Forum mondial des médias et des groupes de réflexion du sud 2025 : Imposer le multilatéralisme comme principe de la refondation des relations internationales
Kunming, capitale de la province du Yunnan (sud-ouest de la Chine) a abrité du 5 au 7 septembre 2025) le Forum mondial des médias et des groupes de réflexion du Sud 2025.

Plus de 500 délégués venant de 110 pays de différentes régions du monde y ont participé. La rencontre a été rehaussée par la présence, entre autres, des responsables officiels, des chercheurs, des dirigeants, des experts de médias et de centres de réflexion, ainsi que des journalistes. C’est une initiative de l’agence de presse « Xinhua », du comité provincial du Yunnan, du Parti communiste chinois, ainsi que le gouvernement populaire de cette province. « Le Matin » était au rendez-vous de Kunming grâce à une invitation de Xinhua.
« Synergie du Sud pour répondre aux défis mondiaux » ! Tel était le thème du Forum mondial des médias et des groupes de réflexion du Sud 2025. Une initiative de l’agence de presse « Xinhua », du comité provincial du Yunnan, du Parti communiste chinois, ainsi que du gouvernement populaire de cette province à laquelle ont participé plus de 500 délégués venant de 110 pays de différentes régions du monde. Dans son intervention à la cérémonie d'ouverture, le président de l’agence de presse « Xinhua », a mis l’accent sur la nécessité de conjuguer les capacités de recherche des pays du Sud global, d’utiliser les mécanismes d’échange multilatéraux et de mobiliser les forces motrices en vue du développement et de la prospérité de toute la région.
« Face à une situation in¬ternationale marquée no¬tamment par des tensions géopolitiques, ce Forum se veut un socle pour une civilisation de paix, d’interaction, d’unité et de coopération, afin de construire et de partager un avenir commun pour l’humanité, fondé sur la sécurité et la prospérité », a souligné M. Fu Hua. Il a souligné l'importance de renforcer la recherche et la diffusion d'idées importantes tout en tirant parti des mécanismes d'échange multilatéraux, pour exploiter pleinement le potentiel du discours et de mobiliser les forces motrices du développement et de la prospérité du Sud global.
Au Forum de Kunming, M. Fu Hua a aussi plaidé pour le multilatéralisme, un système de relations internationales permettant d’atteindre des objectifs communs en s'appuyant sur des règles et des institutions communes. Malheureusement, il se heurte aujourd’hui au retour du protectionnisme (depuis l’élection de Donald Trump aux États-Unis) et à sa contestation par des puissances impérialistes. D’où l’urgence de réinventer un système de gouvernance pour répondre aux défis mondiaux, tels que le changement climatique et les crises humanitaires, en favorisant à nouveau l'inclusion et la solidarité. Ces dernières années, la Chine a beaucoup défendu le multilatéralisme au nom de la paix et de la sécurité internationales.
Ce qui se comprend aisément parce que ce principe impose aux États de respecter la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale les uns des autres, de prendre au sérieux leurs préoccupations légitimes en matière de sécurité ; de résoudre leurs différends par le biais de la compréhension mutuelle et de l'ajustement, et progresser vers « un consensus plus large à travers le dialogue et l'engagement ». Le multilatéralisme vise aussi à amener les pays dits « Grands » à établir des ponts pour le dialogue et la coopération, « au lieu d'attiser ou d'alimenter les tensions et d'inciter à la confrontation ». C’est un principe cher au Sud global dont les pays ont majoritairement souffert « d'invasions, de colonisation et de pillages ».
Ainsi, aucun pays ne « comprend profondément la valeur de la paix » que ces États. Ils font ainsi du multilatéralisme « une force stabilisatrice, constructive et progressiste au milieu des changements tectoniques dans le monde ». Pour le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, « le multilatéralisme n'est pas une option, mais une nécessité pour reconstruire un monde meilleur, plus égalitaire, plus résilient et plus durable ». Selon de nombreux experts de la gouvernance mondiale, « l’approche universelle du multilatéralisme permet aux nations de faire face aux défis mondiaux complexes ». Ils font donc du multilatéralisme « un outil d'administration publique et d'un état d'esprit, d'une façon de faire les choses ».
Avec comme centre de gravité philosophique, « Ensemble, nous sommes plus forts », les Nations unies forment « l'épine dorsale du système multilatéral contemporain, servant de plateforme de dialogue, de coopération et d'action collective ». Et cela d’autant plus que le multilatéralisme est essentiel pour aborder les questions mondiales comme la paix et la sécurité, le changement climatique, le développement durable et les droits humains. Autant de défis auxquels une grande partie des pays du Sud global sont confrontés dans leur quête d’émergence socioéconomique. On comprend alors aisément que ce principe ait été farouchement défendu par M. Fu Hua, président du Xinhua.
Quant au chef adjoint du Département de l'information du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), Hu Heping, il a rappelé que, récemment proposée par la Chine, l'Initiative pour la gouvernance mondiale fournit des orientations importantes pour que les pays du Sud global réforment conjointement le système de gouvernance mondiale. Il a surtout manifesté son optimisme par rapport à la capacité du forum de renforcer la communication et les échanges entre les médias et les groupes de réflexion. Ce qui est de nature à aider ainsi les pays du Sud global à consolider leur coopération dans un contexte de transformations mondiales et à construire ensemble un meilleur avenir.
Il a souligné l'importance de renforcer la recherche et la diffusion d'idées importantes et de tirer parti des mécanismes d'échange multilatéraux pour exploiter pleinement le potentiel du discours et de mobiliser les forces motrices du développement et de la prospérité du Sud global. Dans une allocution vidéo diffusée lors de la cérémonie d'ouverture, Melissa Fleming (sous-secrétaire générale des Nations unies chargée de la communication mondiale) a appelé à « des efforts conjoints » pour renforcer la durabilité mondiale et les échanges interculturels, rétablir l'équilibre de l'écosystème mondial de l'information et intégrer « l'intégrité dans la sphère publique en ligne ».
Le Forum de Kunming constitue le deuxième événement international de ce type. Le tout premier forum a eu lieu en novembre 2024 dans la ville de São Paulo, au Brésil.
Moussa Bolly
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Développement du Global Sud :
Les médias appelés à jouer « une forme puissante de diplomatie » !
Résonner les voix du Sud, faire connaître ses civilisations et ses vitalités pour consolider les intérêts ! Ce sont les attentes du Sud global par rapport aux médias de la région. Autrement, le journalisme doit se mettre au service d’une diplomatie engagée en faveur de l’émergence d’un nouvel ordre mondial. « Nous croyons que le journalisme fondé sur la dignité et la vérité est une forme puissante de diplomatie. Nous reconnaissons également l’importance de construire des partenariats solides entre les médias et les centres d’analyse. Créons ensemble des plateformes qui unissent le savoir académique et les compétences journalistiques, afin que le dialogue entre les civilisations dépasse le cadre des déclarations pour devenir une pratique quotidienne », a déclaré Narine Nazaryan, directrice de l'agence de presse Armenpress, au « Forum mondial des médias et des groupes de réflexion du Sud 2025 ».
Ainsi, les médias et les think tanks (groupes de réflexion) du Sud global sont appelés à « explorer les possibilités de coopération » dans des domaines tels que le renforcement du partage d'informations, la promotion des échanges de personnel et la diffusion efficace des récits du Sud global. Xinhua, selon son président Fu Hua, est prête à travailler avec les médias et les groupes de réflexion pour renforcer les échanges entre les médias et approfondir la coopération dans des domaines ci-dessus mentionnés. Elle est également prête à produire davantage de rapports de groupes de réflexion de haute qualité et exploitables afin d'offrir des perspectives et des recommandations pour le développement de la coopération des pays concernés avec la Chine.
À noter que, en tant qu’agence de presse nationale de la Chine, Xinhua a pour ambition (à travers des initiatives comme le Forum mondial des médias et des groupes de réflexion du Sud 2025), de créer et de fonder sur des bases solides un réseau partenarial de communication conjointe entre les pays du Sud global. Le lancement officiel de ce réseau a d’ailleurs été annoncé au cours de la conférence. Il pourrait rassembler plus de 1 000 médias (dont Le Matin), think tanks et autres institutions issus de 95 pays de différentes régions du monde.
Moussa Bolly
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