La sollicitation de l’Opposition pour rentrer dans le Gouvernement : Un aveu d’incapacité de la Majorité présidentielle à sortir le pays de l’ornière

L’Opposition est à la Démocratie ce que la racine est à l’arbre. Sans elle, elle tombe et se flétri. Pourquoi après le vote de la loi portant statut de l’Opposition, vouloir qu’elle se taise ou qu’elle participe à la composition du Gouvernement pour arrêter ses critiques ? Chat échaudé craint l’eau froide. Après l’expérience malencontreuse de la Démocratie consensuelle sous ATT, l’heure est désormais à la prise de conscience si un tant soit peu les acteurs politiques ont tiré des leçons de ce qu’on a qualifié  en son temps de « consensus démocratique à la malienne». Cette Démocratie consensuelle, qui intervint dix ans après les turbulences politiques dues à l’appétit vorace du Collectif de l’Opposition radicale regroupée au sein du COPO sous AOK fit au départ notre marque et notre fierté.  Mais aujourd’hui, elle a montré toutes ses limites surtout après les malheureux événements du 22 mars 2012 qui ont étalé au grand jour toutes les failles d’une telle construction politique. Va-t-on encore revenir en arrière avec cette sollicitation de l’Opposition ?  Soumaila Cissé, Tièbilé Dramé, Modibo Sidibé, Abdoulaye Amadou Diallo et Amadou Koita accepteront-ils la main tendue du Président de la République ? Est-ce le début d’un aveu d’incapacité de la Majorité présidentielle à sortir le pays de l’ornière ?

21 Sep 2015 - 00:26
21 Sep 2015 - 00:26
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[caption id="attachment_783332" align="aligncenter" width="620"]Les sages des mouvements d'autodéfense de Gao à la rencontre de l'opposition : «Abandonnés par l’Etat, nous soutenons nos jeunes qui nous défendent» Ahmadou A Diallo, Soumaila Cissé et Tieblé Dramé écoutant les jeunes au Cadre de concertation[/caption] Deux crises majeures ont secoué le Mali en 2012. Il s’agit de la crise politique consécutive au coup d’Etat de la junte militaire de Kati et la crise sécuritaire liée à l’annexion des 2 /3 du territoire par un conglomérat de groupuscules hétéroclites aux agendas et aux revendications antinomiques.  L’objectif était de détacher une partie du reste du Mali pour en faire un « no man’s land » sahélien où se côtoieraient narcotrafiquants, jihadistes et indépendantistes. Si la première crise a connu un dénouement heureux avec le retour à l’ordre constitutionnel avec l’élection du Président IBK et des députés à l’Assemblée Nationale, la seconde crise est loin de connaitre son épilogue à cause de sa complexité et surtout des intérêts géostratégiques des acteurs sur le terrain. C’est tirant les leçons de ce passé récent que tous les observateurs de la scène politique malienne sont arrivés à la conclusion qu’il fallait donner un sens à notre démocratie en permettant à la majorité élue sur la base de son programme de développement, de gouverner et à l’Opposition de veiller au grain, critiquer et surtout proposer des solutions alternatives pour la bonne gouvernance. Va-t-on alors fouler aux pieds ces principes sacro-saints de la Démocratie ? La réponse doit être que non car l’Opposition ne devrait jamais accepter de rentrer dans un gouvernement dont la gestion a été passée au crible et taxée de régime à scandales. En acceptant la main tendue du Président de la République, elle donnerait alors raison à ses détracteurs qui pensent que tous ces bruits n’avaient d’autres finalités que de se rapprocher du gâteau. Une telle naïveté politique risquerait fort bien de discréditer à jamais l’Opposition et l’alternance qu’elle souhaite incarner. Le Mali  vient de très loin et aucun sacrifice ne devrait être de trop pour sauver la Patrie en danger. Pour parler de Démocratie, il faut bien qu’il y ait une Majorité qui gouverne et une Opposition qui critique. Le Président de la République en tendant la main à l’Opposition pour un gouvernement d’union nationale, semble reconnaitre  par-là, qu’il y a une véritable incapacité de sa majorité à traduire en actes concrets les engagements de sa campagne. Penser alors que le salut ne peut venir que de la conjugaison de l’intelligence collective de toutes les forces politiques, toutes obédiences confondues, pour sortir le pays de son marasme politico-sécuritaire équivaudrait à une légitimation du combat politique de l’Opposition. IBK en prenant cette résolution d’un appel au secours désavoue non seulement sa majorité mais exprime surtout sa désapprobation des stratégies politiques menées jusqu’ici par son gouvernement. Plaise à Dieu d‘animer l’Opposition politique de sentiment patriotique d’oser refuser de venir à la soupe commune quand une bonne partie du peuple compte sur elle pour proposer une autre alternative à la gouvernance actuelle du pays. Youssouf Sissoko.

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