Dans la saisine du conseil de sécurité des Nations Unies, l'UA et la CEDEAO ont mis la charrue avant les bœufs. Dans leur empressement, l'organisation sous -régionale et l'organisation panafricaine ont ''omis'' le pays concerné.
L'hésitation du conseil de sécurité à appuyer le projet de résolution déposé par le binôme UA-CEDEAO tient essentiellement à l'insuffisance de précisions du contenu. Derrière ce langage diplomatique onusien, il faut comprendre que le pays qui sera le théâtre des opérations militaires, en l'occurrence le Mali, doit principalement au préalable se porter demandeur.
Autrement dit, dans le cas d'espèce le projet de résolution déposé par l'UA en synergie avec la CEDEAO devrait l'être sur la base d'une requête dûment signée des autorités maliennes en tant que pays souverain membre de l'ONU.
Or, depuis le coup d'Etat du 22 mars et l'implication de la CEDEAO dans la gestion et le règlement de la crise malienne ; il se trouve que l'organisation sous-régionale déroule son leadership. Dans cette logique une force d'attente de 3300 hommes est sur le pied de guerre et prête à intervenir après les derniers réglages du plan opérationnel. Ceci devant se faire à Bamako selon le Général ivoirien Soumaïla Bakayoko, président de la conférence des Chefs d'Etat Major de la CEDEAO. Pour lui, le gros des contingents sera fourni par le Nigeria, le Niger et le Sénégal.
C'est dans l'urgence et sur la foi du document élaboré par le conseil de paix et de sécurité de la CEDEAO appuyé à l'occasion par des experts militaires de l'UA… que le projet de résolution pour une force d'intervention africaine au Mali s'est retrouvé sur la table de l'ONU. Par ailleurs, il faut noter que le chef d'Etat-major général de notre armée, le colonel major Ibrahima Dahirou Dembélé a assisté pour la première fois jeudi à une rencontre de la conférence des Chefs d'Etat-major de la CEDEAO à Abidjan, en Côte d'Ivoire.
Sur un tout autre plan, les autorités maliennes devraient poser un certain nombre de préalables avant de déposer une requête. Ainsi, comme l'a annoncé le ministre Hamadoun Touré, au cours d'un J-T sur la première chaîne : "le gouvernement doit faire l'évaluation des besoins de l'armée ". Cela suppose les équipements; la logistique; la formation et autres moyens de transmission…Nonobstant ''la pression amicale'' de la CEDEAO, il revient à la République du Mali de déposer la requête auprès du conseil de sécurité des Nations Unies, selon le ministre lors du même entretien télévisé.
Le versant diplomatique et politique des contours militaires d'une requête consiste parallèlement à échanger avec les pays du champ comme l'Algérie, la Mauritanie qui sont avec le Niger et le Mali membres du comité conjoint des Etats -major créé pour assurer la paix et la sécurité dans l'espace Sahélo-saharien.
En décidant d'aller très prochainement à New-York pour surement déposer la requête du Mali auprès du conseil de sécurité des Nations Unies ; le PM PP Cheick Modibo Diarra prend l'initiative de la guerre contre les ennemis envahisseurs, violeurs, détrousseurs de mausolées. Ce faisant l'UA et la CEDEAO qui bénéficient du soutien diplomatique de Paris, pourront compter sur une certaine célérité de l'instance onusienne.
En tous les cas le Mali a déjà averti qu'il est résolument engagé dans la logique du bâton et de la carotte concomitamment. C'est en fait la position de l'essentiel des Maliens qui restent convaincus qu'il ne faut pas négocier en position de faiblesse encore moins le couteau sur la gorge comme dirait l'autre.
BT