Le secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), Siaka Diakité en compagnie de ses camarades, a animé hier mercredi à la Bourse du travail une conférence de presse. A l’ordre du jour, le point d’exécution des 28 revendications de la centrale syndicale, les préparatifs de son prochain congrès et surtout le fameux projet de reforme constitutionnelle se trouvant sur le bureau des honorables députés et qui sont prêt à le voter dans les jours à venir. Sans détours, l’UNTM a dit son opposition farouche à cette révision qu’elle qualifie de passage automatique de la 3ème République à la 4ème République, l’assimilant à la création d’une nouvelle constitution.
Face au projet de loi N°11-58\\4L portant révision de la constitution du Mali du 14 juillet 2011, les syndicalistes demeurent vigilants et mettent en garde le régime ATT. En tout cas, c’est ce qu’affirme le tout puissant secrétaire de l’Union nationale des travailleurs du Mali, Siaka Diakité, qui été pris de court dans l’affaire AMO (Assurance Maladie Obligatoire) devenue facultative contre toute attente, sur décision du Président de la République ATT, qu’il qualifie de pyromane et de violeur de loi. Siaka Diakité et sa clique reviennent à la charge en dénonçant le laxisme de l’Etat qui disent-ils, a atteint un seuil intolerable. Ils s’opposent aux 9 milliards francs CFA, que le gouvernement Khaïdama se prépare à dilapider dans une nouvelle constitution qui ne dit pas son nom, en cette période de vache maigre pour les fonctionnaires maliens. « Tel qu’il se présente, nous ne sommes pas en situation de reforme, mais plutôt de création constitutionnelle, dès lors que le nombre d’articles de la constitution de 1992 change. Ceci va nous faire passer à la 4ème République » a lâché M. Diakité. Toute chose qui en rajoute au courroux des syndicalistes contre cette reforme dont l’urgence ne se pose pas selon eux. « 9 milliards F CFA pour la révision constitutionnelle alors que depuis 2007 l’Etat ne songe pas à la révision des grilles salariales des fonctionnaires … » s’indigne Siaka Diakité qui s’interroge à savoir, si nous sommes dans une République. Il a ajouté que certaines attitudes de l’Etat sont inadmissibles surtout la dichotomie entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif par rapport aux lois et la mauvaise gestion notoire du gouvernement. Selon lui, l’UNTM reste attentive au destin de notre République qui est la 3ème en cinquante ans d’indépendance et aux évolutions qui doivent marquer la vie de ses institutions. La position de l’union est claire : « Pas question de la création d’une nouvelle République sans un débat approfondi en avant projet, tel n’a pas été le cas ». A en croire le premier responsable l’UNTM a été écouté malheureusement sur le projet fin prêt. Apres l’analyse de la situation par le bureau central au lieu que la nouvelle mouture de la constitution soit aille vers le progrès, c’est le contraire qui est observé : le recul quant à la forme républicaine, la laïcité, ainsi que le mode de révision de la constitution. Faisant référence à l’article 2 puisant dans la charte de Kurukanfuga qui « nous amène à l’empire, or nous sommes dans la République. C’est un recul historique. Article 6, enseignement public est gratuit dans les conditions déterminées par la loi, ça aussi est un recul par rapport à 92 » a fait savoir M. Diakité. Autre morceau choisi dans le projet de nouvelles institutions (parlement bicaméral, cour des comptes…) annonce selon lui la 4ème République. « Il faut avoir le courage de le dire » a-t-il ajouté.
« Si l’Etat ne cède pas face à cette création de constitution, nous avons notre masse, nous avons le territoire, nous avons les arguments et nous pouvons le faire » a-t-il martelé en mettant en garde ATT dans sa démarche inopinée et sans issue.
Parlant des 28 points de revendications de l’UNTM qui se trouvent sur la table du gouvernement depuis 2007 qui a fait l’objet d’un protocole d’accord dont le taux d’exécution n’a pas atteint jusqu’à présent 70%, Siaka a révélé que l’attitude du nouveau gouvernement de Mme Cissé fâche l’UNTM.
S’agissant de l’AMO, l’UNTM reste sur sa position et promet de ne pas fléchir. En prévision à la tenue du congrès en décembre prochain, les renouvellements des instances de base ont déjà commencé et le bureau central entreprendra dès aujourd’hui une tournée nationale.
Aliou Badara Diarra