Gouvernance au Mali : Retour dangereux aux mêmes maux à l’origine de la crise

29 Jan 2014 - 16:39
29 Jan 2014 - 20:33
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Le Mali vient de loin. Juste un an après la libération des 2/3 du territoire annexés et soumis à toutes les formes d’obscurantisme par des groupes terroristes et des mouvements jihadistes, le pays a accompli "la prouesse" d’organiser et de réussir des élections générales apaisées, jugées crédibles et transparentes par la communauté internationale. Le processus enclenché avec la présidentielle a allègrement franchi une autre étape cruciale avec l’élection des députés à l’Assemblée nationale. Ce renouvellement du Parlement, précédé de l’extraordinaire mobilisation de la solidarité internationale à l’endroit de notre pays, devrait être synonyme d’espoir de lendemain meilleur pour des populations ayant enduré les pires formes de souffrances imaginables jusqu’au-delà du supportable.     [caption id="attachment_181724" align="alignleft" width="344"]Une délégation d'observateurs lors du dépouillement dans un bureau de Bamako (photo archives) Une délégation d'observateurs lors du dépouillement dans un bureau de Bamako (photo archives)[/caption] Mais, comme le dit un adage populaire de chez-nous "les mauvaises habitudes ont la carapace dure". Et pourtant que les espoirs étaient grands ! Que les attentes étaient légitimes et immenses ! Le rêve tarde à se concrétiser. Pis, les signes d’un retour à l’unanimisme béat et mensonger autour des vainqueurs du jour, sont déjà perceptibles et plus que jamais évidents. En lieu et place d’une meilleure gouvernance des affaires publiques, l’on assiste à une boulimie d’accaparement des toutes les sphères de l’Etat par le seul clan des vainqueurs. Tous les moyens sont mis à contribution pour parvenir à cette fin.       Visiblement personne ne veut être en marge de la gestion des fruits de cette victoire. Tous accourent têtes baissées, sans réfléchir et souvent sans aucune conviction autour de ce qui apparait plus comme "la charogne" d’un pays sortant d’une longue et profonde période de coma. Cependant, les priorités sont nombreuses et sont toutes d’extrême urgence dans un contexte sociopolitique non encore stabilisé.     Il est donc tout à fait normal et justifié que les populations soient aujourd’hui enclines au doute et au désenchantement.     En effet, prise en tenailles entre le mal-vivre, l’intolérance et l’incivisme, le pays stagne et étouffe à petit feu. Les populations souffrent. Une asphyxie généralisée est à craindre, au propre comme au figuré. L'air est devenu difficilement respirable. L'atmosphère est alourdie par des grappes entières de nuages de poussières opaques en suspension. La visibilité est réduite et incertaine à cause essentiellement du manque de lisibilité des solutions proposées. Les voies sont encombrées et rendues impraticables pour la plupart en toutes saisons.       La circulation est quasi-impossible et suicidaire en maints endroits. La communication reste inaudible et inaccessible pour une écrasante majorité de citoyens. Les effets du changement tant souhaité se font désespérément attendre. Qui plaindre et qui ne pas plaindre ? Serions-nous tous coupables ?       Comme aimait à le rappeler le poète "Le temps est le meilleur juge, car lui ne ment jamais". Hier a été. Aujourd'hui est. Demain sera sûrement. Mais comment et qu’en sera-t-il ? Prions afin que lui, jour incertain et lointain pour beaucoup, soit meilleur qu'hier et aujourd'hui.     Avec tous ces gros nuages qui ont assombri notre vision hier et qui commencent, aujourd’hui encore et déjà, à s’amonceler de nouveau au-dessus de nos têtes, il y a lieu de craindre que les mêmes causes produisent encore et toujours les mêmes effets. Il n’y rien de pire pour un peuple que d’avoir la mémoire courte en plus d’avoir perdu tous ses repères. Un peuple sans repères est un monde sans âme.     Une certaine science voudrait que rien ne se crée et que tout se transforme. Est-ce la solution idoine aujourd’hui pour notre pays que de reprendre les mêmes méthodes et pratiques à l’origine de l’asservissement moral et intellectuel de notre peuple ?       Le Mali a soif de démocratie et de bonne gouvernance. L’extraordinaire mobilisation des électeurs lors des deux tours de l’élection présidentielle et le score d’Ibrahim Boubacar Kéita atteste éloquemment cette soif. C’est la raison pour laquelle les populations ont accepté tous les sacrifices consentis avec enthousiasme et détermination.     Nul n’a le droit de dévoyer cette victoire du peuple de son ultime objectif qu’est le changement pour une amélioration subséquente de la gouvernance publique. Donc, que chacun se ravise de vouloir resservir les mêmes travers qui ont conduit au bord du précipice.     Bréhima Sidibé  

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