Présidentielle: incertitude jusqu’au bout pour les réfugiés maliens au Burkina

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Vendredi 26 juillet 2013. Bamako. Les Maliens participent au retrait des cartes NINA
Vendredi 26 juillet 2013. Bamako. Les Maliens participent au retrait des cartes NINA

CAMP DE GOUDEBOU (Burkina Faso) – Ils attendaient leurs cartes d’électeur, qui ne sont finalement pas arrivées vendredi: entre dépit et colère, les réfugiés maliens du camp de Goudébou, au Burkina Faso, ne savent toujours pas s’ils pourront participer dimanche à une présidentielle cruciale pour leur pays.

 

Représentant de l’ambassade du Mali à Ouagadougou, Soumaïla Keïta est venu dans l’après-midi par la route jusqu’au camp proche de la ville burkinabè de Dori (nord), près de la frontière malienne. Il a apporté avec lui la liste électorale, une urne, des bulletins et des enveloppes.

 

Problème: il manque les cartes d’électeur. Pourtant au moins 300 cartes devaient être acheminées à ce camp, le deuxième plus important du pays, accueillant environ 10.000 personnes sur les quelque 50.000 Maliens réfugiés au Burkina, selon les chiffres officiels.

 

Tandis qu’au Mali la campagne électorale s’achève, M. Keïta s’adresse à une cinquantaine de délégués des réfugiés. La gêne est perceptible: “actuellement je n’ai aucune carte avec moi”, lâche-t-il à l’ombre d’un arbre. Autour, des tentes estampillées du logo du Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) se suivent à perte de vue.

 

M. Keïta explique que les autorités maliennes ont envoyé les cartes dans les régions d’origine des intéressés, non sur leur terre d’exil. Les plus chanceux parmi les réfugiés ont déjà reçu le précieux document grâce à des parents restés au Mali, mais les autres sont dans l’incertitude complète.

 

“Sabotage”

 

Alors qu’on affiche la liste électorale, l’annonce que les cartes ne sont toujours pas disponibles fait l’effet d’une douche froide parmi les réfugiés, qui espéraient tous voter pour aider leur pays à “sortir de la crise”.

 

“Le vote est mal organisé, il y a un sabotage, je ne sais pas par qui”, peste Mohamed Ag Attegal, originaire de Gossi (au sud de Gao, la grande ville du nord du Mali). “On a fait le recensement, et aujourd’hui on me dit que je ne peux pas voter parce que je n’ai pas de carte”, soupire-t-il.

 

Le camp abrite principalement des familles touareg présentes au Burkina depuis la chute en 2012 du nord du Mali aux mains de groupes jihadistes, chassés depuis janvier dernier par une intervention armée menée par la France.

 

“C’est le découragement ici, on a un sentiment de frustration”, confie un autre Touareg, Mohamed Al Mahadi Ag Rhissa, dont la famille vient de la région de Tombouctou (nord-ouest du Mali).

 

Un réfugié intervient: ne peut-on faire de “concession pour les réfugiés?”

 

Le plus grand flou règne. L’ambassade espère encore recevoir de Bamako les cartes pour les distribuer juste avant l’ouverture du scrutin, à moins qu’un assouplissement des règles pour les réfugiés ne soit décidé à la dernière minute.

 

Pour Mohamed Lamine Ag Sidi Ahmed, la pilule est dure à avaler: “l’an passé, on nous a empêchés de voter par un coup d’Etat”, survenu à Bamako en mars 2012 à quelques semaines d’une présidentielle. “Un an après, on nous empêche encore de voter”, lance-t-il, soupçonneux.

 

Hamid Ag Abdallahi, instituteur, se demande pourquoi l’élection est organisée avec une telle “précipitation”. Or, rappelle ce réfugié, l’enjeu est

de taille: “tout le monde attend que le nouveau président fasse la

reconstrruction du Mali, amène la réconciliation et la paix”.

roh-tmo/sd

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