Transition politique : De la démocratie à l'oligarchie !
«Quand tu prends le chemin de «je m'en fou»; tu te retrouverais sur le lieu de «si je savais»». Cette vérité ancestrale sied bien au spectacle qu’offre aujourd’hui la situation politique de notre pays.

En effet, avec l’ébullition d’une classe politique en perte de crédibilité, le soulèvement d’une jeunesse sans repère ni objectif précis, la détermination des généraux à tout faire pour ne pas laisser le pouvoir passer entre leurs mains et un peuple totalement pris au piège entre ces trois, nous nous permettons de nous poser la question ‘‘Où va notre pays, le Mali ?’’
Quand les Généraux, en son temps les colonels, ont fait irruption sur la scène politique pour renverser le défunt président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) en août 2019, pour se faire accepter par le peuple d’alors et pour masquer leur forfait puisque le coup d’État étant banni par la Constitution, ils déclarèrent qu’ils étaient venus parachever l’œuvre de ce peuple qui exigeait le départ du président IBK. Il est évident que ce propos des colonels d’alors a adouci les cœurs et suscité des convoitises mais, hélas ! ont -ils- été bien compris dans leurs propos ?
Aujourd’hui, à la vue de la tournure des évènements, nous pensons bien que cette question mérite d’être posée. Nous ne nous trompions pas non plus, si nous disons que la réponse est négative car, même le plus grand stratège de la scène politique, docteur Choguel Kokala Maïga, alors Premier ministre, s’est fait avoir en même temps que ses amis et compagnons du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Ce fut trop tard quand il s’en est rendu compte et les généraux n’ont pas hésité à l’éjecter de la primature puisqu’il devenait dangereux pour leur plan.
Ce propos des militaires a tellement été mal compris, qu’il a entraîné une certaine boulimie du pouvoir au sein de la classe politique qui a si vite oublié l’essentiel de son combat contre le régime du président Keïta. Chacun pensant que son tour est enfin arrivé, ils ont tous changé de posture pour être les plus fidèles soutiens de la transition. Comme le dit l’adage «Mieux vaut être avec le chef qu’être contre lui». Mais, c’était sans compter sur les militaires qui n’ont pas encore dévoilé ce qui serait leur véritable projet avec le pouvoir. Chacun voulant se montrer être le plus fidèle défenseur des militaires, chacun s'est mis à dénigrer chacun jusqu'à ce qu'ils aient tous perdu toute crédibilité aux yeux de ces derniers.
La politique de diviser pour régner a tellement bien réussi pour les généraux qu'ils peuvent aujourd'hui se frotter les mains en regardant les politiques se détruire entre eux. Pendant que cette classe politique s’entredéchirait, les militaires eux, ils préparent le terrain pour une confiscation du pouvoir sans partage, cela en s’attaquant au fondement même de la démocratie en violation de toutes les dispositions soient-elles règlementaires ou même constitutionnelles.
Pour ce faire, ils se servent des succès de l'armée sur les théâtres d’opération, pour fustiger les politiques et leur coller au dos la responsabilité de tous les maux que connaisse aujourd'hui notre pays.
Et pourtant, de l’avènement de la démocratie à nos jours, il n’a jamais existé un gouvernement cent pour cent civil ou politique. La gestion de ce pays a toujours été l’œuvre commune et des politiques, des technocrates se disant apolitiques et des militaires, alors s’il y a eu dérive, la responsabilité ne saurait être portée par les politiques seuls.
Cependant, malgré cette évidence, il se trouve qu’il y ait des hommes et des femmes de toutes les couches sociales, y compris celle politique, qui les encouragent, les soutiennent et les accompagnent dans leur campagne de désinformation, d'intoxication, voire de dénigrement à l'encontre des politiques. Est-ce par méconnaissance ou par vengeance ou par insouciance ou tout simplement par hypocrisie ? Allez savoir !
Sinon, comment ne pas voir et comprendre qu’en vous faisant décréter la dissolution des partis politiques et qu’en conditionnant la création d’un parti politique au paiement de 100 millions de Francs CFA et la présentation à l’élection présidentielle au paiement d’une caution 250 millions de Francs CFA, qu’on vous fait acter la fin de la démocratie et ouvrir ainsi la voie à l’oligarchie qui n’est que l’antichambre de l’autocratie, voire de la tyrannie, de la dictature des riches ?
Alors, nous estimons qu’il est temps, sinon grand que la classe politique se ressaisisse pour préserver l’essentiel au risque d’un recul amer et regrettable. La question, loin d’être pour la transition ou contre la transition, elle consiste à penser de manière objective et rationnelle, sans passion, ni rancune, l’avenir du seul pays que nous partageons tous, le Mali. Nous devrons tous nous imposer l’obligation de remplir notre devoir de génération pour un avenir meilleur pour la génération future.
Certes, tout n’a pas été rose avec les acteurs politiques de la démocratie mais, tout n’a pas été non plus catastrophique comme l’on veut nous faire avaler. Alors, faudrait- il jeter le bébé avec l’eau du bain ?
Nous dirons attention ! il ne faut pas que nous nous fassions absorber par nos haines, nos passions ou par le désir de sauvegarder nos intérêts égoïstes pour compromettre l’avenir commun. Comme le conseillait le sage «En abandonnant celui qui urine, l’on prendrait celui qui défèque».
Daouda DOUMBIA
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