Transition et bonne gouvernance : Qui pour sauver Choguel ?

L’ancien chef du gouvernement de Transition, Dr Choguel Kokalla Maïga devrait, en principe, être face au Procureur Général près la Cour suprême, dans les prochaines heures, dans une affaire présumée de détournements de deniers publics, étalée sur la place publique dans un récent rapport du Bureau du Vérificateur Général. Cette séance est attendue pour ce début de semaine et suscite bien de supputations. Car, après quarante-huit heures de garde à vue au Pôle économique et financier, l’ancien locataire de la primature a vu grignoter sa présomption d’innocence, au point que certains animateurs des réseaux sociaux annonçaient depuis le vendredi dernier, qu’un mandat de dépôt était en préparation contre Dr Choguel Maiga. Pourquoi cette précipitation ou cette animosité à peine cachée à l’encontre de ce leader des tombeurs d’IBK ? Une manière de venger le régime IBK, dont il a été le porte-parole ? Trop tôt pour l’affirmer. Mais, il semble que l’ancien Premier ministre a fini par créer des frustrations dans les milieux politiques, au point qu’il ne bénéficie plus d’aucune compassion… Contrairement à l’esprit de solidarité et de soutien mutuel qui animent les responsables politiques.

En effet, à peine l’ancien Premier ministre Moussa Mara a-t-il franchi le seuil de la Maison centrale d’arrêt de Bamako, des voix de soutien se sont élevées pour  déplorer sa détention. Et l’ancien PM Modibo Sidibé, l’ancien ministre Konimba Sidibé et d’autres personnalités avaient même dénoncé la « crispation » que provoquait cette procédure contre Moussa Mara. Mais, pour la phase d’interrogatoires des enquêtes préliminaires contre Choguel Kokalla Maïga, l’on ne perçoit aucun intérêt des potentiels amis et anciens alliés politiques du mouvement M5-RFP. Et, pourtant, Choguel a longtemps été le fervent défenseur de la gouvernance vertueuse et de la lutte contre l’impunité. Une croisade oratoire qui l’a conduit à finir par marginaliser voire diaboliser la classe politique ou une partie non-négligeable de celle-ci, se croyant devenu le seul et véritable allié des militaires au pouvoir. Se faisant, Dr Choguel Kokalla Maîga semble avoir scié la branche sur laquelle il s’était assis à la primature de la Transition durant plus de trois ans. Dr Choguel Maîga n’était-il pas sereinement assis dans son fauteuil de chef du gouvernement de la Transition, au moment de la procédure judiciaire d’un certain feu Soumeylou Boubèye Maïga ? Ne glosait-il pas alors sur la politique de « lutte contre l’impunité », quand Boubèye, malade en détention, est finalement décédé ? Rien n’est moins sûr. D’où des supputations sur le sort du président du Comité stratégique du M5-RFP, qui voit ses soutiens et alliés l’abandonner, peu à peu.

C’est eu égard à cette désaffection du monde politique malien que les observateurs s’interrogent sur le sort qui sera réservé à l’ancien défenseur de la dictature de feu le Général Moussa Traoré. Qui sauvera le soldat Choguel ? La question reste sans réponse.

Boubou SIDIBE/maliweb.net