Le PARENA et la Collaboration avec le Pouvoir : Tiébilé Dramé est-il un homme sincère ?

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Le président du PARENA, Tiébilé Dramé est-il un homme politiquement sincère ? La question mérite d’être posée quand on sait qu’à la veille de la présidentielle 2007, l’homme a sauté du navire du consensus politique en cours depuis 2002 pour le dernier wagon du train de l’opposition. L’attitude du bélier blanc est-elle surprenante? Pour répondre à cette interrogation, un regard rétrospectif sur l’histoire politique démocratique permet de comprendre qu’il n’est pas à son premier coup. En effet, il ne fait que reproduire avec ATT ce qu’il avait fait à l’ex-président Alpha Oumar Konaré devenu aujourd’hui son beau-père.

De l’amitié à l’adversité

Le président ATT comptait parmi ses alliés, le PARENA de Tiébilé. Le bélier avait voté, faut-il le rappeler, au deuxième tour en faveur de ATT. Le PARENA a participé au gouvernement par l’intermédiaire du Dr Moussa Balla Diakité au département de la jeunesse et des sports. Mieux, fidèle parmi les fidèles de ATT, le parti a été l’une des premières formations politiques à soutenir les Accords d’Alger.

En prélude à 2007, le PARENA a pris part à la rédaction de la première mouture de la plate-forme ADP qui soutient ATT, candidat à sa propre succession.

C’est dans le cadre de cette bonne collaboration que ce dernier a confié certainement au parti l’organisation du 23e Sommet Afrique-France tenu en décembre 2005 à Bamako. Ce qui aura permis au PARENA de souffler un peu sous l’ère ATT.

Malheureusement, c’est la gestion de ce même dossier qui sera à l’origine de la rupture entre le chef de l’Etat et le parti du bélier blanc. En effet, Tiébilé Dramé affirme être victime d’une “cabale orchestrée” par le Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga et ATT.

Or, à l’issue du sommet, comme le gouvernement croulait sous le poids des impayés, le Vérificateur général a demandé à entendre le principal responsable du comité d’organisation. Autrement dit, Sidi Sosso Diarra à interpellé Tiébilé Dramé sur sa gestion sans passer par le président de la République. Toutes choses qui ne constituent pas une entourse aux textes instituant le Bureau du Végal, donc entrent en droite ligne de ses attributions.

Malgré tout, Tiébilé Dramé a plutôt mal pris son interpellation par le Végal. Pour lui, en tant qu’ami et partenaire de longue date du président ATT, il ne méritait pas un tel sort. Tout porte à croire que le chef de l’Etat n’avait aucune raison de mettre les bâtons dans les roues de Tiébilé Dramé. Car, celui-ci ne constitue nullement une menace à sa réélection. Cela est d’autant plus vrai que Soumeylou Boubèye Maïga qui est aujourd’hui candidat a connu les mêmes problèmes avec l’organisation du sommet de la CEN-SAD en mai 2004. Pourtant, ce dernier ne s’est pas agité en criant sur tous les toits qu’il a été victime d’une “cabale”.

Dans tous les cas, mécontent, Tiébilé Dramé est plus que jamais dans la logique d’en découdre avec le chef de l’Etat. En témoignent les durs propos qu’il a tenus à l’endroit d’ATT pendant la campagne électorale .De prime abord, l’attitude du parti peut paraître surprenante. Mais à y regarder de plus près, on se rend compte que le PARENA a adopté le même comportement sous l’ère Konaréenne.

Le PARENA et le projet de révision constitutionnelle

Dans le cadre d’une gestion concertée du pouvoir, Alpha Oumar Konaré avait signé un pacte avec certains partenaires dénommé les PSPR. Le CNID, membres des PSPR, avait fait son entrée dans le gouvernement. Seulement, à cause d’un malentendu politique, le parti décida de retirer ses ministres du gouvernement. Mais certains cadres du parti se sont opposés à cette décision. Impossible de trouver un terrain d’entente, un groupe de dix cadres a claqué la porte du CNID pour créer le PARENA afin de continuer à collaborer avec le régime.

Membre très influent et de première heure de la CNDP , la mouvance présidentielle née pendant la crise politique consécutive à la débâcle électorale de 1997, le PARENA était ce parti, plus que l’ADEMA d’ailleurs, à soutenir, les yeux fermés, toutes les politiques entreprises par Konaré. C’est dans ce cadre qu’avait vu le jour le projet de révision constitutionnelle. Le PARENA avait participé, au sein de la CNDP , à toutes les étapes du forum politique et jusqu’à la table ronde autour du projet de révision constitutionnelle.

Contre toute attente, le parti fera une déclaration incendiaire contre le projet qu’il déposa sur la table de l’Assemblée Nationale par l’entremise de son président, Tiébilé Dramé, alors député élu à Nioro du Sahel.

Pour manifester son opposition au projet, le parti du bélier blanc déclarait : “Fille de la révolution démocratique de mars 1991, la 3e République a été fondée par la constitution votée par le peuple souverain du Mali le 12 janvier 1992 et (…) aucun secteur de la population n’avait appelé à voter contre la constitution lors du référendum. Elle demeure aujourd’hui le seul texte fondamental sur lequel s’accordent tous les acteurs politiques du pays…”

Cette déclaration fracassante du PARENA avait surpris plus d’un. En fait, l’attitude du parti s’expliquait vraisemblablement par la rupture de ses rapports avec le pouvoir Konaré.

En effet, ayant été déclaré persona non grata dans le nouveau gouvernement, car, le poste du ministre chargé de la promotion féminine qui lui était réservé, fut finalement retiré, l’opinion savait désormais que le mécontentement du PARENA vis-à-vis du gouvernement de Mandé Sidibé était sans limite. Et d’ailleurs, il n’avait manqué aucune occasion pour le manifester.

Alors, le PARENA venait ainsi de rejoindre le camp des opposants à la révision constitutionnelle conduit par le RPM. IBK et camarades( pour faire payer à Konaré son geste de “trahison” contre Ladji Bourama son dauphin naturel de 2002) incitaient le peuple à dire non au référendum constitutionnel. Car, selon eux, Konaré avait la secrète intention de briguer un troisième mandat, chose que la constitution lui interdit. Mais, Konaré soutient le contraire.

Entre le président de la République et son Premier ministre qui avaient travaillé ensemble sur le projet, qui croire et qui ne pas croire?

Sous la pression du COPPO, du RPM, de la société civile notamment le barreau et le SAM, Konaré fut contraint de surseoir au projet de révision constitutionelle. Et dire qu’aujourd’hui que le même PARENA milite au sein du FDR aux côtés du RPM d’IBK pour contester le scrutin du 29 avril dernier dont les résultats provisoires donnent ATT largement vainqueur!

Oumar SIDIBE
SB du 11 Mai 2007

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