Quel empire occidental ?

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Certaines personnes observatrices commencent à soupçonner que tout ne va pas parfaitement bien dans le puissant empire occidental dont le siège est à Washington, DC. Certains des plus excitables de ces observateurs sont prompts à affirmer que ce dont ils sont témoins sont les premiers stades de l’effondrement. Mais ces voix sont rares, tandis que les autres observateurs se sentent obligés de suivre cette petite discipline mentale :

1. Le puissant Empire occidental est puissant. Il s’agit d’une tautologie et donc d’une évidence, qui ne souffre d’aucune discussion et ne nécessite aucune preuve supplémentaire.

2. Dominer le monde entier requiert un niveau d’intelligence absolument stupéfiant. C’est parce que le monde est grand et compliqué.

3. Si le puissant empire occidental semble faire quelque chose de stupéfiant, c’est parce que nous sommes nous-mêmes trop stupides pour comprendre la subtilité de son intelligence qui se fait passer pour de la stupidité pure ; voir le point 2 ci-dessus pour comprendre pourquoi.

4. Si le puissant empire occidental semble s’engager dans ce qui semble être une séquence sans fin de mouvements spectaculaires, stupides et autodestructeurs, alors cela se réduit itérativement à une application répétée du point 3 ci-dessus.

Mais il y a aussi le point de vue radical et extrémiste : le puissant empire occidental s’est déjà effondré et continue d’exister par simple inertie physique et mentale, tandis que ses dirigeants essaient de sauver les apparences et de retarder l’inévitable afin de mieux remplir leurs nids individuels. Ces extrémistes à l’esprit conspirationniste ont le culot d’imaginer qu’il n’existe pas de plan directeur stratégique étonnamment brillant et subtil au-delà des efforts individuels des joueurs pour continuer à obtenir tant qu’obtenir est possible – ou quelque chose d’aussi radical et extrémiste dans ce sens.

Qu’est-ce que la Pax Americana, définie en une seule phrase ? La Pax Americana est un régime parasitaire mondialiste qui tente d’extraire les richesses du reste du monde en imposant une oligarchie financière transnationale soutenue par un système de bases militaires de part le monde et un corps expéditionnaire qui impose l’obéissance par l’oppression financière et la violence militaire. Son parasitisme repose sur deux piliers : le monopole de l’impression de la monnaie et la menace toujours présente d’une horrible violence militaire. Le monopole du dollar américain (dont l’euro, en déclin rapide, n’est qu’une concession) était au départ (juste après la Seconde Guerre mondiale) soutenu non seulement par la puissance militaire, mais aussi par une large base industrielle, d’énormes réserves de combustibles fossiles et une quantité d’or plus que suffisante. Au cours des décennies qui ont suivi, la puissance industrielle s’est érodée et il ne reste plus qu’une économie agraire basée sur les matières premières et un secteur des services hypertrophié, le tout fonctionnant à perte et accumulant les dettes à un rythme toujours plus rapide.

La production de pétrole a atteint son apogée vers 1970, une ruée sur le dollar a suivi et sa garantie en or a dû être supprimée à peu près au même moment. Tout ce qui restait était un système bancaire mondial soutenu par la menace d’une violence militaire indescriptible. Cela a assez bien fonctionné : les Washingtoniens trouvaient le moyen de profiter des ressources et de la main-d’œuvre étrangères et faisaient connaître leurs exigences. Si ces demandes n’étaient pas satisfaites, des sanctions économiques et politiques suivaient. Et si les sanctions ne fonctionnaient pas, il était alors temps de procéder à des bombardements et à des génocides. Les victimes civiles, alias les dommages collatéraux, n’étaient même pas comptabilisées. Qu’est-ce qu’un demi-million d’Irakiens par-ci, un demi-million de Libyens par-là, quelques centaines de milliers de Syriens, un nombre inconnu d’Afghans ?… mais tout cela a constitué un acte de génocide épouvantable s’étendant sur plusieurs décennies.

Mais l’époque où les Washingtoniens pouvaient menacer le monde entier pour le contraindre à l’obéissance est révolue. Sa flotte de porte-avions insubmersibles est désormais tout à fait coulable grâce à toute une panoplie d’armements modernes qui peuvent être lancés à une distance de sécurité supérieure à la portée des avions embarqués sur un porte-avions. La flotte de porte-avions américains, qui faisait autrefois la fierté de la marine américaine et qui coûtait plus que le budget de défense de la plupart des pays, est donc presque totalement inutile : elle est toujours utilisée pour afficher des positions politiques et montrer le drapeau, mais elle est obligée de partir en cas de menace d’action militaire à proximité. L’autre fierté et la joie de l’armée américaine – ses systèmes de défense aérienne – ont été rendus inutiles par les missiles hypersoniques plus récents et plus avancés, tandis que les nouveaux systèmes de défense aérienne que la Russie a développés et vendus dans le monde entier peuvent abattre à peu près tout ce que possèdent les États-Unis.

Et puis il y a les héroïques hommes fusées nord-coréens. En septembre 2022, la RPDC s’est déclarée puissance nucléaire. Sa doctrine nucléaire est la suivante : La RPDC utilisera des armes nucléaires en réponse à une attaque nucléaire, à une attaque avec des armes de destruction massive analogues, et également lorsqu’elle sera menacée (!) d’une telle attaque. Les réactions dans le monde entier sont allées de l’étonnement tranquille (une réaction raisonnable) au détournement de la tête en se moquant. Note aux chefs du Pentagone : ne menacez pas la Corée du Nord ou elle bombardera Guam, Kadena (Okinawa) et peut-être même la Californie. Et alors, que feraient-ils ? La réponse surprenante est : pas grand-chose, vraiment !

Les Nord-Coréens pourraient-ils réussir ce coup ? Très probablement, oui. Après avoir annoncé son nouveau statut de puissance nucléaire, la RPDC a procédé à cinq lancements de diverses fusées, dont une fusée balistique qui a survolé le Japon et est retombée quelque part dans le Pacifique. Selon les sources militaires japonaises, qui observaient nerveusement la situation, le missile a parcouru 4500 km avec une altitude maximale de 970 km. La vitesse de rentrée dans l’atmosphère était de… attendez un peu… Mach 17 ! C’est une hyper vitesse, bien trop rapide pour qu’un système de défense aérienne et spatiale puisse l’intercepter. L’altitude est également impressionnante. Les satellites orbitent généralement entre 160 et 2000 km. L’ISS se trouve à 420km. La fusée du camarade Kim Jong-un a touché le ciel à 1000 km. Pas trop minable, hein ? Mais les médias occidentaux préfèrent ne pas discuter de tels détails. Au lieu de cela, ils préfèrent recycler de vieilles fausses informations, comme celle selon laquelle Poutine distribuerait du viagra à ses troupes, pour qu’elles puissent mieux violer les vierges ukrainiennes (Whoa ! D’où cela vient-il ?), infox précédemment utilisées contre Kadhafi en Libye.

Au lieu de prêter attention à de telles inepties, attaquons cette question de front : La RPDC pourrait-elle mener une attaque nucléaire contre les États-Unis et survivre ? En réponse, la plupart des gens se moquent : « Ce serait du suicide ! Les Nord-Coréens ont quelque chose comme une douzaine de bombes nucléaires. Même si leurs fusées fonctionnent comme prévu, les États-Unis, avec leur énorme arsenal nucléaire, les effaceraient de la surface de la terre… » Pas si vite ! Dans le jeu de la géopolitique, la RPDC détient un bel atout : la géographie elle-même. La péninsule coréenne est relativement petite et se trouve juste entre la Chine et la Russie, qui sont deux des plus grandes puissances nucléaires. Si l’on dézoome un peu, la RPDC n’est qu’un marqueur sur la frontière entre la Russie et la Chine. Il est donc très difficile de distinguer une frappe nucléaire sur la Corée du Nord d’une frappe nucléaire sur la Chine et/ou la Russie. Et ce serait, pour le dire de manière très douce, une chose dangereuse à faire pour les Américains.

La Russie et la Chine ont intégré leurs systèmes d’alerte précoce et, pour elles, un lancement américain contre la Corée du Nord ressemblerait beaucoup à un lancement contre le nord de la Chine et/ou l’Extrême-Orient russe. Par mesure de sécurité, la Russie et la Chine répondraient en effectuant une frappe de représailles contre les États-Unis. C’est pourquoi la Corée du Nord peut lancer des fusées qui survolent le Japon et les bases militaires américaines. Les systèmes de défense aérienne sont activés et les sirènes retentissent, mais rien ne se passe, car les États-Unis n’ont rien qui puisse abattre ces fusées. Alors, que se passerait-il si un jour une de ces fusées atterrissait en plein milieu de Guam et faisait exploser une charge nucléaire ?

Elles ne feraient pas grand-chose. En cas d’attaque nucléaire par la Corée du Nord, les Américains devraient, pour utiliser cette délicieuse expression, « avale moi ça ». (Elle décrit ce que doit faire un pilote d’avion de chasse qui vomit dans son masque à oxygène s’il ne veut pas perdre connaissance par manque d’oxygène ou se brûler les poumons en inhalant de l’acide gastrique). Alors que les dirigeants japonais et sud-coréens formeraient une ligne de chœur ordonnée, cherchant une audience avec le grand et victorieux camarade Un, les Nord-Coréens célébreraient une grande victoire stratégique. Poutine les réprimanderait gentiment ; Xi garderait un silence béatifique. Le reste du monde les regarderait, bouche bée, puis se précipiterait pour rejoindre les BRICS, l’OCS ou l’une ou l’autre des nouvelles organisations internationales dont la porte d’entrée porte l’inscription « America, reste dehors ». Oh, attendez, ils le font déjà ! La Corée du Nord n’aura peut-être pas grand-chose à faire non plus ; le monde semble déjà avoir compris le message.

Mais les États-Unis ne se laissent pas faire. En réponse à cette impétueuse provocation nord-coréenne, l’OTAN vient de lancer l’exercice militaire « Steadfast Noon » en Europe du Nord (qui se trouve juste à côté de la Corée du Nord… c’est vrai !). Il impliquera les armées de 14 possessions coloniales américaines et « jusqu’à 60 avions de différents types, y compris des avions de chasse de quatrième et cinquième génération, ainsi que des avions de surveillance et de ravitaillement ». Comme les années précédentes, des bombardiers à long rayon d’action B-52 américains participeront à l’événement ; cette année, ils décolleront de la base aérienne de Minot, dans le Dakota du Nord. Les vols d’entraînement auront lieu au-dessus de la Belgique, qui accueille l’exercice, ainsi que de la mer du Nord et du Royaume-Uni. « Aucune arme réelle n’est utilisée. » (Ceci est tiré du site web nato.int.)

Résumons. En réponse à la Corée du Nord qui s’est déclarée puissance nucléaire et qui a annoncé une doctrine nucléaire de première frappe en réponse à toute provocation sérieuse, les États-Unis vont organiser des exercices au-dessus de la mer du Nord, aussi loin que possible de la Corée du Nord, en utilisant d’anciens avions venant du Dakota du Nord. Le but, je suppose, est de donner aux forces de défense aérospatiale russes quelque chose d’amusant à regarder. Rassurez-vous, ni les anciens avions venant du Dakota du Nord, ni les roquettes qu’ils pourraient tirer à distance de sécurité, n’ont la moindre chance de pénétrer dans l’espace aérien russe. Aucune arme nucléaire réelle ne sera utilisée : « Nous cherchons à créer un environnement de sécurité pour un monde sans armes nucléaires », peut-on lire sur le site web de l’OTAN nato.int. S’entraîner à une première frappe nucléaire sur la Russie sans aucune arme nucléaire pourrait, je suppose, être considéré comme un pas dans cette direction. Le problème est que ce n’est pas le monde réel ; dans le monde réel, il y a environ 12 000 armes nucléaires. La plupart d’entre elles sont américaines ou russes, mais quelques-unes sont nord-coréennes, et elles posent effectivement problème. La réponse américaine à cette situation est une rupture psychotique : « Un monde rempli de bombes « nucléaires » est désagréable ; donnez-nous un monde différent avec des lapins, des chatons et des licornes ou nous allons pleurer ! ».

Si le projet de domination militaire de la planète entière par les États-Unis semble plutôt désespéré, qu’en est-il des diverses guerres par procuration que les États-Unis ont tenté de déclencher ? Les Russes ont contrecarré les efforts des États-Unis pour renverser le gouvernement syrien. Le département d’État américain et le Pentagone ont soutenu de manière concurrentielle différentes factions terroristes ; les Russes les ont simplement toutes tuées, principalement par voie aérienne. L’incitation au conflit séparatiste entre la Chine continentale et Taïwan semble n’avoir abouti à rien malgré les efforts de Nancy Pelosi ; il en va de même pour le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan (Nancy était là aussi). Et puis, il y a l’ancienne Ukraine, qui perd environ 500 soldats par jour, dont une bonne partie sont des mercenaires, alors que les pertes russes sur le champ de bataille sont de 20 par jour au maximum. L’OTAN continue d’accumuler les pertes et la Russie continue de les réduire à néant. Aujourd’hui, la Russie a décidé de passer à un autre mode de fonctionnement en faisant appel à 1% de ses réservistes.

Pendant ce temps, les Ukrainiens ont eu recours au terrorisme pur et simple, en faisant exploser sans effets définitifs, une remorque remplie d’explosifs sur le pont de Kertch, qui relie la Crimée au continent, interrompant le trafic pendant toute une journée. En réponse, la Russie a commencé à utiliser ses roquettes à bon escient et a coupé une grande partie du réseau électrique ukrainien. Comme la plupart des locomotives ukrainiennes sont électriques, cela signifie également qu’il n’y aura pas de transport ferroviaire ni de nouvelles livraisons d’armes, de blindés ou de munitions sur le front. Mais ne vous inquiétez pas ! Ben Hodges, ancien commandant général de l’armée américaine en Europe, prédit que « la Crimée sera libre d’ici l’été ». Des lapins, des chatons et des licornes, je vous dis ! Je prédis que d’ici l’été prochain, il ne restera plus grand-chose de l’Ukraine, et beaucoup moins de l’Europe ou des États-Unis. Un manque évident de puissance militaire, aucun soutien réel à votre monnaie, une économie en déclin à cause de prix de l’énergie très élevés et en hausse, et des niveaux de dette publique et privée incroyablement élevés, tout cela ne peut qu’engendrer des problèmes. Les États-Unis ne sont plus en mesure d’extorquer des richesses au reste du monde, à l’exception des effets temporaires liés à la fuite des capitaux et aux fluctuations monétaires. Leur principale victime est l’Europe, ce qui est curieux car les systèmes financiers américains et européens sont comme des jumeaux ; si l’Europe tombe malade, il est peu probable que les États-Unis restent en bonne santé. Si l’Europe tombe malade, il est peu probable que les États-Unis se portent bien. Ou, si vous préférez une métaphore plus vivante, le super-système financier États-Unis/Union européenne ressemble à un requin éventré, mais toujours aussi vorace, se gavant de ses propres entrailles.

Et pour couronner le tout, les États-Unis, et une grande partie du reste du monde, connaissent désormais une inflation élevée – 10% au niveau mondial et toujours en hausse. L’inflation est structurelle, liée à la baisse de la disponibilité de l’énergie dans le monde et à d’autres formes d’épuisement des ressources, mais personne ne sait comment lutter contre l’inflation structurelle car, à ce stade, toutes les personnes impliquées dans la finance sont des monétaristes avoués et croient Milton Friedman, qui a dit ce qui suit : « L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire ». Par conséquent, lorsqu’il s’agit de lutter contre l’inflation, les méthodes de commandement et de contrôle telles que la planification économique centrale, l’affectation des ressources aux besoins publics, la nationalisation des industries stratégiques, le contrôle des prix et le rationnement sont hors de question et il ne reste que les méthodes monétaires. Pour combattre l’inflation par des méthodes monétaires, il faut augmenter le taux d’intérêt au-dessus du taux d’inflation. Si le taux d’intérêt est inférieur à l’inflation, le taux d’intérêt effectif est négatif et les spéculateurs peuvent gagner de l’argent en l’empruntant, en l’utilisant pour acheter des produits et en les stockant jusqu’à ce que leur prix augmente suffisamment pour réaliser un bénéfice en les vendant. Le fait de retirer des produits du marché fait encore augmenter leur prix, ce qui ajoute de l’huile sur le feu de l’inflation. À un moment donné, l’inflation franchit la limite théorique au-delà de laquelle se trouvent l’hyperinflation, la dévaluation de la monnaie et l’effondrement financier – le contraire de ce qui est prévu. L’effondrement financier est-il aussi « toujours et partout un phénomène monétaire ? » Il est dommage que Milton Friedman ne soit plus disponible pour être consulté.

Mais que se passerait-il si les taux d’intérêt effectifs devenaient positifs plutôt que négatifs ? L’inflation mondiale est actuellement de 10% et ne cesse d’augmenter, alors supposons qu’en temps voulu, un taux plus proche de 20% sera atteint. Il faudra alors un taux d’intérêt de 20% pour l’écraser. Paul Volcker, qui était devenu président de la Fed en août 1979 et avait entrepris d’écraser l’inflation, a porté le taux des fonds fédéraux à 22%. Il a pu le faire à l’époque ; l’actuel président de la Fed pourrait-il le faire maintenant ? Faisons un peu d’arithmétique, voulez-vous ? La dette américaine totale (publique et privée) avoisine maintenant les 100 000 milliards de dollars et ne cesse d’augmenter. Le PIB américain n’est que de 20 000 milliards de dollars et il est en baisse. Si le taux d’inflation est proche de 20%, il faudra un taux d’intérêt d’au moins 20% pour le faire baisser. Mais 20% de 100 000 milliards de dollars représentent 20 000 milliards de dollars et, à ce stade, la totalité du PIB américain est absorbée par le service de la dette – impossible ! Même après avoir éliminé la défense et la sécurité sociale, une bonne partie de ces 20 000 milliards de dollars devrait être simplement imprimée… ce qui augmenterait l’inflation. Échec et mat ! Et donc, au lieu d’un mouvement décisif pour écraser l’inflation, ce à quoi nous devrions raisonnablement nous attendre est un fouillis de folie : hyperinflation, effondrement de la monnaie, dysfonctionnement du marché, rupture de la chaîne d’approvisionnement, dysfonctionnement politique et peut-être une jolie petite guerre civile pour couronner le tout.

Dmitry Orlov

source : Club Orlov

traduction Hervé, relu par Wayan, pour Le Saker Francophone

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3 COMMENTAIRES

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    BONJOUR

    €MPIRE~COLONIAL~OCCID€NTAL…

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