Le gérant de l’hôtel Alafia raconte son vendredi noir

22 Déc 2011 - 00:00
25 Déc 2011 - 07:55
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Au cours de notre séjour dans la Cité mystérieuse, nous avons fait un tour à l’hôtel Alafia, où un touriste allemand a été tué et trois autres Occidentaux enlevés par des bandits armés. C’était le vendredi 25 novembre 2011 aux environs de 14 heures. Après cet épisode odieux, cet hôtel est aujourd’hui fermé, augmentant du coup le nombre de désœuvrés à Tombouctou. Sur les lieux, nous avons trouvé un gérant tétanisé, qui ne sait plus à quel saint se vouer et se demande quel mauvais sort s’est abattu sur lui pour qu’il soit dans cette situation.

Selon le gérant, Boujouman, affectueusement appelé Bouje, l’hôtel ne lui appartient pas. Il est la propriété d’un couple d’Anglais, Neil et Diane, qui l’ont acheté  en 2010 dans l’espoir de s’installer à Tombouctou. Le couple est rentré en Angleterre en mai dernier, en confiant à Bouje la gestion de l’hôtel. Depuis lors, tout marchait bien, jusqu’à ce vendredi noir où tout a basculé. «Ce jour là, j’avais fini de faire mon travail et je me reposais dans ma chambre. Soudain, aux environs de 14 heures, j’ai entendu mon chien aboyer. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose qui se passait. Quand je suis sorti, j’ai vu un homme armé et enturbanné. Il m’a dit: allez, rentres. Si tu sors, je vais te tuer.

Je suis rentré dans ma chambre. J’ai pris peur à tel point que je me croyais déjà mort. Il y avait 5 blancs, 4 étaient assis sur la terrasse de l’hôtel et une dame était dans un camping-car. Ils ne l’ont pas vue. Quand ils ont voulu les embarquer, il y a un qui a voulu résister, on a tiré entre ses jambes. Il a continué à résister. C’est ensuite qu’un des hommes a tiré au niveau de son abdomen. Ensuite, l’Allemand a voulu se jeter sur lui, c’est là qu’il a de nouveau tiré. La balle lui a traversé la cervelle. C’est ensuite qu’ils ont pris la route du désert».  

Y. Diallo

 

Les Potins de Tombouctou

Les mystères de la ville empêchent le Gouverneur d’occuper  sa nouvelle résidence

La nouvelle résidence du gouverneur de Tombouctou, construite par l’Etat malien,  est-il hantée par des mauvais génies? La question taraude les esprits à Tombouctou, pour la simple raison que Mamadou Mangara refuse jusqu’à présent d’habiter ce somptueux bâtiment. Interrogé, il s’est borné à dire que tout ne va pas bien pour l’instant, qu’il y a des détails à revoir à l’intérieur du bâtiment et qu’il faut des aménagements complémentaires. Il explique également que la résidence dans laquelle il se trouve est beaucoup plus proche des populations, donc, plus amicale.  Mais, dans la ville, on susurre que l’endroit est hanté et que cela serait la raison pour laquelle Mangara se refuse à l’occuper. Tombouctou est vraiment la Mystérieuse!

Quand les bandits font peur à la Gendarmerie

Le Gouverneur n’est pas le seul à refuser d’occuper ses nouveaux locaux. Nos pandores aussi ne veulent pas du nouveau camp construit pour eux sur la route de la commune rurale de Ber. En effet, l’Etat a construit un camp flambant neuf, mais hors de la ville, pour nos braves gendarmes. Mais, apparemment, ceux-ci ne veulent pas quitter l’intérieur de la ville. A Tombouctou, les populations sont formelles: les gendarmes ont peur des attaques des bandits armés, car leur nouveau camp est très exposé. Chose vraiment étonnante, car  les gendarmes sont censés assurer la sécurité des populations. Leur attitude n’augmente-t-elle pas la frayeur des Tombouctiens? Notons que le nouveau camp est en face du somptueux bâtiment du Gouverneur.

AQMI investit dans certaines fractions

Si nos autorités ne réagissent pas tout de suite, on assistera bientôt à l’apparition d’un Etat dans l’Etat. En effet, selon des sources dignes de foi, les bandits armés d’Al Qaïda au Maghreb Islamique seraient en train d’investir massivement dans certaines fractions du nord de  notre pays. Leur approche serait très simple. Ils se rendent dans les fractions et demandent les besoins des populations. Ainsi, toujours selon nos sources, AQMI a déjà fait des forages sur certains sites. Mais un chef de fraction a refusé les aides de ces apatrides, venus proposer leur soutien à la condition que les cours soient désormais dispensés en arabe, ce qu’il a refusé. Cela montre à quel point l’Etat est absent dans cette partie du pays. Il urge donc qu’il s’intéresse plus aux populations, pour ne pas les voir tomber dans les bras d’AQMI. Doit-on en vouloir à des gens qui manquent de tout de se laisser détourner par les plus offrants ? Rassemblés par notre Envoyé spécial

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