous rend cardiaques, le basket nous procure de la joie et de la fierté », conseillait un cadre du pays enthousiasmé par les performances des Aigles basketteurs en Angola. Et l’investissement le plus judicieux, à nos yeux, c’est de tout mettre en œuvre pour consolider cette politique de détection et d’encadrement qui est aujourd’hui une marque déposée très enviée.

Cette politique est pour le moment une si belle réussite pour notre pays qu’ils sont nombreux les États (même africains) qui lorgnent sur nos pépites. Elle a fait du Mali l’une des grandes nations de basket-ball sur le continent. Seul pays africain a joué jusque-là une finale de Coupe du monde toutes catégories confondues en 2019 avec la génération des surdoués comme Siriman Kanouté, Oumar Ballo, les frères Dramé (Hassan et Fousseyni)…

Tout comme notre pays a été omniprésent sur le podium des quatre dernières compétitions de FIBA-Afrique 2024/25. Et sur le plan individuel, il y avait chaque fois au moins un Malien parmi les « Cinq Majeurs », notamment Youssouf Mamby Traoré et Sékou Ousmane Bagayoko (U18 garçons) ; Mama Sidiki Doumbia et Oumou Koumaré (U18 filles) ; Sika Koné (seniors dames) et Mahamane Coulibaly et Aliou Fadiala Diarra (seniors hommes).

Mais, cela ne doit pas être une raison de dormir sur nos lauriers, car il reste beaucoup à faire pour parfaire notre marque déposée (détection et formation à la base). Ce qui est récemment arrivé à nos sélections nationales U16, garçons (3e de la compétition) et (filles 4e de la compétitions après 8 titres d’affilée de championnes d’Afrique) au Rwanda doit être considéré comme un sérieux avertissement ! L’objectif est de régner en maître absolu sur le sport africain, notamment le basket-ball. Un objectif loin d’être atteint !

Moussa Bolly

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