Crise sociopolitique au Mali : SBM pour « la carotte et le bâton » ?

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Face à la contestation politique liée à la présidentielle 2018, la prorogation du mandat des députés, la réorganisation administrative du territoire, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga  alias SBM opte pour un certain dosage de la politique de la carotte et du bâton. Ce qui lui réussit bien au grand satisfécit du président IBK.

Le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga s’inscrit résolument dans une sorte de virilisation du pouvoir d’Etat. En parfaite synergie avec les ministres de la Sécurité, de la Défense et le Gouverneur du District de Bamako, le chef du gouvernement s’inscrit dans une action de fermeté face à ses interlocuteurs de la classe politique. C’est ce qui explique l’empêchement systématique des marches et autres manifestations de contestation comme la marche du samedi 8 décembre dernier… « Boubèye prône fermement la politique de la carotte et du bâton et appelle résolument au dialogue tout en renforçant l’autorité de l’Etat », confie un cadre de la primature. Il l’a prouvé à travers la répression des manifestations du 16 novembre et du 2 juin 2018. Maiss aussi à travers d’autres actes.

Par la récente démolition des constructions anarchiques de N’Tabacoro, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga s’inscrit définitivement dans la posture du chantre de l’autorité de l’Etat. Et dire que le pays en a besoin !

Annoncée par le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga (SBM) lors de sa visite sur le terrain en compagnie du ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Mohamed Moustapha Sidibé, le mercredi 28 novembre, la démolition de ces constructions sur le site des logements sociaux a été proprement menée lundi dernier. De mains expertes et la diligence souhaitable. Pour montrer que force reste à la loi. C’était sous la supervision du directeur national de l’Urbanisme, Drissa Coulibaly et la protection d’un contingent de forces de l’ordre que les bulldozers ont fait le job.

La destruction de ces occupations illicites va permettre la poursuite des travaux de voirie et des divers réseaux d’adduction. Ce qui doit faciliter l’attribution des premiers logements achevés depuis septembre dernier. C’est ce qui explique qu’au premier jour des opérations, le directeur national de l’urbanisme a prêché la pédagogie du civisme en invitant les populations concernées à « respecter la loi », celle-là qui permet la vie en communauté humaine et non dans une jungle.

Selon plusieurs observateurs, en donnant l’ordre de démolition des occupations anarchiques, Soumeylou Boubèye Maïga rétablit l’autorité de l’Etat en joignant l’acte à la parole passant du coup à la vitesse supérieure dans la conscientisation citoyenne. On se rappelle que lors de son passage, le PM avait annoncé à la presse que la situation illicite du site est inacceptable du fait qu’elle entraîne l’arrêt des travaux et le retard des livraisons des logements. C’est pourquoi il avait instruit au ministre de l’Urbanisme et aux autorités concernées de prendre les décisions qui s’imposent, afin de permettre la poursuite normale des travaux.

En outre, à travers un discours martial et la stratégie frontale qu’il affiche face aux velléités des groupes jihadistes et terroristes, le PM ne cesse de gagner la sympathie des Maliens sur sa capacité à résoudre la crise sécuritaire. En allant régulièrement sur le terrain, en mission commando, dans le centre du pays et au Nord pour annoncer que l’Etat ira « chercher nos ennemis jusque dans leurs derniers retranchements », Boubèye assure une certaine renaissance de l’Etat malien dans sa posture du… léviathan, dont parlait Jean Jacques Rousseau.

Il faut reconnaître, en effet, que depuis plusieurs années et surtout avec la survenance de la crise politico-sécuritaire de 2012, l’autorité de l’Etat du Mali s’est totalement affaissée. Et n’importe qui se plait à faire n’importe quoi en violation flagrante des textes en vigueur. C’est au point que certains petits esprits croient encore dure que l’on peut allégrement aller frapper un président de la République dans son bureau, aller séquestrer un ministre ou un directeur national, semer le désordre dans les rues pour divers motifs. Avec sa politique du bâton et de la carotte, Soumeylou Boubèye Maïga convainc lentement mais sûrement l’opinion sur la nécessité du retour à la fermeté. Du retour à l’ordre. C’est dans ce sens qu’il propose le dialogue, la « courtoisie démocratique » tout en mettant en garde contre la tendance à narguer la puissance publique.

Même s’il faut souhaiter plus de professionnalisme dans les méthodes de maintien d’ordre et éviter des répressions sanglantes, il est loisible de reconnaître que le cinquième chef du gouvernement d’IBK engrange des points sur le chantier du renforcement du pouvoir régalien de l’Etat. Seul ce pouvoir, analysait Jean-Jacques Rousseau est « l’assureur de la quiétude sociale et de l’ordre républicain ».

Bruno D SEGBEDJI

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