La situation est tendue à Kidal depuis hier dimanche 2 juin à cause de l’arrestation de plusieurs personnes accusées d’être des espions à la solde de l’Etat malien par le MNLA qui a décidé de lancer une chasse à la population noire selon plusieurs personnes jointes au téléphone.
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Le Mnla en patrouille (photo archives)[/caption]
Le Mouvement national de libération de l'Azawad a procédé hier dimanche à l’arrestation de plusieurs personnes dont, dit-on, des officiers de l’armée malienne à Kidal.« Les militaires maliens et les personnes liées aux services de renseignements maliens seront considérés comme des prisonniers, a confié un représentant du mouvement indépendantiste à nos confrères de RFI sans avoir ajouté qu’Ils sont détenus à la gendarmerie du MNLA de Kidal. Les autres seront libérés ».
C’est une véritable chasse aux noirs qui est lancée depuis hier à Kidal, plusieurs témoignages recueillis font état du pillage de deux commerçants Songhaïs, de peau noire, ce samedi, par des hommes du MNLA. RFI a joint un doyen de la communauté songhaï caché avec ses proches, la peur au ventre, dans sa maison. Son témoignage :
« Depuis 6h30 du matin, des groupes du MNLA ont envahi tous les quartiers de Kidal, en ramassant toutes les peaux noires, en leurs disant qu’ils soutiennent le gouvernement de Bamako, donc ils vont les enfermer tous et ils vont les rapatrier sur Gao. Cela fait, depuis avant-hier, ils disent que les Noirs qui sont ici ne les soutiennent pas dans leur lutte d’indépendance.
Donc, actuellement tout le monde est caché dans les maisons. Ils sont même rentrés dans les maisons des gens pour les faire sortir de force. Il y a mon neveu qui a été arrêté, nous sommes plus d’une trentaine cachés dans une maison, par la grâce de dieu, on ne nous a pas pris. Parce qu’il y a quelqu’un qui est connu, un notable de Kidal, qui a envoyé des gens pour nous protéger. Ce sont des gens du MIA (Mouvement islamique de l’Azawad) qui sont venus, armés jusqu’aux dents. Ils sont repartis, ils nous ont donné leur numéro de téléphone, au cas où, nous pouvons les appeler et ils viendront à notre secours.
Il faudra que l’armée française intervienne pour nous libérer de ce casse-tête, car vraiment, ça ne va pas ».
« C’est faux, aucune boutique ni aucune maison n’a été pillée », affirme le MNLA, qui ajoute : « Nous n’allons pas remettre en cause notre légitimité avec ce type d’actes irresponsables ».
Le groupe armé rappelle qu’il entend éviter tout affrontement entre les populations et qu’il compte assurer la sécurité des personnes de teint noir. Reste que selon plusieurs témoignages, de Songhaïs mais aussi de Touaregs noirs, nombreux sont ceux qui se sentent menacés et n’osent plus sortir de chez eux.
Des évènements qui ne vont pas aider à sortir de l’impasse les négociations en cours entre le MNLA et Bamako, sur la situation dans cette ville de Kidal.
Par Youssouf Coulibaly