Représailles contre des touaregs: Il ne faut surtout se tromper ni de combat, ni d’adversaire

7 Fév 2012 - 10:25
7 Fév 2012 - 13:00
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« Il faut cesser de vous arroser alors qu’il pleut sur vous ». Voilà une sagesse africaine que les Maliens ont royalement ignorée ces derniers temps. En effet, pendant que l’Armée nationale est en guerre contre la rébellion touarègue, certains enfants du pays de Soundiata Keïta ont choisi de faire pleuvoir des coups sur des compatriotes de même ethnie que leurs agresseurs (les rebelles). Dans plusieurs localités du pays, des commerces et des maisons de Touaregs ont été saccagés par des Maliens qui, submergés par la furie, ont vite fait de « franchir le Rubicon d’une chasse aux sorcières » dirigée contre une ethnie. C’est donc pour prôner l’apaisement et éviter les amalgames que le Président ATT s’est adressé à ses compatriotes par la voix des ondes. En fait, le danger était perceptible, et il est donc heureux que le Chef de l’Etat ait pris les devants. Pourtant, les ennemis dela Nationsont bien connus, et l’Armée a reçu la mission de les mettre hors d’état de nuire. D’où vient alors cette mauvaise idée de certains Maliens de faire subir « l’enfer sur terre » à leurs frères avec qui ils vivaient pourtant en bonne intelligence avant ces évènements ? Est-ce tout simplement parce qu’ils sont Touaregs ?...A l’évidence, la violence des combats et leur issue incertaine (pour l’heure) trouble le bon sens de nombreux citoyens et les font tomber dans des considérations dangereusement ethnicistes. On peut également penser que les évènements viennent relancer des conflits latents entre les ethnies qui forment la population malienne. De fait, cela repose la problématique de la construction des Nations en Afrique. En fait, des Etats ont été créés, mais pas des Nations. Visiblement, les populations ont vécu ensemble pendant des décennies, mais elles ne partageaient  ni les mêmes valeurs, ni une communauté de destin. Il ne faut donc pas s’étonner de cette douloureuse fracture sociale. Le Mali court donc de graves dangers à cause de cette rébellion touarègue. Dans tous les cas, l’Etat malien a aujourd’hui du souci à se faire. Lorsqu’on analyse les derniers évènements, on peut penser que dans cette guerre contre les rebelles, l’Etat ne semble pas bénéficier du soutien des populations. Quand elles ne marchent pas pour demander des nouvelles de leurs proches envoyés au front, elles veulent « casser du touareg » pour crier leur mécontentement et leur colère. Il faut donc espérer que l’appel au calme du Président ATT sera entendu par nos compatriotes. En effet, pour que les élections puissent se tenir aux dates indiquées et dans une atmosphère sereine, il faut certainement faire baisser la température de cette fièvre sociale, car le  risque, c’est de se rendre à l’évidence face à la nécessité du report de ces consultations électorales à cause de la guerre et de son lot de violences. De toute façon, si jamais le mandat d’ATT se terminait dans l’adversité (ce que personne ne souhaite), la tâche la plus ardue reviendra alors à son successeur. Dans tous les cas, avec ces rebelles plus forts que jamais, le combat n’est pas gagné d’avance… Jean Pierre James    

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