Le président du Conseil de cercle de Gourma Rarhous, Mohamed Youssouf Ag Ghallas : «La situation sur le terrain ne se prête pas à la tenue des élections programmées»

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Nord du Mali: La ville de Rharouss attaquée ce matinAprès le professeur Ali Nouhoum Diallo, c’est au tour du président du Conseil de cercle de Gourma Rarhous, un transfuge de l’ADEMA/PASJ, Mohamed Youssouf Ag Ghallas, de se prononcer sur le sujet. Dans la seconde partie de l’entretien qu’il nous a accordé, Mohamed Youssouf Ag Ghallas, tout en estimant que l’Etat est dans son rôle de convoquer ces scrutins, soutient que la situation sécuritaire sur le terrain ne se prête pas à la tenue de ces élections couplées. Une dissonance dans la famille politique du parti au pouvoir peut-on ainsi dire puisque, jusque là, aucun cadre du parti présidentiel n’avait publiquement réclamé ou soutenu ce report.

Les chances d’aboutissement de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le retour des réfugiés et la lancinante question des élections communales et régionales, ce sont là, entre autres, les sujets abordés  dans la seconde partie de notre entretien avec le Président du Conseil de cercle de Gourma Rarhous. Sur les chances de l’aboutissement de l’accord issu des négociations inter-Maliens d’Alger, Mohamed Youssouf Ag Ghallas se veut optimiste. Il explique que l’accord a de fortes chances d’amener la paix et la réconciliation s’il est correctement mis en œuvre. «C’est un accord juste qui peut ramener la paix et la réconciliation entre Maliens. A ce que je sache, tous les mouvements armés, l’ensemble de la population malienne aspirent à la paix. Je pense qu’aujourd’hui les uns et les autres sont prêts à abandonner beaucoup de choses pour que cette paix, dans laquelle nous gagnions tous d’ailleurs, puisse enfin régner» précise Mohamed Youssouf Ag Ghallas.

Réagissant sur la recrudescence de l’insécurité dans le pays, le transfuge du parti de l’abeille solitaire explique qu’elle trouve sa justification dans la lenteur observée dans la mise en œuvre de l’accord. «Nous estimons, en ce qui nous concerne, que tout ce qui est en train d’être fait sur le terrain est le résultat de la lenteur qu’on constate dans la mise en œuvre de l’accord. Cette mise en œuvre va faire en sorte qu’on est une seule armée sur notre territoire. Cela a l’avantage qu’on va avoir une synergie d’action entre les différentes composantes de cette armée. Toutes choses qui vont mettre fin à ces attaques qu’on observe par-ci, par-là. Les attaques sont le fait des gens qui ne veulent pas que l’accord aboutisse. Il y a des gens qui ne gagnent pas dans cet accord. Ce sont les ennemis de la paix qui veulent tout simplement que le Mali pense que ce sont les mêmes groupes qui ont signé qui sont derrière tout ça» a expliqué le Président Ag Ghallas.

Sur le retour des réfugiés, Mohamed Youssouf Ag Ghallas a salué les nombreux efforts du Gouvernement du Mali. Il estime, par ailleurs, que le système des Nations Unies, qui gère ce processus, est lent dans ses actions. Faut-il tenir les élections municipales et régionales à la date indiquée du 25 octobre 2015 ? À cette question Mohamed Youssouf Ag Ghallas est très clair. Il soutient que le Gouvernement est dans son rôle s’il se propose de tenir ces scrutins couplés à la date indiquée. Pour Mohamed Youssouf Ag Ghallas, il faut non seulement prendre en compte les préoccupations d’élections inclusives soulignées dans l’accord mais aussi la situation sécuritaire sur le terrain. «Nous étions étonnés d’apprendre que ces élections vont se tenir le 25 octobre. Mais une fois de plus, le gouvernement est, sans doute, dans son rôle, s’il juge nécessaire de les organiser. Moi, je pense que la situation sécuritaire sur le terrain ne se prête pas à leur tenue. Mieux, il y a une disposition de l’accord qui dit qu’il faut que ces élections soient les plus inclusives possibles. Or, dans ces conditions, nous avons plusieurs de nos compatriotes qui sont encore hors du pays et qui ne pourront pas participer à ces scrutins. Je suis tout juste pour que les gens rentrent. Que les mouvements intègrent leur place pour pallier à d’autres problèmes à la longue» a défendu Mohamed Youssouf Ag Ghallas qui, pour faire face à la situation actuelle, préconise une accélération de la mise en œuvre de l’accord. C’est dans ces conditions, souligne-t-il, que nous allons pouvoir identifier clairement les gens qui ne veulent pas qu’on recouvre cette paix.

 

Yaya Samaké  

 

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