Intervenant à la tribune des Nations Unies lors de la 77ème Assemblée générale, le Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga, n’est pas allé par le dos de la cuillère pour répondre à plusieurs dirigeants de la CEDEAO et le secrétaire général de l’ONU qui ont pris fait et cause pour Abidjan dans l’affaire dite « des 46 militaires ivoiriens » inculpés par la justice malienne pour « tentative de déstabilisation de la transition » .
L’intervention du Premier ministre Malien à l’ONU, un jour après le sommet extraordinaire de la CEDEAO durant lequel les dirigeants de cette organisation ont tranché en faveur de la Côte d’Ivoire dans l’affaire des 46 soldats , a permis à la partie malienne de préparer savamment sa réplique. Par la voie, du Col-Major Abdoulaye Maïga, les autorités de la transition malienne ont exprimé leur profond « désaccord suite à une récente sortie médiatique du secrétaire général de l’ONU. Lequel a pris position dans l’affaire « des 46 mercenaires ivoiriens », qui, selon Bamako, est une affaire « bilatérale et judiciaire ». « La qualification judiciaire des infractions liées à cette affaire ne relève pas des attributions du Secrétaire Général des Nations-Unies », prévient le Premier ministre par intérim, qui cite les références de la « Note Verbale de la MINUSMA » indiquant clairement qu’il « n’existe pas de liens entre les 46 mercenaires et les Nations-Unies ». Le Mali dénonce « des synchronisations des actions et l’harmonisation des éléments de langage consistant à faire passer le Mali de statut de victime à celui de coupable dans cette affaire des mercenaires ».
Le chef du gouvernement Malien regrette que cette position du patron de l’ONU a été suivie par certains responsables d’Afrique de l’Ouest. A la veille du sommet de la CEDEAO, tenu en marge de la 77
ème AG de l’ONU, Antonio Guterres, en passant par d’autres chefs d’Etats de la CEDAO ont accordé des interviews aux médias occidentaux dans lesquelles ils ont tenu des termes « chantage » « condamnation de l’incarcération des militaires » « libération des 46 soldats » qui ont été reconduites dans le communiqué finale de la CEDEAO.
A ce sujet, le Mali rappelle qu’il existe un « principe de subsidiarité » aux contours flous entre la CEDEAO et les Nations-Unies et non « un principe de mimétisme ». «
Il est important de lui préciser que le Secrétaire Général des Nations Unies n’est pas un Chef d’Etat et le Président en exercice de la CEDEAO n’est pas un fonctionnaire », martèle le Chef du gouvernement intérimaire, qui a rappelé au Président en exercice de la CEDEAO, M. Umaro Sissoco Embalo, qu’au Mali, » les autorités n’interfèrent pas dans les dossiers judiciaires et respectent l’indépendance de la Justice ».
A l’endroit du Président Nigérien, Mohamed Bazoum, le Colonel Abdoulaye Maïga estime que l’absence de réponse du Gouvernement de la Transition « à ses propos injurieux » s’explique par deux raisons cumulatives. La première, selon lui, repose « le respect de l’héritage laissé par les ancêtres des deux pays qui les défendent de ne répondre aux injures par des injures. La seconde relève de l’identité du Président Bazoum qui, selon lui, « n’est pas un nigérien ».
Sans bouger d’un iota de sa position initiale, le premier ministre va jusqu’ à évoquer le nom de « Dieu » devant ceux qui réfutent la version, selon laquelle ces 49 militaires ivoiriens n’étaient pas des mercenaires. «
Nous leur demandons d’indiquer s’ils accepteront que des militaires ayant dissimulé leurs identités, en mettant sur leurs passeports qu’ils sont peintres, maçons etc... avec des armes, débarquent dans leur aéroport, sans que le pays de destination n’ait été au préalable informé et dans le dessein funeste de déstabiliser ce pays », lance le Col- major Abdoulaye Maïga.
« Le 3ème mandat est une magie »
Avant d’enfoncer le clou en répondant au Président Alassane Dramane Ouattara qui a prodigué des conseils aux autorités maliennes lors de son intervention à la tribune des Nations Unies. «
Les Autorités de la Transition malienne, n’ont d’autres objectifs que de faire des réformes politiques et institutionnelles, avant d’organiser des élections, tout en luttant obstinément contre le terrorisme », a répliqué le premier ministre intérimaire, qui donne des gages que « toutes les dispositions seront prises pour que la démocratie malienne soit la plus enviée au monde ». Et le PM de poursuivre en jetant des piques au Président Alassane Ouattara qu’il qualifie d’auteur de « troisième mandat » et de « dribleur ». «
Dans ce chantier, nous prêterons une attention particulière au 3ème mandat qui ne sera pas possible », a-t-il ajouté, en faisant en référence à une métamorphose footballistique qui ironise : «
le 3ème mandat est une magie, c’est l’art de se dribbler soi-même tout en gardant le ballon ».
L’affaire des 46 soldats continue de crisper les relations entre Abidjan et Bamako. Récemment, la CEDEAO a pris position dans ce dossier que Bamako qualifie « de bilatéral » en condamnant l’incarcération continue de ces militaires. Elle a décidé de dépêcher une mission de haut niveau à Bamako composée des Présidents du Sénégal, le Ghana et le Togo pour tenter de ramener le Colonel Assimi Goïta à la raison. Déjà, Bamako demande de décaler l’arrivée de cette mission de 48 heures qui normalement est prévue le mardi prochain au Mali.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net