Aimé Zinck, Directeur Général de Fils et Tissus Naturels d'Afrique (FITINA-SA) \"Fitina-Sa est repartie pour de bon et sera en mesure de transformer 3 500 tonnes de coton fibre en 2012\" \"Sans le soutien permanent de Hamed Sow, Fitina-Sa n'aurait pas pu redémarrer \"
Après quatre années d'arrêt, l'entreprise Fils et Tissus Naturels d'Afrique (Fitina-Sa) est désormais partie pour de bon. Dans cet entretien exclusif qu’il nous a accordé, le Directeur général de cette unité de transformation du coton, Aimé Zinck, déclare que les conditions sont, aujourd'hui, réunies à tous les niveaux pour que le plan de relance de l’entreprise soit pérenne. Pour ce faire, Fitina -Sa sera en mesure de transformer 3 500 tonnes de coton fibre à partir de 2012. Le patron de Fitina -Sa a profité de cet entretien pour rendre un vibrant hommage à Hamed Sow, ancien ministre des Mines, de l'Energie et de l'Eau pour son implication personnelle. «Sans son soutien permanent et régulier, Fitina-Sa n'aurait pas pu redémarrer» précisera-t-il.
L'Indépendant : Voudriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Aimé Zinck : Je m'appelle Aimé Zinck. Je suis le Directeur général deFils et Tissus Naturels d'Afrique (FITINA-SA). Je suis là depuis 2006 dans le cadre de la relance des activités de cette entreprise. A l'époque, j'avais une responsabilité de chargé de mission pour auditer les procédures et la relance de FITINA-SA. Très vite, cette mission d'auditeur a glissé vers celle de gestionnaire de crise puisque, dès octobre 2006, FITINA- Sa était de nouveau menacée par l'arrêt. Depuis cette époque, je m'efforce de remettre notre unité industrielle sis à Banancoro sur les rails. Je n'étais pas sûr en 2006 de pouvoir relever le défi. En dehors de la symbolique de ce projet FITINA-Sa, je me suis très vite senti concerné par des acteurs locaux, notamment les ouvriers puisqu'à la fermeture en 2006 et 2007, nous avons procédé à plus de 200 licenciements. A l'époque, je m'étais engagé au niveau du représentant du personnel de faire tout ce qui était dans mes possibilités pour faire redémarrer la production. Je pense qu'aujourd'hui avec le recul, les conditions sont devenues optimales. Je n'éprouve donc pas de regret. Il n'y a pas que de bons souvenirs parce qu'il y a eu beaucoup de déceptions. Par exemple, la procédure judiciaire nous a pris beaucoup de temps, d'énergie et d'argent. A plusieurs reprises, nous étions réellement menacés d'expropriation, de vente forcée. Le travail accompli avec l'aide du gouvernement malien et la prise de conscience des pouvoirs publics ont permis d'avancer.
Il nous revient que Fitina-Sa est sur le point d'être relancée. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Cette relance a été possible grâce à plusieurs actions conjuguées à commencer la forte volonté politique. Sans cela, tous les autres aspects n'avaient aucun sens. Donc, une forte volonté politique du gouvernement malien de relancer l'industrie, en particulier l'industrie de transformation du coton. Le contrat de performance a été signé avec le gouvernement. Celui-ci engage les deux parties d’une part sur une aide sur l’achat de matière première, d’autre part sur un droit de regard en matière de gestion. S'y ajoute l'évolution du cours du coton sur le marché international. Aujourd'hui, le marché est fortement demandeur, c'est-à-dire, que même si demain FITINA-Sa doublait ses capacités, elle pourrait vendre tout ce qu'elle peut produire. Les principaux clients Maroc et en Tunisie s'approvisionnent en Chine et en Asie. Ils cherchent des partenaires et de fournisseurs de proximité.
Où en est votre contentieux avec la Banque Européenne d'Investissement (BEI) ?
Le contentieux n'est pas tout à fait vidé. Mais, nous avons pris des précautions de sauvegarde. En effet, la Banque Européenne d'Investissement a engagé deux procédures séparées, une en France qui concernait les administrateurs de FiTINA Sa et une au Mali qui concernait l'usine elle-même. C'est en 2008 que les hostilités ont commencé, après un an d'inactivité. Nous avons eu une procédure de saisie des équipements, du bâtiment et du terrain de la part de la BEI. Il s'agissait d’une vente forcée. En d’autres termes, liquider purement et simplement la totalité des actifs de FITINA-Sa. Entre le moment où nous avons été assignés et la vente, il n'y avait que 30 jours. C'était un plan de bataille qui devait aller vite avec des conséquences dramatiques. Nous avons déposé une requête à fin de règlement préventif au Tribunal du Commerce de Bamako, qui a été suivie d'une ordonnance de suspension de poursuites en mai 2008. Ce qui a bloqué les procédures engagées par la BEI. Malgré cette suspension de poursuites, la BEI a décidé de poursuivre en première instance au Tribunal de Kati, toujours avec l'objectif de faire une vente forcée. Le Tribunal a débouté la BEI dans cette démarche le 25 août 2008. La BEI a évidemment interjeté appel de cette décision du tribunal. La Cour d'Appel de Bamako a déclaré cet appel irrecevable le 26 septembre 2008. Toujours à Bamako, la BEI a engagé une deuxième procédure, qui était une assignation en liquidation judiciaire et ce, malgré la mise en place de la suspension de poursuites. La BEI de même a été déboutée par le Tribunal de Commerce, le 12 janvier 2011 qui a déclaré la requête mal fondée puisque nous sommes en suspension de poursuite. La BEI insiste et interjette appel de cette décision de la Cour d'Appel de Bamako dans le cadre de la liquidation judiciaire. La Cour d'Appel rejette cet appel par l'arrêt N°31 du 26 juin 2011. Donc, le dossier est clos au Mali. L’homologation le 24 juin 2011 de notre réglement préventif a traité l’ensemble des créances avec à la clé notre plan de relance.
En France, la BEI a déposé une plainte contre X, à l'encontre des actionnaires et des administrateurs de FITINA-Sa. Cette plainte fait actuellement l'objet d'une requête de classement en nullité de la part du président de la Chambre d'Instruction auprès du Procureur général de la Cour d'Appel de Colmar, en France. Le président de la Chambre d'Instruction estime qu'il n'y a rien dans le dossier autorisant des poursuites à l'encontre des administrateurs de FITINA-Sa par rapport à la plainte qui avait été déposée initialement par la BEI. Nous attendons depuis six mois ce classement d'unité pour estimer que cette affaire soit totalement close.
Ce qu'il faut savoir c'est que FITINA-Sa n'a jamais réussi à digérer les handicaps accumulés. La crise ivoirienne nous a bloqués pendant 14 mois. Nos fonds de roulement étaient consommés, en même temps le marché ivoirien devrait éponger 40% de notre production. Il fallait complément reprendre le tout. Dans ces conditions, le projet n'était plus viable. Les enjeux étant là et les prêts étant à rembourser FITINA Sa ne pouvait faire face à aucune des échéances.
Comment se présente l'actionnariat de la nouvelle Fitina-Sa ?
L'actionnariat de FITINA-Sa était restructurée mais sur la base des mêmes actionnaires. Il y a eu un recentrage entre les Français puis un transfert d’une partie de l'actionnariat mauricien vers la France. Finalement, nous avons aujourd'hui 72,5 % de capitaux français, 17,5 % de capitaux maliens et 10% de capitaux mauriciens.
A son lancement en 2001, FITINA -Sa se voulait un fleuron de l'industrie textile du Mali avec une capacité de 5 000 tonnes de coton fibre par an devant être portée à 15 000 tonnes cinq ans après et 150 emplois à la clé. Qu'en est-il des ambitions de la nouvelle FITINA SA ?
La première ambition est de relancer la production de manière pérenne. Depuis quatre ans, des opportunités de relance se sont présentées et j'aurais pu relancer sur une durée de 6 à 8 mois sans perspective à long terme. Je l'ai toujours refusé parce que j'estimais que FITINA-Sa n'avait pas droit à une troisième erreur. Je crois pouvoir dire que toutes les conditions sont réunies. Pour ce qui est des capacités de production, ce plan nous a également permis de remettre à plat un certain nombre d'ambitions qui, à mon avis, étaient surévaluées. Aujourd'hui, dans cette phase de redémarrage et, dès 2012, FITINA -Sa sera en mesure de transformer 3 500 tonnes de fibre coton. Quand on parlait de 15 000 tonnes, je pense que cela est dû au fait qu'à l'origine FITINA SA avait comporté une deuxième tranche qui allait jusqu'au tissage avec la construction d'un deuxième bâtiment.
Les investissements que les actionnaires de FITINA SA comptent réaliser, dès cette année et sur 2012, doivent nous permettre d'augmenter, à fin 2012 et début 2013, de 25% les capacités de production. C'est vous dire que nous allons dépasser les 4 000 tonnes de matière première. Voilà ce que nous prévoyons de faire dans les trois années à venir. Nous restons vigilants pour ne pas précipiter cette phase de redémarrage. Les prévisions sont relativement modestes. Nous avons des partenaires financiers avec qui nous communiquons en toute transparence. Voici : 3 500 tonnes en 2012, 4 300 tonnes en 2013, c'est le taux de transformation que nous souhaitons obtenir.
Dans le cadre de cette reprise, aujourd'hui et les deux prochains années, nous allons passer à 174 personnes en production et entre 10 à 13 personnes en administratif. C'est légèrement moins ce que FITINA SA avait prévu lors du lancement du projet. Là aussi, il faut dire qu'il y a l'optimisation des ressources.
Est- ce à dire que vous avez révisé un peu à la baisse les ambitions de FITINA SA originelle en abandonnant le tissage ?
Pour l'instant, le tissage ne fait pas partie de nos ambitions parce qu'il faut que FITINA-Sa se remette, d'abord, en route. Que FITINA-Sa arrive à faire face à ses engagements parce que nous avons des engagements à respecter. Malgré les efforts consentis par, pratiquement, la totalité de nos créanciers et de nos partenaires, il reste un passif de 6, 1 milliards de FCFA. Donc, avant de penser aux investissements plus lourds, nous pensons simplement à la consolidation des acquis technologiques, à l'amélioration des capacités des équipements existants.
Après des années de galère et une longue traversée de désert, voici donc FITINA SA renaître de ses cendres. L'ancien ministre des Mines, de l'Energie et de l'Eau, Hamed Sow y serait pour beaucoup dans cette renaissance. Pouvez-vous nous le confirmer ?
Hamed Sow est non seulement dans la renaissance mais il est même dans la genèse de la création de cette usine. Sans le soutien de Hamed Sow, permanent et régulier au niveau des instances gouvernementales, FITINA-Sa n'aurait pas pu redémarrer. C'est très clair. Quand je parlais de volonté politique, il faut dire que l'animateur principal était Hamed Sow. Il était un défenseur de notre affaire. Il était très impliqué malgré tout ce qu'on a pu dire sur lui. Son action a été décisive. En tout moment, je peux solliciter son soutien. A vrai dire, FITINA SA lui doit beaucoup. Les administrateurs le savent.
Selon vous, quelle est la motivation de l'attachement à cette unité textile de Hamed Sow dont on dit qu'il est l'un des principaux initiateurs du PDES, programme sur lequel ATT a battu la campagne pour son second mandat ?
L'implication de Hamed Sow dans la création de cette unité de transformation date du stade du projet. L'intérêt qu'il porte à FITINA SA fait partie de sa vision politique. Depuis ces quatre années d'arrêt, FITINA SA a été visitée, au moins par une trentaine de groupes étrangers, pas pour l'intérêt pour cette usine, mais pour chercher à comprendre pourquoi cet arrêt ? Pourquoi une unité comme celle-ci avec des équipements aussi performants ne tourne-t-elle pas ?
Je peux imaginer que des ambitions d'investisseurs ont, peut-être, été freinées à travers ce constat. En plus, il n'y avait pas d'explication plausible. Je qualifie tout simplement l'implication de Hamed Sow de patriotique.
Quel peut être, selon vous, l'impact d'une unité comme Fitina Sa sur le développement socio-économique du Mali ?
Il y a déjà la création d'emplois à la clé. Ensuite 80% de notre production sont destinés à l'export. Globalement, nous apportons notre petite contribution à la lutte contre la pauvreté. L'ensemble de nos travailleurs vient de Banancoro et environnants. Je pense aussi qu'il faut que le pays regagne de la crédibilité dans le domaine de la transformation du coton.
Pouvez-vous nous donner une idée du plan de développement stratégique de la nouvelle FITINA SA ?
Lors de la visite de l'usine, vous avez, certainement, constaté que nous sommes en train de monter en puissance au niveau des capacités. Nous avons aujourd'hui l'énergie grâce à EDM-Sa, nous avons la matière première, le coton grâce à la CMDT. Nous disposons du fonds de roulement grâce aux actionnaires et un partenaire historique, la BNDA. Je dirais que les indicateurs sont au vert pour que cette unité soit relancée de manière pérenne.
Aujourd'hui, je n'ai plus droit à l'erreur en matière qualitative. Nous ciblons stratégiquement les marchés à l'exportation en fin d'année ou début 2012. Nous avons démarré, aujourd'hui, la production de fil pour le marché de la sous-région qui a d'autres standards qualitatifs auxquels nous pouvons répondre immédiatement, ce qui va générer la recette. Il s'agit de la Côte d'Ivoire et la Guinée Conakry. Il y aura également des ventes locales, mais très peu. Nous avons aussi une convention commerciale avec trois groupes marocains. Un seul de ces trois groupes peut acheter tout ce que FITINA SA peut produire. Ils s'engagent à acheter tous ce que l'usine va produire. Nous avons prévu 20% de la production pour le marché sous-régional et 80% pour l'export. Il faut reconnaitre que l'export est plus exigeant au niveau de la qualité. Il faut réellement, dès la première livraison, que notre contrat commercial soit validé et pérennisé. Il faut noter également que le coût de transport est aussi supérieur sur l'export que sur le marché de la sous-région. En tout cas, les actionnaires ont pris la décision d'apporter les moyens, y compris en ressources humaines. Nous avons cinq ingénieurs expatriés qui nous assistent au moins jusqu'à fin de l'année. Nous avons prévu d'investir, cette année, 110 millions de FCFA sur la remise en état des équipements et 320 millions de FCFA sont prévus pour 2012. Nous devrons être à 90% des capacités de production, dès le premier semestre de 2012, avec l'ensemble des effectifs recrutés sur place. Si cela se réalise comme prévu, les investissements se feront pour monter les capacités dès fin 2012. Nos priorités restent la pérennisation de cette relance et le payement de nos arriérés notamment ceux de nos créanciers et les salaires. Je crois que les conditions sont réunies à tous les niveaux pour ce plan de relance soit durable.
En matière d'arriérés de salaires, il est vrai qu'au moment des licenciements prononcés en 2007, on n'avait pas les moyens pour faire face à la totalité des indemnités de licenciement. Nous avons, à l'époque, payé l'ensemble des périodes travaillées, les congés mais il y avait des arriérés de salaires qui étaient imputables aux deux premières périodes d'arrêt. Cela a été, de tout temps, une priorité pour moi de rassurer les travailleurs. Nous avons régulièrement discuté avec les représentants du personnel. Il est vrai que quatre ans c'est long pour des gens qui sont dans le besoin mais, de tout temps, je me suis engagé à les payer dès la reprise. Nous avons pris l'engagement de payer tous ce que FITINA SA doit aux salariés avant le 31 août prochain. Cet engagement sera respecté. Parallèlement, nous avons créé un peu plus de 40 postes, en priorisant les anciens travailleurs de FITINA SA. Il y a le paiement des salariés, mais il y a aussi la reprise des activités professionnelles avec le salaire à la clé chaque mois.
Le Mali est l’un des plus gros producteurs de coton en Afrique. Malheureusement, moins de 2% de cette production sont transformés sur place. Pour donner plus de valeur ajoutée au coton malien, ne faut-il pas créer plusieurs Fitina Sa ?
Pour ceux qui ont ces ambitions, si j'étais à leur place, je m'intéresserais, d'abord, à ce qui existe. Je pense que l'inactivité de FITINA SA pendant la période d'arrêt, à mon avis, a fait que le Mali est passé à côté de beaucoup d'opportunités d'investissement. Nous avons rencontré des Espagnols, des Sud-africains, des Tunisiens, des Marocains … A chaque fois, ce sont les mêmes questions : pourquoi cet arrêt ?
Quelles sont vos principales préoccupations et comment comptez-vous les surmonter les éventuelles difficultés ?
Mes principales préoccupations restent l'approvisionnement en matière première de cette unité. Il s'agit d'avoir la matière aux conditions requises. Si l'unité de transformation achète sa matière première au même titre que le client en Inde ou en Chine, je ne vois pas l'intérêt d'installer une usine au Mali. Je pense que nous sommes sur la bonne voie avec la volonté politique affichée. Il faut que la dynamique s'inscrive dans la durée.
Avez-vous un appel à lancer aux pouvoirs publics, aux Maliens d'une manière générale ?
J'aimerais que les Maliens oublient tout ce qui a pu être dit sur de négatif sur FITINA SA. Je veux qu'on nous laisse travailler et démontrer de quoi FITINA SA est capable. Il nous faut du temps. Nous avons un passif très lourd. Mais, nous sommes très engagés.
Quant aux pouvoirs publics, je remercie tous les efforts qui ont été réalisés. Sans cela, on n'en serait pas en phase de redémarrage aujourd'hui. Nous sommes prêts à jouer toute la transparence sur la gestion d'entreprise. Je souhaite que ces efforts consentis aujourd'hui s'inscrivent dans la durée. Nous avons besoin de trois à quatre ans pour redresser cette entreprise. Si tous les efforts réalisés ne sont pas suivis dans la durée, FITINA sera de nouveau se en difficulté. Il faut nous laisser le temps de faire notre preuve.
Alou B HAIDARA, Yaya SIDIBE
"Fitina-SA" doit beaucoup à Hamed Sow
S'il y a quelqu'un qui doit beaucoup se réjouir de la relance de Fitina Sa, c'est bien l'ancien ministre des Mines, de l'Energie et de l'Eau et non moins ex-Directeur du CDE (Centre pour le Développement de l'Entreprise) Hamed Sow. D'abord parce qu'il joua un rôle déterminant dans la création de cette unité en laquelle il voyait un fleuron de l'industrie textile au Mali.
Le Mali est un grand producteur de coton (il sera même en 1996 le premier producteur d'or blanc en Afrique avec plus de 610 000 tonnes de coton fibre) mais qui transforme sur place à peine…2% de la production nationale. Conscient de ces énormes potentialités et de tout ce qu'elles peuvent apporter à notre pays en termes de création de richesses et d'emplois, donc de réduction de la pauvreté, et conscient du fait que l'avenir de la filière cotonnière au Mali passe par la transformation, Hamed Sow, alors patron du CDE, dans un louable réflexe patriotique, s'est employé à faire profiter notre pays de cette opportunité. Un geste d'autant plus normal que l'organisme qui l'employait, une institution conjointe du Groupe des Etats ACP et de l'Union Européenne, dans le cadre de l'Accord de partenariat de Cotonou, est dédié au développement des entreprises du secteur privé ACP. Mais que n'a t-on pas entendu sur cette assistance du CDE en faveur de Fitina faite dans la stricte légalité et en toute transparence ? D'abord, Hamed Sow fera l'objet d'accusations de malversation dans la gestion du CDE. Pour ne pas compromettre les intérêts du Mali et gêner le Président de la République, il démissionnera du Gouvernement pour aller se défendre.
L'enquête administrative le concernant sera classée sans suite en décembre 2009. Dès lors qu'il fut blanchi de sa gestion du CDE, commencera une amalgame savamment orchestrée concernant les actions judiciaires entamées contre Fitina et le nom de Hamed Sow. En effet, certains essayeront d'exploiter la plainte contre X déposée par la BEI et la Commission européenne visant les deux administrateurs de Fitina, basés à Mulhouse. Comme le dit le Directeur général de Fitina, M. Aimé Zinck, cette plainte contre X n'a jamais concerné notre compatriote Hamed Sow. Il n'a même jamais été cité comme simple témoin. Du reste, cette procédure tirera à sa fin dans les toutes prochaines semaines, au bénéfice des administrateurs de Fitina. Tout comme la plainte déposée au Mali contre Fitina par la BEI, qui s'est vue définitivement déboutée en juin dernier. Tout est bien qui finit bien sur le plan judiciaire et pour Fitina et pour la réputation de Hamed Sow. Dans cette affaire, on ne peut pas exclure la dimension de politique interne. Beaucoup craignent Hamed Sow à cause de sa forte personnalité et de son bagage impressionnant : il est docteur en Economie de la production de la fameuse Université parisienne de Dauphine, diplômé de l'Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires de Saclay en France, et surtout le principal concepteur du PDES, programme sur lequel ATT s'est fait réélire en 2007. A travers AMIC-Invest, sa structure financière, basée au Mali avec des antennes à Dubaï, Hong Kong, Beijing, il a montré toute sa maîtrise de la finance internationale, fort nécessaire pour un pays comme le Mali dans une économie mondiale globalisée. Il fera bénéficier largement ses entrées à Fitina. Le Directeur Général de Fitina dira : " Notre entreprise doit énormément à Hamed Sow. Sans son action, jamais nous ne pourrions démarrer de nouveau ". Et pour tout couronner, comme pour le réhabiliter à jamais, ATT, qui n'oublie jamais un ami, vient de le nommer Conseiller Spécial auprès de lui.
Quel extraordinaire destin. Cet homme n'a pas fini de nous étonner.
Yaya Sidibé et A.B. Haïdara
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