Haro sur Kadhafi

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Tous les moyens électroniques dont dispose l’Otan sont à la recherche d’indices permettant de découvrir le dictateur libyen.

La tête de Muammar Kadhafi est mise à prix 1,7 million de dollars. © Reuters

“Le régime de Muammar Kadhafi ne sera pas fini tant qu’il ne sera pas capturé vivant ou mort.” Tout le dépit des insurgés vainqueurs du dictateur libyen, mais l’ayant traqué jusqu’à présent sans succès, est dans cette remarque du chef du Conseil national de transition. Le précédent du président irakien, Saddam Hussein, qui avait échappé pendant huit mois à ses poursuivants, n’est guère encourageant.

En investissant le bunker-palace de Bab el-Azizyia, les insurgés pensaient retrouver leur ennemi et le dernier carré de ses fidèles dans quelque réduit blindé et protégé. Il fallut vite déchanter. Un entrelacs très sophistiqué de souterrains, longs parfois de plusieurs kilomètres, aboutissant soit à des bâtiments anonymes de Tripoli, soit à des hôtels, soit même à la mer, permettait facilement d’imaginer comment le dictateur avait fui. Ce qui d’ailleurs, au lendemain de la chute de son fortin, lui a permis de narguer ses poursuivants en déclarant dans une radio restée entre les mains de ses fidèles qu’il avait pu se promener incognito dans la ville, aujourd’hui investie par ses ennemis.

Capacités de riposte

Le problème posé aux insurgés, et donc indirectement à l’Otan, par cette fuite, c’est que Kadhafi, qui avait manifestement préparé de longue date cette éventualité, garde des capacités de riposte non négligeables. L’attestent les combats qui se déroulaient, encore jeudi, à Abou Salim, dans la banlieue sud-est de Tripoli, et plus à l’est dans la ville de Zouara, assiégée et bombardée par les forces loyales à Kadhafi. Sans compter cette autre place forte qu’est la ville de Syrte, toujours aux mains des kadhafistes.

C’est peut-être ce qui a décidé l’Otan à mettre le paquet pour aider les insurgés à pister Kadhafi et cette fois à ne pas le laisser échapper entre les mailles du filet. Non pas en lançant à sa poursuite des commandos terrestres. Ce que les Américains avaient fait au moment de la traque lancée contre Saddam Hussein. L’Otan, selon les résolutions de l’ONU, n’a strictement que le droit d’intervenir dans les airs pour protéger les populations. Ce qui ne l’empêche pas à la fois de bombarder tous les objectifs possibles des loyalistes, même lorsqu’ils ne menacent pas directement des civils. Et comme le raconte, cette semaine encore, Jean Guisnel dans Le Point, de positionner des hommes de la DGSE et du COS au sol afin de régler le tir des avions de l’Otan et sans doute de donner quelques conseils utiles aux insurgés.

“Le cochon”

Ce que l’Otan a donc fait pour aider les soldats et militants du Conseil national de transition à pister Kadhafi, c’est de faire voler des appareils américains d’écoute ultra-sophistiqués, des “Rivet Joint aircrafts”, capables de détecter toutes les communications par radio ou téléphone dans un périmètre de plusieurs centaines de kilomètres et dont les ordinateurs embarqués réagissent à des noms, des mots et même des inflexions de reconnaissance vocale enregistrés dans leurs logiciels. Le Rivet, surnommé “le cochon” en raison de son museau élargi en forme de groin, est un Boeing 707 amélioré et aménagé qui, pendant la guerre froide, avait pour mission de voler le long des frontières du bloc soviétique afin de glaner le maximum d’informations provenant d’écoutes de toutes sortes. Ils peuvent par les mêmes méthodes espérer trouver la trace de Kadhafi, voire de ses fils.

Mais, comme le dit, avec un certain bon sens un expert de ce genre de chasse à l’homme : il n’y a rien de mieux en cette matière que le renseignement. Et la carotte d’une récompense. Et pour le moment, celle-ci, fixée à 1,7 million de dollars, paraît bien chiche si on la compare par exemple aux 25 millions de dollars promis pour la capture d’al-Zawahiri, le successeur de Ben Laden.

Le Point.fr – Publié le 25/08/2011 à 19:15

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