Zone Franc : Comprendre comment une zone qui ne développe pas appauvrit (suite et fin)

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13.  Zone franc : du sujet tabou à l’analyse théorique d’une pratique rétrograde
En ce qui nous concerne, il s’est agi de conduire de nos jours l’analyse théorique de cette pratique médiévale du régime monétaire fondé sur deux monnaies, pour en comprendre toutes les manifestations réelles et envisageables, afin d’en tirer les leçons, pour les autorités directement impliquées dans son fonctionnement, aussi bien françaises qu’africaines, ou d’ailleurs, sans oublier tout le corps de l’humanité scientifique, la science n’ayant pas de frontière physique.

Il s’est donc agi pour nous de faire de cette expérience médiévale un sujet de réflexion utile pour la postérité, compte tenu des faits à travers le monde, que l’histoire nous aura légués, et de l’accumulation de savoir dont nous avons pu profiter.

Ainsi, à la différence des parties prenantes, comme les autorités françaises, celles-ci auront souhaité être de simples héritières d’une pratique qui leur rapporterait à coup sûr des facilités financières, sans se soucier de leur caractère dangereux, voire honteux, eu égard aux manifestations de violences auxquelles cette pratique donnait lieu.

En effet, nous avons pu constater que les autorités françaises n’auront jamais pu avouer, depuis 1994, avoir gagné le moindre copeck à l’issue de la diminution du F CFA, ce qui prouve qu’elles reconnaissent le caractère honteux de ce gain, qu’elle aura dérobé auprès des pays qui sont supposé bénéficier de son aide pour se développer, alors qu’ils n’auront jamais été auparavant aussi tristement victimes, désignées que résignées.

Par ailleurs, en ce qui concerne les autorités africaines, une autre partie prenante, bien que ne doutant pas du caractère faux des promesses de développement qui leur sont faites sans résultat, celles-ci continuent à suivre la France dans ses manipulations et ses promesses par crainte de représailles, ainsi que l’histoire nous en a donné plusieurs preuves par des assassinats ciblés et reconnus être commis par le même auteur.

En effet, la France sait que cette pratique, dont elle vante l’efficacité dans les pays africains, a uniquement et principalement pour but de prélever les droits seigneuriaux sur leurs populations utilisatrices du régime monétaire au seul profit de l’autorité monétaire, qui est aujourd’hui la France.

En ce qui concerne les autres acteurs de politique économique à travers le monde ainsi que tout le corps de l’humanité scientifique, des arguments partisans sont développés pour couvrir les actions des partisans t pour affaiblir les détracteurs.

Il importait de voir la science s’emparer, en toute objectivité, de cette pratique du moyen pour apprendre à en faire sujet d’étude et de réflexion afin d’en tirer les leçons qui s’imposent.

C’est ce que nous avons fait, au moyen de la conceptualisation, qui nous aura permis d’identifier des outils novateurs d’analyse économique, notamment dans le cadre de l’Economie scientifique, c’est-à-dire de l’économie dotée de la mesure.

Ainsi, il nous est apparu, compte tenu de l’expérience monétaire vécue par le Mali en 1983-84, que les différentes définitions du F CFA donnent lieu, chacune, à la définition d’une unité de mesure et qui aurait pu être utilisée en même temps qu’une autre unité différente. Cette expérience aura permis de comprendre que, dans chaque unité de mesure, le prix serait disponible sur le marché comme étant l’expression de la valeur du bien divisée par la valeur attachée à l’unité de mesure.

Par conséquent, cette expérience permet de comprendre la réalité de la pratique du Roi, qui consistait, à créer une nouvelle unité de mesure, toujours plus petite que la précédente qui était déjà dans les mains de la population. Ainsi, le Roi va échanger contre cette grande unité de mesure aux mains de la population la petite unité de mesure. Bien évidemment, le Roi gagnait ainsi la différence de valeur sur chaque ancienne unité de mesure, un gain définissant les droits de seigneuriage, un produit de fraude consécutif à la diminution évidente des mesures et du poids.

Ainsi, pour bien comprendre les agissements des différentes parties prenantes, l’analyse scientifique nous donne une norme de comportement à partir de laquelle, un rapprochement est possible entre cette norme et les pratiques  constatées.

13.1.      Du comportement des autorités françaises du moyen-âge à 1945

Ainsi, en ce qui concerne les autorités françaises, il convient de savoir que ce mécanisme de prélèvement des droits seigneuriaux a été interdit en France par le décret du 18 Germinal An III (7 avril 1795), en bannissant l’écu. Il nous apparait que cette décision de suppression des unités usuelles de mesure, que le Roi manipulait à la baisse, st une bonne décision. Cependant, il faudrait comprendre par cette décision que la mesure est prise à partir de l’étalon et que par conséquent, le prix et la valeur coïncident.

Cependant, le mécanisme est rappelé à la pratique en 1945 dans les colonies compte tenu des contingences historiques, avec en toile de fond une France exsangue après la grande guerre et a besoin de financement. Ainsi, la France fera appel à sa pratique souterraine qu’elle avait déjà interdite, la pratique de l’écu, qu’elle va dénommer F CFA.

Ce faisant, la pratique des droits seigneuriaux est de retour avec les instruments monétaires, du franc et du F CFA qui sont les remplaçants respectifs de la Livre Tournois et de l’écu.

Ainsi, il serait apparu clairement que les valeurs des biens et services allaient ainsi pouvoir être exprimées aussi bien en quantité du premier écu qu’en quantité  du second écu, c’est-à-dire en prix, prix dans le premier écu et prix dans le deuxième écu.

13.2.      De la prise de conscience de la mesure en économie

  • Si nous appelons ainsi V une de ces valeurs, V peut s’écrire :
  • V = p1*écu1 = p2*écu2. Ainsi le nouveau prix p2 est vite déterminé comme étant plus élevé que le premier prix. En effet : p2 = p1*écu1/écu2.

Le rapport écu1/ecu2 > 1, puisque écu2 est plus petit que écu1, alors le p2 est plus élevé que p1, d’où une idée de hausse des prix perceptible sur les marchés.

Ainsi, il est facile de vérifier qu’écu1 et écu2 sont donc des unités de mesure de dimensions distinctes, quand la Livre Tournois est l’étalon de mesure.

Par conséquent, leur usage respecte de simples logiques, que tout le monde connait et maitrise depuis le niveau de la troisième année de l’école primaire.

Contrairement à la mise en circulation des deux unités monétaires qui existent réellement, le Roi aura procédé autrement et dont l’analyse permet de comprendre le mécanisme de son gain et son caractère illicite.

13.3.      De l’explication du caractère de fraude des droits seigneuriaux

Maintenant, nous comprenons que la pratique du Roi, qui fait passer à la refrappe chaque ancien écu pour le mettre en conformité avec la nouvelle définition et en empochant la différence de valeur. Ainsi, il apparait que cette pratique fait reprendre à la population le contenu de la grande unité de mesure pour lui rendre le contenu de la petite unité de mesure en s’attribuant la différence de poids.

Ainsi, lorsqu’on connait le rôle d’instrument de mesure des unités monétaires fabriquées par le Roi, il est immédiat que le Roi gagnait de l’argent à travers la diminution des mesures et du poids en économie, une mesure de fraude et non pas une mesure de politique économique.

Il a dont été cohérent pour les autorités françaises d’avoir pris le décret du 18 Germinal An III (7 avril 1795) pour interdire cette pratique, même si la raison à la base de cette interdiction n’avait pas été exhibée, ce qui est aujourd’hui chose faite avec nos travaux sur un plan scientifique et non pas dogmatique ou partisan.

En effet, nous aurons vu, en 1945, le Général De Gaulle, revenir sur cette décision pour ramener à la pratique l’instrument monétaire qui avait été interdit pour l’appeler F CFA et cela en prévision de la colonisation, qui fera suite au totalitarisme moyenâgeux.

Ainsi, l’instrument d’expropriation de l’écu est réhabilité sous le nom de F CFA avec pour intention d’exproprier les populations des colonies et, par la suite, les populations des pays qui seront issus de ces colonies.

13.4.      Des populations africaines et de leurs autorités de 1945 à nos jours

Il apparait que les populations africaines des colonies et des pays issus de ces colonies se trouvent plongées et englouties dans un système dégradant, honteusement monté sous d’autres cieux contre elles et destiné à leur être présenté comme devant leur apporter le salut pour le développement. Cependant, ces promoteurs savent pertinemment, qu’il s’agit d’un système fonctionnant à la seule fin de les déposséder de leurs ressources monétaires douloureusement acquises en devises sur les marchés internationaux.

Aujourd’hui que l’éveil s’impose à ces populations en ayant bien appris de leur situation de colonisés, ces populations n’auront pas d’autre choix que d’approcher la France avec toutes les preuves d’une tromperie, et, cette fois-ci, sans aucun risque pour leurs autorités africaines de se faire assassinées.

En effet, il ne s’agira pas pour ces autorités de la découverte d’un secret, hier jalousement gardé par la France, mais d’une réalité scientifique devenue aujourd’hui une réalité partout en Afrique, et hors de cette France qui aura désormais perdu le monopole du savoir et de son piège médiéval dont elle n’est finalement qu’une simple utilisatrice besogneux, certes prête pour en user et abuser, mais ne maitrisant aucunement son fonctionnement réel ni ses méfaits sur l’économie.

Ainsi, de manière consensuelle, le mécanisme de la zone franc devra être reconnu dans ses limites pour pouvoir être repensé conformément aux règles de fonctionnement optimal qui lui sied, tout en en lui extirpant les pratiques impures qui le caractérisaient dans son utilisation coloniale.

En conclusion, il devrait donc être clair pour tous, qu’au plan historique, l’origine médiévale du F CFA ne peut être ignorée d’aucun des Chefs d’Etat africains ou français, et que, par conséquent,  le mécanisme du F CFA aura été mis en place au moyen-âge, dans le Royaume de France, uniquement pour accorder au Roi une troisième voie de financement du Trésor Royal, en plus des deux voies traditionnelles que représentent les impôts et l’endettement.

Cependant, la France aura ignoré que cette troisième voie a été supprimée en 1795 après la révolution française, par le décret du 18 Germinal an III (7 avril 1795) qui aura permis de protéger les populations des manifestations qui accompagnaient la manipulation à la baisse de la seconde monnaie du Roi, l’écu en l’occurrence, et les fortes répressions dont étaient victimes les populations de la part des forces royales.

Malheureusement, cette pratique a été ramenée en activité en 1945 par le Général De Gaulle, à travers la création du F CFA. Ainsi, la colonisation, faisant suite au totalitarisme moyenâgeux, remettra en orbite cette pratique d’expropriation, désormais esclavagiste, qui sera utilisée et maintenue de force pour spolier les populations des colonies qui en seront victimes programmées, et par la suite, les populations des pays qui seront issus de ces colonies.

Aujourd’hui, la connaissance dans ces colonies permet d’établir que plus aucun Chef d’Etat dans ces pays ne saurait ignorer la réalité historique de la zone franc qui n’est en réalité qu’un héritage de cette zone monétaire à deux monnaies initiée dans le Royaume de France.

Ainsi, ce qui n’a pas été possible en France, l’est aujourd’hui dans les pays issus des colonies et qui est d’avoir pu établir des analyses économiques pertinentes et adaptées, pour alléger la souffrance de leurs populations, et spécifiquement dans les pays utilisateurs du F CFA.

Ce faisant, ces pays pourraient prendre le relais des politiques françaises, faites d’ambiguïté et d’incohérence notoires, pour envisager leur devenir économique avec plus de sérénité, sans exclure la coopération avec tous les pays de bonne volonté, qui souhaiteraient se joindre à eux pour cette lutte vertueuse d’un développement économique et social bien partagé.

C’est dans le même esprit d’un développement économique et social bien partagé, que le Mali vient de refuser, en ayant constaté qu’en plus de huit ans de présence française dans ce pays pour combattre l’insécurité, celle-ci est devenue la denrée la plus étendue au Mali, quand les terroristes ne tombaient jamais sous le balayage des radars français et autres dromes d’observation.

Aujourd’hui, les pays de la zone franc, prenant l’initiative de leur développement propre, modifieront ce dispositif profond d’une zone monétaire conçue dès le départ au moyen-âge pour leur faire subir des transferts financiers massifs extrêmement appauvrissants vers l’autorité monétaire et qui sont en réalité consécutifs à la violation des règles d’utilisation des instruments de mesure en économe.

Ce faisant, la France sera contrainte de s’aligner sur la politique communautaire africaine en abandonnant sa pratique de reconduction de programmes d’aides qui n’aident pas, alors que ces programmes étaient maintenus de force et toujours renouvelés à son initiative.

Conclusion

En conclusion, à l’analyse, jusqu’ici inédite avant nos travaux, le système monétaire médiéval, fondé sur la livre et l’écu et ressuscité en un système fondé sur le franc et le F CFA, constitue une procédure pratique de doter l’économie d’un système de mesure de la valeur, la livre, comme le franc, constituant l’étalon de mesure, et l’écu, comme le F CFA, constituant un unité usuelle de mesure. Ainsi, la pratique du Roi consistait, en réalité, à créer une nouvelle unité de mesure, toujours plus petite que la précédente et qui était remise à la population en échange de la grande unité de mesure. Bien évidemment, le Roi gagnait la différence, la population étant livrée à la diminution évidente des mesures et du poids, une pratique interdite dans toutes les sociétés et cultures, dans les domaines qui nous sont familiers comme les pesées de masse ou les mesures de volume.

Dr. Lamine Keita

 

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