La troisième licence téléphonique ou de l’usage peu glorieux de l’état d’urgence. Mais rien n’aura empêché le Mali de sabler hier le champagne à la gloire d’Alpha Télécom, l’heureux bénéficiaire de ladite licence, le promoteur burkinabé Apollinaire Compaoré. Tout sauf un inconnu du marais sous-régional des affaires, pour ne pas dire plus. De ses partenaires initiaux, il reste certes Monaco Télécom. Il serait bon, cependant, de savoir quels sont l’apport et le rang précis de la compagnie monégasque.
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Adam Thiam (Le Républicain)[/caption]
Le partenaire initial, Cessé Komé, a été, en tout cas, défénestré pour n’avoir pas été, semble t-il, en mesure de respecter ses engagements financiers, notamment le paiement de la mise convenue. C’est peu de dire que l’homme d’affaires malien qui s’est expliqué dans la presse se sent trahi. Et s’il n’a pas attaqué son partenaire devant les juridictions locales, il n’en invoque pas moins le droit, l’éthique, les accords et le bon sens qui voudraient qu’Alpha Télécom gagne ensemble ou soit disqualifié ensemble, mais pas que l’Etat aille jusqu’à faire la police interne de ce groupement, en validant certains de ses membres et en chassant d’autres.
Tout aura été invoqué et tenté pour l’arrosage d’hier sur fond de lâchage : les pressions financières de l’Etat, l’effort de guerre, les besoins de l’armée et l’argument que le montant de la licence convenu sous Att avait été budgétisé comme recettes dans le collectif budgétaire de 2013 ! Enfin prouesse dans le contexte malien déprimé, des banques pour financer à plusieurs dizaines de milliards le coût de la licence qui sera adjugée par un Conseil de ministres extraordinaire ? Mais le temps ne ment jamais. Et il ne tardera pas à livrer les dessous opaques d’un processus sulfureux et révoltant à chacune de ses étapes.
Adam Thiam