Mali : l’ancien Premier ministre Choguel Kokala Maïga placé sous mandat de dépôt pour « atteinte aux biens publics »

Votre maître Choguel, malgré l’estime que je peux avoir pour lui notamment pour ses efforts dans la mise en place de l’AES, n’est pas au-dessus de la loi. Alors, cessez de jacasser partout sur nos pages et attendez que la justice fasse son travail. À ma connaissance, il est mis en cause par le Vérificateur général, lequel a également le pouvoir de porter plainte. Son homologue du Burkina, lui, a été adoubé, et certaines indiscrétions laissent même entendre qu’il pourrait être nommé à la tête d’un institut. Il faut donc gagner en maturité et sortir de cette rhétorique consistant à toujours dire : « c’est la faute des autres ». Ici, il est question de notre pays, et non d’une affaire de personnes.

Dans un État de droit, la justice doit fonctionner selon trois principes : - Présomption d’innocence (garantie constitutionnelle et droit fondamental). - Procès équitable et transparent, avec respect des droits de la défense. - Indépendance de la justice vis-à-vis du pouvoir exécutif. Or, dans ce dossier : Le contexte politique (Maïga critique de la Transition et de la prolongation de cinq ans) laisse craindre que les poursuites puissent être instrumentalisées à des fins politiques, comme moyen d’écarter un opposant. L’arrestation de plusieurs anciens Premiers ministres et opposants (Maïga, Mara, Kaou Djim, etc.) suggère une tendance à criminaliser l’opposition au lieu de favoriser le débat démocratique. Une Transition censée préparer le retour à un pouvoir civil et démocratique semble au contraire prolonger son emprise, en restreignant les libertés politiques. Ainsi, de telles accusations de corruption sont juste des procès politiques, discréditant la justice et retardant le retour à la souveraineté populaire. La place d'un militaire est dans la caserne pas dans le palais du gouvernement.

Devant la déliquescence du pouvoir qui sévit depuis cinq longues années, une large partie de la population exprime son insatisfaction et appelle à un changement. Cette espérance s’est concrétisée, à ce qu’il semble, par l’opposition d’une frange significative de l’armée. Ce prétendu coup de force, qu’on nous dit jugulé, est une alerte. Le président de fait, général d’armée, ne pouvait se contenter de cette gesticulation. Il a fait appréhender l’une des figures les moins contestées du paysage politique, figure de prise de l’opposition à la junte, qu’il a pourtant servie à un poste entre tous éminent. Sans doute, après avoir beaucoup observé, s’est-il rendu compte qu’il ne servait pas l’État, mais un clan nuisible aux intérêts légitimes des citoyens. Depuis, les militaires ont trusté tous les pouvoirs. Aujourd’hui, l’ancien Premier ministre est mis sous mandat de dépôt dans des conditions décrites par son conseil, au terme d’une inculpation pour délits financiers, accusation tellement burlesque, si l’on considère les mœurs politiques de notre pays, qu’on est conduit à se demander si les gens de justice ont encore le sens commun. A moins, bien entendu, qu’ils aient été à ce point stimulés qu’il leur a fallu parer au plus pressé. Car il y a urgence. La pirogue prend l’eau…