Composition du 1er gouvernement Modibo Sidibé : Après tout, les iniquités persistent

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Attendu avec impatience depuis la nomination de son premier responsable, le tout premier gouvernement d’après Pinochet a finalement vu le jour, la semaine dernière. C’est précisément jeudi dernier que ses composantes et sensibilités ont été rendues publiques, dans une ambiance inédite à Koulouba, d’où  les Maliens ont assisté pour la première fois à la révélation d’une équipe gouvernementale en directe sur leur petit écran.

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– Une architecture gouvernementale remodelée

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‘Agriculture’, ‘Élevage et la Pêche’, ‘Défense’, ‘Affaires Étrangères’, ‘Intégration et Maliens de l’Extérieur’, ‘Santé’, ‘Mines Energie et Eau’,  ‘Administration Territoriale et Collectivités Locales, etc. C’est la longue non exhaustive de départements ministériels ayant résisté aux changements d’identité consécutifs au changement de gouvernement. Mais la tardive option du trio  RPM – SADI – PARENA pour une opposition intégrale et sans concession aura surtout favorisé une réduction longtemps mijotée du nombre de portefeuilles. De vingt-sept (27) départements à vingt-six (26) : l’écart – relativement perceptible – est sans doute due à leurs suppressions ou réaffectations que même l’éclatement de certains départements n’a compensé.
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rnLégué à Cheick Oumar Sissoko après le décès du Pr. Mamadou Lamine Traoré, le secteur de l’Éducation renoue ainsi avec une vielle composante : celle de ‘Enseignements secondaire, supérieure et de Recherche Scientifique’ désormais dissocié de ‘l’Éducation de base’, laquelle  intègre ‘Alphabétisation et Langues’. Sont par ailleurs effacés de la carte gouvernementale le ‘Plan et l’Aménagement du Territoire’ ainsi que les ‘Investissements et Petites et Moyennes Entreprises’ jadis dirigés respectivement par Marimanthia Diarra et Ousmane Thiam. Dans la même veine, la restructuration et réaménagements ont dû aboutir à des changements d’appellation assez significatifs pour influencer le champ des compétences de certains départements.
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rnC’est le cas, par exemple, du ministère des Finances privé d’une composante essentielle au profit du Commerce et de l’Industrie, l’Économie en l’occurrence. Idem pour la ‘Fonction publique et les Réformes de l’État’ qui fait ménage désormais avec le ‘Travail’, tandis que sa  branche chargée des ‘Relations avec les Institutions de la République’ devient un singleton et qu’on a préféré le vocable ‘Logement’ à celui de l’habitat pour accompagner ‘l’Urbanisme’ et les ‘Affaires Foncières’. Les ‘Domaines de l’État’ disparaissent également de l’architecture et sera vraisemblablement réaffecté à la Primature, tout comme la plupart des projets relevant jadis des départements supprimés.

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– Entre compétences, conformisme et loyauté

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Sur vingt-six portefeuilles ministériels constitutifs de l’arsenal gouvernemental, près d’une dizaine revient aux compétences féminines contre plus d’une demie dizaine dans l’ancienne équipe, dont aucune femme n’a été épargnée par le vent du renouvellement. Au total huit (8) départements et non des moindres ont été attribués à la gent. Ils vont de l’Éducation de base au Logement et Urbanisme, de l’Économie à la Communication et NTIC, en passant par la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille, l’Élevage et la Pêche ou encore les Relations avec les Institutions de la République.

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Le relèvement du niveau de représentativité des femmes dans l’exécutif et l’importance des secteurs attribués parait certes une récompense de leur contribution active à la réélection du président de la République, mais il n’en demeure pas moins que la démarche procède également d’une concrétisation d’intentions déclarées en faveur du genre, conformément à la souscription des hautes autorités à certains principes universaux.

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Le choix des compétences et ressources humaines a par ailleurs débouché sur un renouvellement de l’ancienne équipe à plus de 60%. Sur les huit (8) anciens compagnons de Pinochet ayant résisté à la vague de Modibo Sidibé, cinq (5) sont demeurés immuables. Kafougouna Koné, Sadio Gassamba, Moctar Ouane, Abou Bakar Traoré  et N’Diaye Bâ sont en effet maintenus à poste fixe, tandis que Natié Pléah, Oumar Touré et Ahmed Diane Séméga migrent respectivement vers la Défense, la Santé et l’Équipement.

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Le choix de la plupart des huit (8) nouveaux ministres semble avoir répondu aux critères de la vocation, tandis qu’à la compétence s’allient proximité et loyauté politiques pour les 10 autres membres du gouvernement. C’est le cas manifestement pour le ministre de l’Agriculture et celui de la Formation Professionnel, ci-devant : mandataire national et porte-parole du candidat d’ATT. Il s’agit en l’occurrence de Iba N’Diaye et Tiémoko Sangaré qui appartiennent à la même mouvance présidentielle que Amadou Touré, détenteur du portefeuille de ‘l’Enseignement secondaire supérieur et de la recherche scientifique’ et non moins Secrétaire administratif de l’ADP, Alou Badra Macalou, ministre de l’Intégration et des Maliens de l’Extérieur et chargé de la communication de la même alliance. Au même registre se trouvent également Sékou Diakité, Coordinateur ADP du District devenu ministre du Développement Social de la Solidarité et des Personnes Âgées, ainsi que Fatoumata Guindo représentante RND aux instanes nationale de la même alliance.       

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– Quand les injustices en engendrent…

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Une discrimination contre le politique. Telle est l’impression qui se dégage de l’ossature du gouvernement accouché au forceps par le président de la République et son nouveau Premier ministre. La classe politique a été associée pour moins de la moitié des vingt-six (26) d’une équipe dominée essentiellement par d’autres amis et proches du chef de l’État ou du premier responsable du Gouvernement. En effet, le renoncement de l’opposition a favorisé la réduction du nombre de portefeuilles ministériels mais elle n’a exercé la moindre incidence sur le quota de représentativité de la mouvance politique dévolue à Koulouba. Les entités politiques constitutives de l’ADP y comptent une dizaine de représentants environ, dont la majorité revient à l’Adéma-PASJ, première force parlementaire avec près d’une cinquantaine d’élus. Détenteur des portefeuilles de l’Agriculture, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, de la Solidarité ainsi que de l’Environnement, la famille politique du président de l’AN est suivie de l’URD représenté aux départements de la Santé et de la Fonction publique.
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rnSi la hiérarchie a été respectée entre les deux têtes de pont de la scène politique malienne, elle a dû être faussé à travers des subtilités assez énormes pour ne pas passer anodines. Deux autres caciques de l’Alliance pro-présidentielle, en l’occurrence le CNID et le MPR, sont apparemment représentés chacun par un ministre au gouvernement, mais le premier y prend part pour deux voire trois par des apparentements partisans de fait que couvrent les identités et activités extrapolitiques. C’est le cas de la candidate CNID aux législatives à Nara, à laquelle le département de la Promotion féminine a été affecté au nom de la CAFO, ou encore de Hamane Niang, le nouveau ministre des Sports qui aurait également des affinités avec le même Parti du Soleil Levant.

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Ce ne sont pas les seules injustices imputables au partage inéquitables des strapontins. Si le choix de la candidate REDD à la présidentielle participe d’un conformisme au genre, on s’explique difficilement l’attribution de portefeuilles à des formations peu représentatives au détriment de formations beaucoup plus légitimes par leur nombre d’élus. Pour respectivement un seul élu parlementaire et seulement une dizaine de conseillers sur l’ensemble du pays, le RND de la nouvelle ministre Fatoumata Guindo et l’UMP du nouveau ministre Amadou Touré comptent chacun un ministre au gouvernement, au grand dam de formations de l’envergure de l’UDD et du Miria à la touche avec 3 et 2 députés respectivement. 

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A Keïta

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