La guerre n’effacera pas le clivage gauche/droite

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Le président français François Hollande fait une déclaration sur le Mali à l’Elysée, le 11 janvier 2013
© AFP

Soudain, l’union nationale derrière François Hollande ! Hormis quelques personnalités – Dominique de Villepin, Jean-Luc Mélenchon, Noël Mamère – droite et gauche approuvent l’intervention française au Mali.

De même que 63 % des français, selon un sondage IFOP pour la lettre de l’opinion. Simultanément pourtant, la division : la France est coupée en deux par le projet de mariage pour tous qui a fait descendre dans la rue dimanche 13 janvier plusieurs dizaines de milliers de personnes, sans pour autant faire fléchir la détermination de l’exécutif.

L’union et en même temps la division. Le paradoxe saute aux yeux du fait des circonstances. Il ne doit cependant rien au hasard. Le ressort profond de la présidence Hollande est fondé sur cette opposition : la quête du rassemblement d’un côté, la volonté de faire vivre le clivage gauche/droite de l’autre.

Cela a commencé pendant la campagne électorale. François Hollande le rassembleur promettait « d’apaiser » la France après cinq ans de sarkozysme. Il visait le centre et les chiraquiens, mais simultanément le candidat socialiste n’oubliait pas de souder son camp en déclarant  la guerre à la finance et en concoctant une potion particulièrement amère pour les riches.

C’était osé de clamer ainsi l’apaisement et son contraire. Et ça n’a pas fonctionné très longtemps. A peine élu, le président a perdu en crédibilité, en popularité et en assise alors qu’il avait à affronter l’une des plus grandes crises que le pays ait eu à affronter.

Comment ressouder les Français ? Leur rendre leur fierté ? Lutter contre le sentiment de déclassement qui mine le moral et la cohésion de la Nation ? Il ne lui a pas échappé que plusieurs présidents avant lui, De Gaulle, Sarkozy, avaient trouvé dans « l’aventure extérieure » une forme de dérivatif.

Huit mois après son élection, François Hollande s’est engagé dans la guerre contre les bastions islamistes au Mali avec une froide détermination. Il est conscient des risques, mais entend exploiter autant qu’il le peut la nouvelle donne sur le plan intérieur.

Depuis vendredi, date de l’entrée en guerre de la France, pas une fausse note sur le plan de la communication, pas une divergence entre ministres. C’est la prime au régalien et aux « pros ». Tout est fait pour effacer l’amateurisme du début.

Le président est enfin entré dans ses habits de président. Il est aussi devenu le président de tous les Français. Les fondamentaux cependant n’ont pas changé : en même temps qu’il cultive l’union nationale, François Hollande n’oublie pas sa gauche.

Le mariage pour tous se fera. Aux conditions qu’il a fixées pendant la campagne et qui ont été validées par son élection. C’est une façon de ressouder ses troupes et de rassurer son camp, qui estime avoir avalé beaucoup de couleuvres depuis son élection.

La guerre n’effacera pas le clivage gauche/droite.  /

lemonde.fr/2013/01/14/

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