Depuis son accession à l’indépendance en 1960 par le président Modibo Keita, jamais le Mali n’a été si gravement humilié par ses propres enfants. Chers compatriotes, comment vous vous sentez après avoir bafoué la dignité du malien lors de la réunion du samedi 07 juillet au Burkina ? Décortiquons le texte et son contexte…
[caption id="attachment_51327" align="alignleft" width="309" caption="Modibo Keita, le 1er président du Mali"]

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Tout comme le mot n’a de plein sens que dans la phrase, le texte n’a de valeur que dans son contexte. En effet, avant-hier samedi 07 juillet 2012, certains hommes et femmes se sont rencontrés à Ouagadougou, au Burkina, sous le nom de groupe de contact sur le Mali. Sans aucune consultation d’une écrasante majorité des maliens, considérée comme des ignares, ce groupe de contact qui se croit plus puissant et intelligeant tente de soigner le malade sans le consulter. Oui, le Malade, c’est le Mali. Cette vieille nation qui souffre physiquement des affrontements armés dans son flanc nord et mentalement des confrontations politiques destructrices dans son flanc sud. Depuis plusieurs décennies le Mali souffre de cette maladie dégradante et handicapante souvent cachée par le voile d’une démocratie superficielle. C’est seulement le 22 mars 2012 que le capitaine Sanogo et son équipe du CNRDRE ( Comité National du Redressement de la Démocratie et de la Restauration de l’État) ont dévoilé le réel état de maladie du Mali par un coup d’état très surprenant contre le général ATT.
Nous en sommes présentement à un blocage total du processus de libération du nord et d’organisation des futures élections. Cet immobilisme dangereux émane d’un tiraillement entre ceux qui ont mal géré depuis 20 ans le pays et ceux qui veulent maintenant faire sa gestion transparente. Tous les anciens dirigeants ne sont pas tous de mauvais gestionnaires de mauvaise foi. Ils ne sont nuisibles à l’intérêt général de la nation que ceux qui mettent leur besoin de place au dessus du besoin de stabilité du Mali. Pour quoi ceux-ci font tout pour éviter la tenue d’un grand débat d’idée au Mali entre maliens de toutes les sensibilités ?
Les participants à ce mini-sommet de Ouagadougou sur le Mali ont fait d’une grande méconnaissance des réalités socioculturelles des maliens dans l’élaboration de leur document final porteur d’énormes imperfections suivantes :
Commençons d’abord par vous donner sur papier la liste des six chefs d’états membres de la Cédéao et celle des maliens qui étaient présents au Burkina :
SEM Thomas Boni YAYI, Président de la République du Bénin ;
SEM Blaise COMPAORE, Président du Burkina Faso ;
SEM Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire ;
SEM Mahamadou ISSOUFOU, Président de la République du Niger ;
SEM Goodluck Ebélé JONATHAN, Président de la République Fédérale du Nigeria ;
SEM Faure Essozimna GNASSINGBE, président de la République Togolaise ;
3. Ont été entendus par le Groupe de contact en qualité d’invités, le Gouvernement de Transition de la République du Mali, représenté par Madame Rokiatou Guikine TRAORE, Ministre de l’Intégration Africaine et des Maliens de l’Extérieur, ainsi que les représentants des forces vives et de la société civile notamment:
-l’Assemblée Nationale ;
-le Haut Conseil des Collectivités territoriales ;
-les partis et formations politiques représentés ou non à l’Assemblée Nationale : ADEMA/PASJ, URD, PARENA, PDES, UDD, UMAM, CNAS-FASO HERE, UFDDP, CODEM, PSP, URP, CR, PE.
-le Collectif des Ressortissants du Nord (COREN) ;
-la CAFO ;
-la FENACOF ;
-le Réseau paix et sécurité des femmes de l’espace CEDEAO/Mali ;
-l’Alliance des femmes pour un Mali uni ; -l’APDF ;
-la Maison de la Presse du Mali ;
-la centrale syndicale UNTM
-le secteur privé ;
-le Conseil national des jeunes.
Ensuite, dans le titre I du document, ils priorisé la consolidation de l’ordre constitutionnel tout en reléguant au second plan la libération du nord comme si les institutions existantes sont trop faible pour mobilité une lutte armée contre les assaillants dans le nord.
Ainsi, au point 12 de ce titre I, ils dégrade Dioncounda Traoré en lui recollant son ancien titre de président par intérim devenu constitutionnellement caduque après 40 jours depuis le 22 mai 2012. « 12. Il invite également la CEDEAO à appuyer le Gouvernement de la République du Mali en vue d’organiser le retour au Mali du
Président de la République par intérim, Son Excellence Monsieur Dioncounda TRAORE, et d’assurer sa protection et son intégrité physique.» A partir de cette date le Mali devait être dirigé par un président de la transition pour un délai de 12 mois. La raison principale pour laquelle Dioncouda a été physiquement agressé par les manifestants est liée au choix porté par la cédéao seule sur lui pour assurer cette transition annuelle.
Au point 13 du document, ils imposent « …les Chefs d’Etat membres du Groupe de contact soutiennent la demande des forces vives du Mali y compris la classe politique et la société civile et les invitent à procéder à des consultations et à formuler au Président de la République par intérim des propositions en vue de la formation avant le 31 juillet 2012 d’un gouvernement d’union nationale chargé de la mise en œuvre d’une feuille de route de sortie de crise. Par ailleurs, ils exigent que toute la lumière soit faite sur l’agression physique contre le Président Dioncounda TRAORE et que des poursuites soient engagées contre les auteurs de cette agression »
Ici, au lieu de se soucier du sort lamentable des populations du nord, ils se préoccupes des places juteuses que leurs « amis » maliens devraient avoir dans la composition d’un futur gouvernement avant le 31 juillet. Entre temps, population du nord souffrez et mourrez, on s’en fou, pensent-ils.
Ça fait mal, très mal au cœur de devoir s’attarder sur les absurdités de ces décisions contradictoires prises par eux par rapport aux ententes précédentes signées. Mais, il est nécessaire ressortir les menaces creuses qu’ils font au peuple souverain du Mali en ces termes au point 29 du document: « 29. Les Chefs d’Etat membres du Groupe de contact rappellent que tous ceux qui s’opposeront au bon déroulement de la transition et aux décisions de la CEDEAO s’exposeront à des sanctions individuelles ou collectives prévues. Ouagadougou, le 7 juillet 2012 »
Certains ont vite et bien compris que les maliens sont conviés au Burkina pour aller patauger dans la boue la grande dignité nationale léguée par le président Modibo Keita. Ces grandes et influentes personnalités du Mali dont Elhadj Mahmoud Dicko, Monseigneur Joseph Zerbo, Hamadoun Amion Guindo, IBK, Soumana Sacko, Hamed Sow, Moussa Mara et autres ont décidé de rester au Mali dans le but de consulter et d’écouter prioritairement les maliens et les maliennes.
Lacine Diawara
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