Enlèvements, agressions et intimidations de journalistes : La Presse en danger

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Hier Abdourahmane Kéïta, directeur de la rédaction du bi-hebdo Aurore. Aujourd’hui Saouti Haïdara, directeur général du groupe Somapresse, éditeur de L’Indépendant et Bamako-Hebdo. A qui le tour demain ? Se demandent les journalistes qui n’entendent plus se laisser faire et n’excluent aucun moyen utile pour se défendre, mais surtout faire démasquer cet escadron de la mort afin que ses membres répondent de leurs responsabilités devant les juridictions compétentes.

 

Saouti Labass Haïdara, Dirpub L’Indépendant

Après le bouclage pénible de son journal, Saouti Labass Haïdara, directeur de publication de L’Indépendant et Bamako Hebdo, s’apprête à rentrer à la maison, ce jeudi 12 juillet 2012, aux environs de 20 h 30 mn. Dès qu’il mit le nez dehors, huit hommes en tenue civile, armés jusqu’aux dents, semblables à des mercenaires, débarquent au siège de la Somapresse, société éditrice des deux journaux. Ils font feu et enlèvent le patron. Leur rafale brise des vitres et laisse sur le mur dix impacts. Manu militari, les énergumènes l’embarquent dans leur véhicule pour le conduire sur la route de Ségou, non loin de Niamana.

Là-bas, en pleine brousse, loin des regards indiscrets, il sera molesté, bêtement et brutalement, à coups de cross et de brodequins. Il s’en est sorti, le corps en feu, l’avant-bras droit fracassé et une vilaine blessure à la tête. A 70 ans, comme pour le Pr Dioncounda Traoré qui a le même âge, les barbares qui n’ont cure du respect dû aux personnes âgées selon l’éducation africaine, se sont déchaînés sur lui comme s’il venait de bouffer leur totem.

Avant d’abandonner le tonitruant Saouti Labass Haïdara à plus de 200 m du goudron, le chef de cet escadron de la mort menace : «Vous les journalistes, vous nous emmerdez. Si vous déposez une plainte, nous vous tuerons la prochaine fois», avertit-il, comme si lui et son groupe sont sûrs de leur impunité pour avoir le temps de frapper de nouveau.

«Lorsqu’il a retrouvé ses esprits, raconte Moulaye Diarra, journaliste à L’Indépendant, il marchait en clopinant pour regagner la route. Par chance, une Sotrama est arrivée à sa hauteur. Le chauffeur était étonné de le voir seul à cet endroit et dans cet état piteux. Il croyait que Saouti était victime d’un accident ou d’une agression par des bandits, alors qu’il Il n’en était rien», précise notre source qui poursuit : «Une fois à bord du véhicule, le directeur explique son douloureux calvaire aux passagers. Ainsi, trois femmes lui prodiguent les premiers soins. Ensuite, il appelle sa famille qui est venue le récupérer pour le déposer à l’hôpital Luxembourg».

En raison de la nature gravissime de ses blessures, il a été évacué  à Dakar le lendemain. Dès son arrivée au Sénégal, la presse de ce pays qui le considère comme une de ses icônes pour y avoir servi pendant vingt ans, s’est indignée de l’agression et ne cesse de flétrir ce comportement aux antipodes de la société moderne.

Quelques jours auparavant, le directeur de la rédaction du bi-hebdo Aurore a été sauvagement agressé après avoir été enlevé de son véhicule aux abords de la Place Can, à l’ACI 2000, en plein Bamako, pour être conduit dans la zone aéroportuaire inhabitée où il a subi le même sort que Saouti Haïdara.  En plus d’être de vulgaires agresseurs, ils sont aussi des voleurs qui détroussent leur victime car Abdourahmane a été dépossédé de la somme de plus d’un million Fcfa qu’il partait remettre à sa sœur pour les besoins de son mariage prévu pour le lendemain. Là aussi, la même menace a été adressée au journaliste après l’avoir molesté. L’heure de l’opération a été presque la même que lors de la descente au bureau de Saouti Haïdara. Ce qui fait déjà penser au même groupe, qui se croirait peut-être en train de vivre réellement la fiction des films western dans lesquels les acteurs trouvent du malin plaisir à jouer aux pistoléros qui tirent sur tout ce qui bouge, sans foi ni loi.

Qui téléguide ce groupe armé, ces animaux sans queue ? Pourquoi cette barbarie ? Ces deux-là, à qui le tour ? Il y a des raisons profondes de trouver une réponse urgente à cette question. Mais vraisemblablement, ni l’un ni l’autre des agressions n’a produit rien, absolument rien qui puisse compromettre ces voyous et leur chef, voire leurs commanditaires.

Après cette seconde sortie musclée de ces bras armés, tous les regards sont braqués sur le capitaine Sanogo qui avait promis plus de sécurité, disons une vie meilleure aux maliens, pour justifier son coup d’Etat. Il doit tout faire pour mettre hors d’état de nuire cet escadron de la mort qui est aujourd’hui source de toutes les supputations, au point de voir en lui le commanditaire de ces crimes. Quoi de plus normal en raison de sa posture ?

En sens inverse, les langues les plus fourchues croient dur comme fer qu’une force noire peut certainement être à l’origine de ces agressions contre les journalistes pour discréditer le capitaine Amadou Aya Sanogo afin de le jeter en pâture à l’opinion nationale et internationale. En fait, le capitaine Sanogo représente, aux yeux des hommes politiques, un empêcheur de tourner en rond. Pour le déstabiliser à jamais, ils sont prêts à tout. C’est vrai ! Mais jusqu’à en arriver-là ?

Il faut juste reconnaître que toute vérité n’est pas bonne à dire. Seulement, il n’y a pas de liberté, fut-elle individuelle, sans liberté de presse. C’est dire que ces voyous à la solde d’on ne sait qui, pour le moment, ignorent comme les vaux, les tarés et les demeurés, que personne ne peut se passer du griot des temps modernes, du journaliste, sans lequel l’ordre républicain disparaît pour toujours. Alors, s’installe la jungle du plus malin, la loi du plus fort.

En un mot comme en mille, on ne peut arrêter les vagues de l’océan avec ses bras. Et la presse malienne, en pleine expansion, ne saurait se faire retarder par des voyous d’une autre époque.

Jo SOW et Lynx

 

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4 COMMENTAIRES

  1. Ces journalistes meritent ce qu’ils ont fabriqués pour tromper le peuple. Imaginez qu’un journaliste prend cinq cent mille (500 000) AVEC UN LEADER POLITIQUE POUR DESINFORMER LE PEUPLE, CELA EST INACCEPTABLE. SINON CERTAINS D4ENTRE EUX CRITIQUENT BIEN DANS LE BON SENS SANS ETRE INQUIETE CAR ILS RAISONNENT ET FONT BIEN LEUR TRAVAIL DANS LA DIGNITE.
    LE VRAI JOURNALISTE MET DE COTE SON APPARTENANCE POLITIQUE, TOUT LE MONDE SAIT QUE SAOUTI EST COLLE SINON LIE AU FDR ET FAIT LEUR JEU ET VOICI CE QU’IL A MERITE.

  2. Je ne suis pas pour la violence, cependant je regrette que les medias ont laissé ATT et sa troupe precipiter le Mali dans ce gouffre. Ils ont leur part de responsabilité dans ce bordel! Et puis les actes d’agression envers les journalistes n’ont pas commencé aujourd’hui. Alors pourquoi ne pas continuer à “la fermer” comme ça toujours été le cas? Si c’est trop dur pour vous…changez de metier!! :mrgreen: les medias ne servent pas à grande chose au Mali.
    😀

  3. TOUS LES MALIENS DOIVENT JOINDRE LA PAROLE AU GESTE APAISANT OU L’INVERSE

    Bonjour,

    La liberté de la presse et la liberté d’expression, en général, sans exagérations, sont équivalentes à la liberté de la nation. D’où leur importance.

    Les journalistes doivent jouer un rôle de premier plan en conscientisant sans dérapage et en communiquant sérieusement pour éveiller les Maliens sur ce qu’il ne faut pas faire et sur ce qu’il faut faire pour une transition apaisée et pour contribuer à sortir le Mali de la crise.

    Chers frères et sœurs, faut-il rester dans l’indifférence face au danger qui guette la presse et face au journaliste, Saouti Labass Haidara, Directeur de Publication du quotidien L’Indépendant, qui a été agressé et gravement blessé ?

    Il est important que ce journaliste soit sauvé par les Maliens car le monde entier regarde cette non assistance des Maliens à un frère en danger.

    Le Mali était connu pour sa solidarité et son humanisme, ces aspects doivent être pérennisés en sauvant ce journaliste.
    Le gouvernement de transition ne doit pas rester insensible à ce cas très grave.

    En plus du communiqué que le gouvernement du Mali a fait pour présenter ses regrets à la presse et pour l’inviter à poursuivre son engagement en faveur de la paix et d’une transition apaisée, un geste du gouvernement de transition, en sauvant ce journaliste d’une amputation de la jambe, sera très significatif.

    Les Maliens s’en souviendront, comme de celui que le gouvernement a décidé de faire en envoyant une délégation à Gao voir la famille de Idrissa Oumarou, élu local et Enseignant à Gao, dont la mort a provoqué la révolte des jeunes de Gao suivie de l’affrontement entre le MNLA et les islamistes du MUJOA.

    En cette période très difficile, les Maliens doivent être unis et solidaires pour vaincre leurs problèmes et la crise qui mine le Mali et qui risque de le faire imploser.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
    E-mail: [email protected]

  4. Pourquoi les voyous sont encagoulés?

    Incursion d’individus armés et non identifiés dans les locaux d’Africable, transformation de l’Ortm en champ de bataille de la honte loin de Tombouctou, lâches enlèvements  des directeurs de publications et des journalistes et atteintes graves à leur intégrité physique par des individus encagoulés et armés du matériel de l’armée malienne.

    Mes chers amis, ça pourrait être Liberia ou Mogadiscio des années 90 mais malheureusement c’est Bamako de 2012.

    Mais ne nous trompons pas, les intentions sont claires, ces actes de voyous n’ont qu’un seul objectif, faire taire les maliens et les soumettre à des bidasses qui ont raté leur vie.

    Mais ces bidasses fuyards de combats au nord et pilleurs à Bamako doivent savoir que le Mali est une grande nation qui n’est pas née de la dernière pluie.

    Nous avons combattu, les mains nues sans l’aide de l’ONU et de l’OTAN, il ya 21 ans le régime sanguinaire du Général d’armée Moussa Traoré pour ouvrir la porte de la liberté et surtout de la liberté d’opinion et d’expression au peuple malien.

    Aujourd’hui, la constitution du Mali confère à chaque citoyen malien ce droit inaliénable.

    Si jamais quelqu’un pour une raison ou une autre ose ôter ce droit aux maliens, il ne couterait rien au peuple souverain du Mali de le booter hors du Mali fut elle la garnison de Kati.

    Mais le métier de journaliste est un métier qui se pratique avec une déontologie dont le respect est une obligation pour chaque journaliste.

    Du moment où un journaliste enfreint la loi ou se rend coupable de diffamations,  de diffusion des ragots, ceux qui se sentent lésés par de telles allégations doivent porter plaintes auprès des juridictions prévues à cet effet.

    Nul ne doit et ne peut faire justice soit même dans un état de droit.

    Nul ne peut faire usage de son arme de service sans en être mandaté dans une mission clairement définie par sa hiérarchie.

    Alors partant de là, pourquoi des individus encagoulés et armés courent encore les rues à Bamako pour faire la police du journalisme?

    Qui se cache dernière cette Gestapo?

    Ce n’est pas au ministre des sports de rendre visite au journaliste agressé Saouti Haidara, mais bien le ministre de la sécurité intérieure et il devrait être assez honnête pour l’expliquer de vive voix comment il ne contrôle pas cette bande de militaires hors la loi.

    Mes chers amis, pour porter les tenues militaires et prendre des armes et des véhicules dont tous est payés, y compris les soldes des individus encagoulés, par les impôts des contribuables maliens, et aller agresser gratuitement ces mêmes contribuables, il faut deux choses:

    -1. Il faut que la formation du soldat soit ratée.
     Le centre d’instruction n’a pas su l’expliquer comment fonctionne la république et quelle est la place du soldat dans la république.
    Pire l’éthique du soldat, le sens du service, la discipline militaire et le patriotisme ont été survolés et mal assimilés.

    -2. La vie militaire et la vie tout court du soldat est devenue une simple anecdote pour qu’il s’en prenne gratuitement à un individu désarmé et âgée d’une soixantaine d’années parce qu’il a fait son travail.

    Alors au gouvernement de Cheick Modibo Diarra, qui est friand de l’audit, voila une matière à auditer:

    – Comment sont menées les formations de nos porteurs d’uniformes dans nos centres d’instruction?

    -Comment sont contrôlées les différentes unités armées dans nos garnisons?

    En attendant le résultat de ces audits si jamais les ayatollah du contrôle de l’action publique osent aller jusqu’au bout de leur logique, la justice doit faire son travail pour arrêter et punir sévèrement toutes ces tentatives d’assassinats sur des citoyens désarmés dans  l’exercice de leur fonction avec usage déshonorant  de matériel public à des fins malhonnêtes et criminelles.

     

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