La rébellion au Mali n’a rien de la révolution promise. C’est juste un constat d’échec… général

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Ceux qui veulent nous faire croire que la « crise malo-malienne » résulte de « l’occupation » du Nord du Mali par des groupes terroristes et des organisations mafieuses nous trompent et se trompent. Dans la perspective d’une intervention militaire « internationale » dont nul ne dit en quoi elle peut consister ; et, surtout, contre qui elle doit être dirigée.

Qu’il y ait des groupes terroristes et des organisations mafieuses qui surfent sur cette crise, rien de plus normal : ils étaient là bien avant que Bamako n’implose ; et en « terrorisant » la population locale, ils renforcent leur ancrage sur un vaste territoire qui, plus encore que par le passé, devient une zone grise d’où l’Etat malien et ses démembrements ont totalement disparu au profit d’une nébuleuse islamique qui pense trouver dans la charia une réponse aux problèmes d’organisation d’une société humaine musulmane, certes, mais foncièrement laïque.

La « crise malo-malienne » résulte de la décomposition, engagée depuis plusieurs années déjà, de la République, de l’Etat, de l’armée, de l’administration, de la société civile, etc. sous la férule d’une classe politique qui n’a ambitionné que de s’adonner aux « affaires » dans une contexte de laxisme et de corruption favorisé, justement, par la présence dans le Nord du pays, de groupes terroristes et d’organisations mafieuses. C’est pourquoi il ne sert à rien d’affirmer, jour après jour, que « la seule façon de régler le problème est militaire ».

C’est pourquoi aussi la démarche engagée, dès le départ, par ceux qui prônent une médiation, a visé à changer la donne à Bamako tout en maintenant le contact avec les groupuscules qui « occupaient » le Nord dans la perspective d’instaurer un dialogue. Il fallait faire avec ce que l’on avait sous la main : des Maliens pas très malins, des mafieux méfiants et des terroristes qui restaient terrés. Un président de la République et un premier ministre intérimaire, quelles que soient leurs limites, cela valait mieux que l’équipe de bras cassés qui a envoyé, quasiment sans coup férir, Amadou Toumani Touré, sa famille et ses proches « se dorer la pilule » sur les plages sénégalaises. Pas de quoi susciter l’enthousiasme ; mais c’était quand même moins pire qu’avant… !

C’était surtout s’efforcer de démontrer que la « crise malo-malienne » était politique et que sa solution était, du même coup, politique. Mais ceux qui veulent la guerre veulent surtout le chaos dans la région, des rives de la Méditerranée aux rives de l’Atlantique et jusqu’au lac Tchad. Et ainsi n’avoir pas à apporter de solution pérenne au problème politique qui se pose à Bamako. La situation actuelle ne résulte pas d’une soudaine montée en puissance des groupes terroristes et des organisations mafieuses dans le Nord du Mali mais du sentiment d’injustice qui animait les Touareg et les autre ethniques « sahélo-sahariens ». Un sentiment qui n’est pas né d’aujourd’hui, ni d’hier.

Certes, la médiatisation que les « islamistes radicaux » ont mise en place a, depuis, occulté la revendication des Touareg ; mais elle n’est qu’occultée et rien de pérenne ne pourra être entrepris sans les peuples du Nord qui n’ont aucun intérêt, à terme, à laisser les « islamistes radicaux » phagocyter une revendication territoriale qui est d’abord l’expression d’une volonté de reconnaissance culturelle. D’autant moins intérêt que ces « islamistes radicaux » sont perçus, au Nord, comme des étrangers et n’y ont aucun ancrage politique et social ; hormis exercer une « terreur » stérile, quel peut-être leur programme ?

Les « islamistes radicaux » ont pris le pouvoir dans le Nord sans avoir à faire la guerre à qui que ce soit ; de la même façon « l’armée » malienne a délogé du pouvoir, à Bamako, un général très particulier. C’est dire la déliquescence dans laquelle était la République du Mali. Et ce n’est pas avec quelques coups de pinceaux (Traoré et Diarra) qu’on va pouvoir repeindre démocratiquement sa façade. L’Afrique des présidents, certes, sait faire illusion quand il le faut : une conférence internationale, et hop, on goudronne un bout d’avenue, on lave quelques drapeaux, on dégage au bulldozer les gourbis près de l’aéroport et on choisi les plus jolies hôtesses pour les mettre au premier rang. Ni vu ni connu. Si c’est tout bon pour demain, cela laisse du temps pour voir ce qu’on fera après-demain.

A Bamako, les hôtesses ce sont Traoré et Diarra. Un président de l’Assemblée nationale et un « honnête homme ». Chez moi, on appelle cela un « cache-misère ». Une solution qui ne satisfait pas Washington. Hillary Clinton, lors de la conférence sur le Sahel, le 27 septembre 2012, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, a considéré que seul « un gouvernement démocratiquement élu aurait la légitimité de négocier un accord politique au Nord du Mali, de mettre fin à la rébellion et de restaurer l’Etat de droit » (cf. LDD Mali 049/Mercredi 3 octobre 2012). C’est une position radicale amusante de la part d’un pays qui a « produit » le plus grand nombre de gouvernements « fantoches » dans le monde en Asie, en Afrique, en Amérique latine, au Proche et au Moyen-Orient et même en Europe. Hillary, par ailleurs, ne dit pas comment on peut organiser une élection démocratique dans un pays coupé en deux et dont une partie est occupée par des groupes armés.

Cette radicalisation de Washington, très diplomatique, est simplement l’expression que le volontarisme des « va-t-en guerre » se heurte aux réalités du terrain malien et… à la géopolitique africaine. C’est à Alger – la capitale la plus opposée à toute idée d’intervention militaire – que le général Carter F. Ham, commandant en chef de l’Africom, vient de rappeler la position US sur ce dossier : pas de présence militaire américaine au Mali ; priorité à une solution politique et diplomatique ; rétablissement d’un gouvernement légitime à Bamako ; recherche d’une solution par le Mali lui-même et les acteurs régionaux ; dialogue avec les groupes et les éléments au Nord du Mali excepté les groupes terroristes. Ham a insisté sur la nécessité qu’il y avait à « faire la distinction entre les groupes armés dans cette région et définir ceux qui sont terroristes et les groupes qui ne le sont pas ». Ce qui conduit à remettre sur le devant de la scène le Mujao, Ansar Dine, le MNLA… Mais, dans le même temps, Ham ne dit pas comment on distingue un groupe terroriste d’un groupe armé.

C’est dire qu’il n’y a pas de solution globale à cette crise : pas plus dans le camp des « va-t-en guerre » que dans celui des médiateurs tous azimuts. Normal d’ailleurs : cette situation chaotique (pour ne pas dire « merdique ») résulte d’une « guerre » déclenchée par le MNLA mais doublement perdue (face à Bamako ; face aux « islamistes radicaux ») par ce même MNLA sans jamais avoir été réellement menée, d’un coup d’Etat militaire foireux qui n’a même pas eu à renverser le régime en place (ATT s’est tiré comme un lapin, s’est caché puis a pris la fuite sans résister mais il est vrai qu’il n’en avait ni l’ambition ni les moyens), d’une conquête du territoire qui s’est arrêtée d’elle-même du côté du 15ème parallèle sans que l’on sache qui sont vraiment les « conquérants » ni pourquoi ils n’ont pas entrepris de pousser plus loin leur avantage, sans que l’on sache, non plus, ce qu’ils veulent faire de leur « pouvoir » au Nord du 15ème parallèle. Qui menacent-ils, d’ailleurs, ces « conquérants » ? Leurs exactions vis-à-vis des populations locales sont-elles plus dramatiques que ce que subissent les Congolais (et les Congolaises) au Kivu, que ce qu’a connu le Darfour voici quelques années ou la Côte d’Ivoire lors de la guerre civile de 2010-2011… ?

Les pays frontaliers (Mauritanie, Algérie, Niger, Burkina Faso) sont-ils directement menacés par les « conquérants » du Nord ? L’armée malienne et la population civile sont-elles confrontées à des bombardements meurtriers, avec des moyens militaires disproportionnés ? Où se trouve la ligne de front ? Qui sont les « bons » et qui sont les « méchants » ? (ainsi, selon le ministère malien de la défense, l’armée aurait enregistré plus d’un millier de déserteurs qui auraient rejoint la rébellion ou, simplement, quitté le pays).

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique

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11 COMMENTAIRES

  1. Bejot, je ne sais d’ou est ce tu viens, mais ici il s’agit de notre Mali et nous allons le reconquerir entierement au prix du sang de notre corps comme nos ancestres les soninkes du Ouagadou, les malinkes, bamanan et autres l’ont fait dans le manding, segou, ouassoulou, kaarta et le Kabou, j’en passe ou les sonrhai dans le songhoi. dis moi quel empire touareg avait vu le jour en afrique. il n’y en a pas eu. il ya eu les almoravides et les almohades marocains qui sont venu d’abord a Ouagadou et ensuite a Gao (avec les almohades avec le Pacha Juder, le petit captf chretien d’espagne devenu general d’armee au maroc) a la bataille de Tondibi. les sonrhai ont ete vaincu seulement a cause des canons britaniques dont disposait le maroc, autrement dit le result serait autre chose tant les sonrhai etaient plus forts. Mais rapelles moi un seul instant ou ces imbeciles de touaregs ont domine un seul peuple. ces faineants n’ont vecu que de razia depuis le tenebre des temps. Nous les decimerons par la grace de dieu tous ces mecreants. 🙄

  2. Des bons points de Bejot, une realite. Par contre personne ni aucun ethnie n’est et jamais ete marginalise au Mali.
    Et merci au frere sofakoun, l’espoir et l’obtimisme sont maliens. Le changement va arriver et l’example sera encore donne aux autres de notre.

  3. La crise Malienne sera résolue non seulement par la conquête des territoires occupés, par l’instauration de l’ordre constitutionnel, mais aussi par le bon fonctionnement des Institutions démocratiques et non par une démocratie de façade.

  4. Les Causes de l’occupation des 2/3 du territoire Malien

    Je m’étonne que l’on permette à des journalistes étrangers d’être impertinents sur le Mali Web a l’égard du Gouvernement et de la classe politique du pays. Certes, la corruption existe ; elle a détruit les institutions de l’Etat et paralyse leur fonctionnement. Ce problème est une question intérieure à laquelle un Etat de droit et les citoyens de bonne volonté doivent s’atteler et résoudre. Pour nous, le problème est clair: La révolte des Touarègues a été tramée à Paris sous l’initiative du Gouvernement français précédent avec la complicité de certains présidents africains. Le but est de s’accaparer des ressources naturelles du Nord du pays presque gratuitement, comme de par le passe. Et pour cela, le MNLA devient un peuple ; on lui attribue les 2/3 du territoire du pays ; on en fait des interlocuteurs valables et on somme le Gouvernement Malien d’ouvrir des négociations avec cette bande d’égorgeurs et d’éventreurs. Il est certain que certains ennemis du Mali souhaiteraient que le chaos s’établisse dans toute la zone pétrolifère pour en tirer profit et que certains essayent de donner des instructions contraires aux objectifs unanimement arrêtés par toutes les parties a savoir la CEDEAO, l’UA, le Conseil de Sécurité : le rétablissement de l’intégrité de la République du Mali, une et indivisible, démocratique et laïc. Ceux qui s’opposent ouvertement à ces objectifs sont en premier lieu le MNLA, responsable de cette crise et des Organisations d’extrémisme islamique. Le MNLA que certaines puissances occidentales s’efforcent de présenter comme ayant des raisons légitimes n’est qu’une bande de fourbes, de menteurs, de manipulateurs et de traites a leur solde. Les Maliens sont unanimes à les poursuivre et à les éliminer une bonne fois. Quant aux problèmes intérieurs maliens, les occidentaux se taisent aussi longtemps que leurs intérêts mêmes illégitimes sont préservés. Le bonheur des peuples africains est leur dernier souci. Un gouvernement démocratique au Mali doit poursuivre ceux qui ont détourné les fonds publics et reprendre tout l’argent vole ou injustement acquis et empêcher ces goujats de faire la politique. Une procédure judiciaire rapide devrait être instituée pour juger les députés et les membres du Gouvernement accusés par les Contrôleurs d’Etat ou par une commission judiciaire établie par la Cour Suprême à la demande de la Société Civile. Nous devons éviter que la politique serve d’aubaine, de planche de salut pour s’enrichir injustement. Quand l’intérêt General est terni par la corruption, quand les responsables militaires, de l’Education, de la sante, des projets de développement sont prêts a empocher les fonds au lieu de les affecter a leurs destinations, il est évident que tout le pays doit être alarmé. La corruption fait de la démocratie une pure façade, un masque à tromper le peuple. Le peuple Malien a le droit de demander pourquoi les institutions de l’Etat n’ont pas fonctionne, pourquoi le pays a été tant humilie, a qui incombe ces graves responsabilités. La Société Civile doit pouvoir s’opposer aux tentatives de brader les ressources naturelles du pays alors que les infrastructures manquent cruellement, que les malades meurent pour un rien et que le niveau d’éducation se détériore. Si les Touarègues ont eu à souffrir des maux de la corruption, ils n’étaient pas les seuls. D’ailleurs ils n’étaient pas la ; ils s’étaient expatries en Libye. La crise Malienne sera r

    • IL N’EST PAS ETRANGER, C’EST UN IMBECILE DE TOUAREG DEGUISE QUI VEUT FAIRE PASSER SON FAUX MESSAGE. mAIS IL EST BIEN CONNU, NOUS L’AURONS PAR TOUS LES MOYENS. NE VOUS INQUIETEZ PAS SURTOUT. LA GUERRE EST ENGAGEE, NOUS LA MENERONS JUSQU’A CE QU’ILS DISPARAISSENT TOUS DU MALI. CE SERAIT UNE GUERRE ETERNELE DE GENERATION EN GENERATION. CETTE MENTALITE EST DEJA CREE AUPRES DES MALIENS. NON A L’ESPRIT DE NEGOCIATION. AUX USA ILS NE NEGOCIENT PAS POUR DES TRUCS DE CE GENRE, POURQUOI NOUS NOUS DEVONS NEGOCIER. LA NEGOCIATION EST TOUJOURS POUR LES FAIBLES ET LES GUERRE EST TOUJOURS POUR LES GENS FORTS. LES MANDINGA FAISAIENT CA TOUT LE TEMPS, ILS DONNAIENT MEME A L’ENNEMI D’ECHAPPER PARCE QU’ILS SAVAIENT QUE SI IL REVENAIT ENCORE, ILS LE VAINCRONT SANS PEINE. NOUS DEVONS FAIRE LA MEME CHOSE. EN PLUS DE CELA NOUS DEVONS ADOPTER LA TECHNIQUE DE GUERRE DE SAMORY TOURE QUI AVAIT TENU A SON TEMPS LES FRANCAIS PENDANT 18 ANS PENDANT LEURS EFFORTS DE CONQUETE COLONIALE AFRICAINE.

  5. blanche neige est un den kulé vieux toubab tout ridée, dont il ne reste que quelques jours à vivre et ki a décidé de le vivre dans la haine… un moche français…qui n’a pas de famille, pas d’amis, pas de voisins, mais passe tout son temps dans son 2 pièces devant son écran d’ordinateur sur maliweb…
    un jour il a dit k’il konaissait l’afrique parce qu’il avait été au clud merdeux au maroc et en tunisie… mais kel con!!!!!!!!
    blanche neige, le travestie toutab aussi moche k’un kul de babouin: ——————-> 😳

  6. Franchement bravo article très réaliste, la situation du pays est tel qu’il l’a expliqué en grande partie et je me demande comment les maliens restent toujours à côté de la plaque… 🙁
    REVEILLEZ VOUS !!!…

  7. C’est un article qui résulte de la haine que ce BEJOT nourrit contre les africains, simplement les noirs! Tout est mauvais pour lui!!!
    Un article qui ne mérite même pas d’être écrit car ne suggérant rien à part qu’aujourd’hui comme hier, rien n’est ou ne sera bon! Tout reste et restera sombre!
    Vision assez colonialiste!!!

  8. Votre analyse n’est que un amalgame des questions théoriques. Vous ignorez le droit international et la légitimité du Mali en tant qu’ Etat souverain, vous ignorez, ou vous faites semblant, l’ importation des apprentis sorciers djihadistes, et enfin vous ne pipez pas pas mots des trafics de tout genre qui ont rapporté gros aux “révolutionnaires” du nord. Négocier avec qui quand l’intégrité territoriale d’un pays a été bafoué? Négocier avec ceux qui amputent, violent et volent en transformant les Droits de l’Homme en une serpillière? Croyez-vous que les trafiquants de terreur vont accepter à perdre leur os doré? ATT, d’une certaine façon,n’a fait que ce que vous entendez: il était en “négociation” constante avec les trafico-révolutionnaires. Par ailleurs les touareg ne sont pas les juifs auxquels, pour les raisons que vous savez, ont a donné une terre “mythique” bien, bien ensanglantée. Enfin votre discours manque, de façon éhontée, de clarté, d’objectivité et de recul, comparer la souffrance des populations et lui attribuer des graduations est tout simplement détestable. Ouvrez un manuel de droit international, dans votre cas c’est urgent même si je parierais que votre “ignorance” est bien sélective.

  9. Béjot ,çà risque de KIA KIA KIA sérieux …………….. 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆

    • Ici si on parle mal d’ATT on nous tape dessus….. J’espere qu’il ne vont pas taper sur ce BEJOT 😈 😈

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