Consultations pour la mise en œuvre des recommandations des ANR : Les partis politiques restent attentifs aux conclusions de la phase nationale pour établir un calendrier d'actions

2 Mai 2025 - 14:40
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Consultations pour la mise en œuvre des recommandations des ANR : Les partis politiques restent attentifs aux conclusions de la phase nationale pour établir un calendrier d'actions

Après la fin de la phase régionale des consultations pour la mise en œuvre des recommandations issues des Assises nationales de la refondation, dans le cadre de la relecture de la charte des partis politiques du Mali et en attendant les conclusions de la phase nationale, les leaders de plusieurs formations politiques ont tenu, le samedi 26 avril 2025, à la Maison de la presse, un point de presse pour exprimer leur désaccord face à cette démarche qu'ils qualifient d'attentatoire à la démocratie et de violation de la Constitution ainsi que plusieurs dispositions réglementaires.

 Dans la déclaration lue, Oumar Ibrahim Touré, président de l'Alliance pour la République (APR), a laissé entendre que les partis politiques expriment leur soutien inconditionnel à la famille de leur camarade Mamadou Traoré dit "Le Roi", président du parti Alternative pour le Mali, détenu pour ses convictions, son courage et sa détermination. Et d'exiger sa libération immédiate.

Selon lui, les partis politiques se sont engagés à promouvoir la liberté d'expression, d'association et de réunion dans notre pays en réaffirmant leur attachement viscéral à la Constitution du Mali, plébiscitée par plus de 3 millions de citoyens avec un taux de plus de 96 % de votes favorables, et proclamée par la Cour constitutionnelle le 21 juillet 2023.Cette Constitution, poursuivra-t-il, consolide les acquis démocratiques et le rôle des partis politiques en République du Mali. Mais, a-t-il déploré, les partis politiques ont été informés de la suspension de leurs activités, sans aucun fondement juridique évident, par une décision du conseil des ministres du 10 avril 2024, alors même que se déroulait le Dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation.

"Nous avons maintenu notre foi en la justice de notre pays même lorsqu'elle a emprisonné 11 de nos camarades politiques, connus pour leur patriotisme, simplement parce qu'ils se sont réunis dans un cadre privé. Dans la douleur, nous avons souvent fait preuve de bonne foi au nom du Mali, de notre société commune, ce précieux héritage qui ne doit en aucun cas nous échapper. Le Mali représente tout ce que nous possédons et chérissons. Nous n'avons pas réagi aux murmures ni aux rumeurs, même si certains bruits étaient clairement audibles à travers divers signes. Nous préférons croire que ceux qui les propageaient se trompent. Nous avons préservé notre précieux héritage, notre socle commun", a-t-il rappelé.

Le pluralisme des idées et des médias dérange

Cependant, il dira qu'il est légitime de se demander qui sont ceux que les partis politiques dérangent en République du Mali ? Pourquoi le pluralisme des idées et des médias dérange-t-il ceux qui en font leur bouc émissaire ?

A ses dires, les Assises nationales de la refondation (ANR), tenues du 11 au 30 décembre 2021, ont traduit les 517 recommandations en actions concrètes dans le Cadre stratégique de la refondation de l'Etat (CSRE). Ainsi, en ce qui concerne les partis politiques, ces recommandations traitent : la réduction du nombre de partis politiques par l'instauration de conditions plus strictes en matière de création et de financement ; la relecture de la Charte des partis politiques, avec une réaffirmation du statut de chef de file de l'opposition ; l'interdiction du nomadisme politique en cours de mandat.Et de poursuivre que le ministre délégué auprès du Premier ministre en charge des Réformes politiques et du Soutien au processus électoral a envoyé une correspondance aux partis politiques et aux organisations de la société civile pour recueillir leurs propositions avant le 14 mars 2025.

"Les partis politiques du Mali tiennent à informer la presse nationale et internationale qu'après avoir soumis nos propositions, le ministre délégué ne nous a pas conviés à des discussions. Au lieu de cela, il a rapidement dépensé les ressources publiques dans une pseudo-concertation", a-t-il martelé.

Et de préciser que rencontrer les partis politiques avant d'organiser des concertations aurait permis au Mali d'économiser là où nos concitoyens sont déjà lourdement taxés, même sur leurs téléphones. Avant de rappeler au ministre délégué qu'il est essentiel de bien maîtriser son sujet lorsque l'on aborde le discours.

Le nomadisme politique pris en compte dans la nouvelle Constitution

D'abord, dira-t-il, la correspondance du ministre délégué ne mentionne pas la relecture de la Charte des partis politiques avec la réaffirmation du statut de chef de file de l'opposition, sans évoquer les deux autres recommandations de l'ANR. Cela est cohérent, car la question du nombre de partis et celle du nomadisme politique sont déjà prises en compte dans la Constitution adoptée le 22 juillet 2023.

"Nous avons toutefois accepté et proposé de réduire le nombre de partis politiques par le biais de mesures incitatives et le cas échéant punitives, de durcir les conditions de création de nouveaux partis et de renforcer le contrôle des activités des partis existants pour une meilleure gouvernance, en accord avec les recommandations de l'ANR et dans le respect de la constitution", a renchéri le président de l'APR.

Ensuite, poursuivra-t-il, la correspondance du ministre délégué ne précise pas les modifications envisagées, ce qui aurait pu guider les échanges de manière plus efficace. Ce manque de clarté, selon lui, a donné lieu à de nombreuses spéculations, parfois infondées et contre-productives, pouvant entraîner des dérives regrettables.

A ses dires, les partis politiques ont répondu de manière consensuelle, en examinant article par article les modifications envisageables pour mettre en œuvre toutes les recommandations de l'ANR de manière rigoureuse et dans l'intérêt supérieur du pays qui méritaient d'être associés aux discussions sur ces questions cruciales.

A ce jour, déplorera-t-il, le ministre délégué n'a pas invité les partis politiques à discuter de ce document et il n'a plus répondu à leurs demandes d'audience répétées, préférant organiser des simulacres de concertations. "Pour quelle utilité ? Pour quelle légitimité ? Ou est la logique ? Où est la raison ?", s'est-il interrogé.

Des propositions hors sujet

Pour M. Touré, 500 représentants au plus participent à ces concertations du ministre délégué, alors que 76 000 Maliens ont pris part à l'ANR, plus de 3 millions au référendum constitutionnel, dans un pays de 22 millions de personnes. "Pour quelle légitimité ? A certains endroits, ils étaient plusieurs avec des propositions hors sujet. Comment justifier une caution de 200 millions de F CFA pour la création de partis politiques sans en faire une entreprise commerciale de corruption et d'achat massif de voix pour rembourser des crédits, servir des lobbies, desservir les électeurs ?", a-t-il fait remarquer. Ce type de disposition, ajoutera-t-il, exclut également un grand nombre de nos compatriotes de la vie politique. "Puisque la politique devrait-elle être plus une question de corruption que d'idées ? Ce genre de disposition n'est recommandé nulle part, ni dans l'ANR, ni dans la constitution, et constituerait véritablement un recul démocratique. Sur quelle base ont été sélectionnés les participants aux concertations privées et à l'aise du ministre délégué avec lui-même?", renchérira-t-il.

Ainsi, les partis politiques du Mali ont exprimé des regrets quant à la désignation par le ministre de leurs représentants aux concertations régionales et regrettent de ne pas y avoir été associés. Et d'ajouter que des propositions sans fondements et hors sujets circulent sur les réseaux sociaux concernant ces simulacres de concertations entre le ministre délégué. "Avec quelle légitimité allons-nous donc dissoudre les partis politiques en contradiction totale avec la constitution ? Pourquoi cherchons-nous à liquider, museler alors qu'on demande simplement des réformes ? Le ministre délégué en charge des réformes politiques et du soutien au processus électoral peut-il réellement effectuer des réformes en interdisant la politique ? Soutenir un processus électoral sans les partis politiques ? Qu'adviendra-t-il de l'Aige constituée avec des représentants des partis politiques ? Allons-nous bafouer toutes les lois du Mali ?", s'est-il questionné.

La dérive de l'amateurisme est dangereuse

Avant de marteler que la dérive de l'amateurisme est dangereuse, la violation de la constitution, de la charte de la transition, de la charte des partis politiques entraînerait des conséquences irréversibles dans notre pays, alors que 300 morts ont conduit au multipartisme et que les partis politiques ont d'ailleurs été parmi ceux qui ont amené le Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) au pouvoir et sont leurs compagnons de gouvernement et de parlement. "Pourquoi gaspiller les ressources publiques, créer des charges financières inappropriées au moment où les Maliens crient à la pauvreté voire à la faim", dira-t-il. Aux dires de M. Touré, les partis politiques du Mali ont convié leurs militants pour leurs demander D'ETRE prêts. Et d'ajouter qu'ils rencontreront toutes les autorités morales, associatives et syndicales du Mali afin de leurs prendre à témoin, devant les Maliens et devant l'histoire.

Il poursuivra qu'aucun conseil, aucun apaisement n'est superflu pour le Mali, aucune concession n'est à négliger pour le Mali. "Les partis politiques du Mali exhortent nos militants et militantes à se mobiliser. Nous resterons attentifs aux conclusions de la phase nationale, à partir desquelles nous établirons un calendrier d'actions", a-t-il fait savoir.

Le silence du ministre délégué dénoncé

Il a saisi l'occasion pour affirmer que les partis politiques réitéreront leur demande adressée aux états-majors politiques pour partager et expliquer les propositions consensuelles concernant la révision de la loi 05-047.

"Nous réitérerons notre soutien aux libertés et à la démocratie au Mali. Nous resterons engagés et disponibles pour travailler dans l'intérêt supérieur de tous les Maliens, afin que les champs fleurissent d'espérance et que les cœurs vibrent de confiance", a-t-il laissé entendre. Il a aussi déploré le silence du ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des réformes politiques et du soutien au processus électoral face aux demandes répétées de rencontre formulées par les partis politiques.

"Nous avons sollicité une audience auprès du Premier ministre. Pourquoi le ministre délégué méprise-t-il à ce point vos partis politiques du Mali appartient au Premier ministre et au Président de la Transition de tirer les conséquences des actes d'un ministre qui a rencontré dos à dos l'Etat et un pan aussi important de la Nation que sont les partis politique", a-t-il conclu.

  Boubacar Païtao

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