Marocanité du Sahara : la visite de Jacob Zuma à Rabat expose les fractures diplomatiques sud-africaines

Lors de sa visite le 15 juillet au Maroc, Jacob Zuma, l’ancien président sud-africain, a publiquement affiché son soutien au projet d’autonomie marocain pour le Sahara

9 Août 2025 - 17:57
9 Août 2025 - 18:05
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Marocanité du Sahara : la visite de Jacob Zuma à Rabat expose les fractures diplomatiques sud-africaines

Dans un communiqué, le ministère sud-africain des Relations internationales et de la Coopération (DIRCO) évoque un « abus de symbole national » pour dénoncer la présence du drapeau sud-africain lors de la visite de Zuma. Une sortie qui laisse toutefois transparaître une ligne de fracture dans la diplomatie de Prétoria. Explication.

En visite au Maroc le 15 juillet dernier, l’ancien président sud-africain, Jacob Zuma a publiquement affiché son soutien au projet d’autonomie marocain pour le Sahara. L’ex-président de la Nation Arc-En-Ciel a fait état du soutien de son parti (MK Party) à la proposition marocaine d’autonomie estimant qu’elle garantit au Royaume chérifien sa souveraineté sur le Sahara. Cette position, réaliste, exprimée par l’ancien leader de l’ANC a fait bondir le gouvernement de Prétoria. En réaction, le ministère sud-africain des Relations internationales et de la Coopération (DIRCO) a publié un communiqué sur son site dans lequel, il évoque un "vice de forme" dans l’usage du drapeau national.

Il est utile de rappeler que la visite de Jacob Zuma au Maroc et les officielles qu’il a eu à rencontrer s’ont faites en toute transparence. Toutes les activités de l’ancien leader de l’ANC à Rabat ont été coordonnées par l’Ambassade de l’Afrique du Sud à Rabat. Selon une note verbale authentifiée par maliweb.net, c’est la représentation diplomatique de l’Afrique à Rabat qui a demandé officiellement aux autorités marocaines d’accorder un traitement protocolaire à l’ancien président du pays. Dès lors, il est totalement contradictoire que les autorités de Prétoria demandent à ce que Jacob Zuma soit traité en grand dignitaire, pour venir après critiquer que le drapeau soit utilisé dans sa visite.

La sortie peu amène du gouvernement de Cyril Ramaphosa traduit son isolement au sein de la Nation Arc-En-Ciel. Elle laisse apparaître une ligne de fracture dans la diplomatie de Prétoria. Elle met en lumière une vérité dérangeante pour certains cercles dirigeants du pays : la position hostile du gouvernement sud-africain à l’égard du Maroc ne fait plus l’unanimité en Afrique du Sud. N’en déplaise au gouvernement de Prétoria, la voix de Zacob Zuma porte : sa visite à Rabat, et les déclarations fortes qu’il a exprimées en faveur du Maroc ont eu un retentissement mondial que nul ne peut nier.  Elles ont démontré par la même occasion que les forces vives sud-africaines (politiques, intellectuelles et sociales) peuvent, elles aussi, exprimer des positions souveraines, lucides et responsables différentes de ligne officielle actuelle.

Une critique sélective de l’usage du drapeau

« C’est alors faute d’argument sur le fond que le ministère des Affaires étrangères de l’Afrique du Sud crée une polémique sur la forme », rapporte une source diplomatique marocaine. En effet, le drapeau sud-africain lors de la visite de Zuma à Rabat, l’a été à sa demande expresse, comme geste d’honneur et de respect. Inutile alors de rappeler que le drapeau ne fait qu’honorer l’ex-président Zuma : il ne le rétablit pas dans ses fonctions présidentielles. Par ailleurs, il est d’usage universel que les drapeaux soient présents dans des contextes non gouvernementaux : compétitions sportives, évènements sportifs, évènements culturels, forums civils, etc. « Le Maroc a respecté cette pratique avec civilité », insiste-t-on du côté de Rabat.

Du reste, selon le Maroc, les autorités sud-africaines font une critique sélective de l’usage du drapeau. En effet, il est utile de rappeler que les personnalités sud-africaines, y compris dans les enceintes internationales, ont utilisé le drapeau de l’Afrique du Sud dans les initiatives visant directement l’intégrité territoriale du Maroc.  « Ces actions n’ont jamais suscité de réserve interne à Prétoria », déplorent des officiels marocains. Dès lors, soulever aujourd’hui un point de protocole mineur apparait comme une tentative maladroite de détourner l’attention de la substance du débat.

Le Maroc, de son côté, n’a rien à prouver. Le pays agit avec sérénité. Sa position sur la question du Sahara est fondée sur l’histoire, et  droit, et l’adhésion croissante internationale. Plus de 2/3 des pays africains soutiennent la marocanité du Sahara ou adopte une posture constructive à cet égard. « Il est regrettable que l’Afrique du Sud persiste dans sa volonté de rester dans une minorité isolée qui boude le consensus international et la dynamique africaine et internationale autour de la solution d’autonomie proposée par le Maroc, une initiative qualifiée de sérieuse et crédible par les Nations Unies », rapportent des sources au sein de la diplomatie marocaine.

Enfin, insistent les autorités marocaines, le Royaume chérifien tient à rappeler son profond respect pour le peuple sud-africain. « Il a toujours été ouvert à un dialogue sincère avec Prétoria, affranchi des oripeaux idéologiques de la guerre froide » indique la diplomatie marocaine.

Abdrahamane SISSOKO/maliweb.net

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