Selon le quotidien français " Le Monde " daté du vendredi 28 mars : IBK mis en cause "pour corruption" dans une enquête visant un «parain» français

31 Mar 2014 - 12:22
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[caption id="attachment_204738" align="aligncenter" width="620"]23ème anniversaire, le Président de la République, Chef de l'Etat, SEM Ibrahim Boubacar KEITA s'adresse à la Nation 23ème anniversaire, le Président de la République, Chef de l'Etat, SEM Ibrahim Boubacar KEITA s'adresse à la Nation[/caption]

Durant tout le week-end, la nouvelle a fait le tour de la ville et les choux gras de la presse électronique et des réseaux sociaux. Chacun y allant de son commentaire. Quand certains se refusaient tout simplement à croire à l'information, d'autres voyaient derrière la " main de la France ". En réaction à cet article publié sous la plume des journalistes Gérard Davet et Fabrice L'homme et diffusé par plusieurs sites Internet, le gouvernement du Mali, par la voix de son porte-parole, Mahamane Baby, a rendu public un communiqué dans lequel il affirme que " cet article vise à salir l'honneur d'un homme, Ibrahim Boubacar Kéïta, dont les valeurs d'intégrité et de rigueur morale n'ont jamais été remises en cause et ce, par qui que ce soit ". Raison pour laquelle, toujours selon le communiqué de la présidence, IBK " a pris attache avec des avocats malien et français, afin d'étudier toutes les suites judiciaires possibles, y compris en termes de mesures urgentes et à titre conservatoire ". Voilà, en effet, une affaire qui tombe au mauvais moment. Quand on sait que le président IBK a solennellement placé son mandat sous le signe…de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. 

 

Selon le journal "Le Monde", daté du 28 mars dernier, deux juges et des dizaines d'enquêteurs sont aux trousses, depuis de longs mois, de l'homme d'affaires corse Michel Tomi, 66 ans, à la tête d'un empire industriel en Afrique et qui serait le dernier "parrain des parrains" français. Pour le quotidien "Le Monde", cette affaire inquiète jusqu'à l'Elysée, car elle risque de "provoquer de forts remous dans les milieux diplomatiques, avec la mise en cause pour corruption du président malien, Ibrahim Boubacar Keita, dit IBK".

Selon les informations du «Monde», depuis le 25 juillet 2013, date de l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet de Paris pour "blanchiment aggravé en bande organisée", "abus de biens sociaux" et "faux en écriture privée", les juges Serge Tournaire et Hervé Robert enquêtent en toute discrétion sur Michel Tomi, son groupe industriel Kabi, mais également sur ses réseaux politiques.

Aux dires du quotidien français, l'homme est soupçonné de blanchir en France une partie de l'argent gagné en Afrique. Et de financer des présidents africains. Plusieurs chefs d'Etat seraient impliqués dans le "système Tomi", parmi lesquels le chef d'Etat du Mali,  Ibrahim Boubacar Kéïta, mais aussi le président gabonais, Ali Bongo et les présidents tchadien et camerounais.

En ce qui concerne les investigations concernant le président IBK, il semble que tout commença en avril 2012 quand : "par un bel après-midi printanier, un homme en costume azur sort du restaurant parisien huppé "La Maison de la truffe", escorté par ses gorilles. C'est IBK. Il serre dans ses bras un Michel Tomi en petite forme. Atteint d'une sclérose en plaques, il se déplace en fauteuil roulant. Son lieutenant, Jean-Luc Codaccioni, dit "Johnny", est également présent. Les trois hommes ne sont pas seuls : les policiers, en planque, mitraillent la scène au téléobjectif. Michel Tomi sait entretenir ses amitiés. Il fournit des vêtements de marque au futur président malien, paie ses séjours à l'hôtel parisien "La Réserve", met à sa disposition des avions pour sa campagne présidentielle - M. Tomi possède deux compagnies aériennes, Afrijet et Gabon Airlines".

D'après "Le Monde", en fin juillet 2013, "la police judiciaire est saisie par les juges Tournaire et Robert. Une petite équipe travaille dans le secret. Au sein de la direction centrale de la Police Judiciaire, l'enquête provoque des dissensions : le clan Tomi a des amis dans la maison, comme dans le monde politique. Placé sur écoute, M. Tomi est bavard au téléphone. Il discute avec ses hommes de main, chargés de rapatrier l'argent en France. Le nom d'IBK revient souvent. M. Tomi est d'ailleurs présent à la cérémonie d'intronisation du nouveau chef d'Etat malien, à Bamako, en septembre 2013. Dans un coin, pour ne pas se faire remarquer". Toujours d'après le journal, "En décembre 2013, en marge d'un sommet africain qui se tient à Paris, IBK effectue un déplacement privé à Marseille, où il est pris en main par les hommes de M. Tomi. Celui-ci multiplie les séjours dans la cité phocéenne : il se rend deux fois par mois à l'hôpital de la Timone. Plus récemment, du 8 au 10 février, M. Tomi héberge son ami, tous frais payés, dans une suite du palace parisien "Le Royal Monceau". Il lui procure aussi des véhicules haut de gamme. Il s'occupe même de sa sécurité".

En mars, les magistrats ont frappé fort, toujours d'après "Le Monde" quand "ils ont demandé un réquisitoire supplétif au parquet, afin d'étendre leurs investigations à des faits de "corruption d'agent public étranger". Leur cible : Ibrahim Boubacar Keita, président du Mali depuis septembre 2013, activement soutenu par la France. C'est dire si l'affaire gêne la diplomatie française. Les présidences malienne et gabonaise n'ont pas répondu aux sollicitations réitérées du Monde. Une autre piste est examinée par les policiers : celle des soutiens dont bénéficierait M. Tomi (condamné en 2008 pour "corruption active" pour avoir financé illégalement la campagne du Rassemblement pour la France de Charles Pasqua aux élections européennes) dans la classe politique française".

Selon le journal français, "l'enquête va conduire les policiers à plonger au cœur de l'empire Tomi. Selon les services de renseignement, il est depuis 2009 l'unique détenteur d'une autorisation d'ouverture de casinos à Bamako, où il a créé la salle de jeux Fortune's club. D'après les enquêteurs, IBK y détiendrait des parts".

Suite à ces informations de l’influent quotidien français, la présidence de la République, par la voix du porte-parole du Gouvernement, Mahamane Baby, a rendu public, le même jour, un communiqué dont voici la substance : "Cet article (du quotidien Le Monde, ndlr) vise à salir l'honneur d'un homme, Ibrahim Boubacar Kéïta, dont les valeurs d'intégrité et de rigueur morale n'ont jamais été remises en cause, et ce par qui que ce soit. Mais, au delà de la personne du chef de l'Etat et de l'institution qu'il incarne, il veut jeter le discrédit sur les efforts inlassables de toute une nation pour sortir d'une crise sans précédent. C'est pourquoi, ayant pris toute la mesure de cet article, le chef de l'Etat a pris attache avec des avocats maliens et français, afin d'étudier toutes les suites judiciaires possibles, y compris en termes de mesures urgentes et à titre conservatoire".

Voilà, en effet, une affaire qui risque fort d'ébranler le président IBK qui a placé opportunément son mandat sous le signe de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Aussi,  faudrait-il craindre pour lui que ce soit comme l’histoire de l'arroseur arrosé. Pour le moment, on n'en est pas encore là.

                                 Mamadou FOFANA  

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