Leurs camarades s’en souviennent !
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Amadou Koita[/caption]
Le 23 septembre 2006, de retour de la célébration du 46e anniversaire de l’Indépendance de notre pays, fête couplée à l’inauguration de l’emblématique Pont de Wabaria à Gao par le Président Amadou Toumani Touré, 22 jeunes de la jeunesse du Mouvement Citoyen périssaient dans un accident de la circulation aux environs de San. Des disparitions tragiques, compte tenu de l’âge des défunts et surtout qu’ils venaient juste de célébrer le Mali, qui ont ébranlé toute la République.
La grande mobilisation qui fut celle des autorités de l’époque et d’une opinion nationale choquée reste encore mémorable. Et pour cause : ces 22 jeunes de la jeunesse du Mouvement Citoyen ont été inhumés en “héros nationaux”. Leurs camarades, écœurés et inconsolables depuis l’évènement tragique, auraient aimé que la flamme allumée en leur mémoire à l’époque ne s’éteigne jamais, que leur sacrifice pour le Mali soit toujours reconnu.
Hélas, si court est l’esprit humain, que seuls Amadou Koïta et ses compagnons de lutte continuent de se souvenir des sacrifices de leurs compagnons de route, et de perpétuer leur mémoire par des cérémonies de recueillement et de prière. Un rite auquel ils se soumettent chaque 23 septembre, et cela depuis 7 ans.
C’est dans ce cadre qu’ils s’étaient retrouvés le dimanche 23 septembre 2013 au cimetière de Hamdallaye où gisent leurs camarades pour se recueillir et aussi pour désherber leurs tombes. Un rituel qui prit fin par une séance de bénédictions dans la matinée. Dans l’après-midi, ils se retrouvèrent encore, après la prière de 16 heures, pour une séance de lecture de Saint Coran, implorant dieu le tout puissant pour le repos des âmes de leurs camarades disparus.
Pour Amadou Koïta, lui et ses compagnons auraient failli à leur responsabilité et toute dignité de vivre s’ils venaient à oublier le martyre de leurs camarades disparus, qui ont consenti jusqu’au sacrifice ultime pour l’honneur et la dignité du Mali.
Dans ses propos pour honorer la mémoire de leurs camarades, Amadou Koita a déclaré: “Tant que nous continuerions à respirer de l’air, nous nous imposerons ce devoir de mémoire pour nos camarades qui sont morts dignement pour une cause juste, celle du Mali. A savoir s’ils sont vraiment morts, car le poète a dit: “les morts ne sont pas morts, ils sont dans l’eau qui coule, dans le vent qui frémit… Ils sont dans l’air que nous respirons…”. Nos camarades fauchés à notre affection ne sont donc pas morts, ils sont en chacun de nous, ils sont en tous les jeunes du Mali, car leur combat, c’était pour une jeunesse responsable et responsabilisée au Mali. Une jeunesse affranchie, consciencieuse de ses rôles et missions dans la construction d’un Mali digne et démocratique, un Mali prospère dans une Afrique unie et solidaire. Ce combat, nous la continuerons Inchallah et d’autres, j’en suis sûr, prendront la relève. Comme on dit, les hommes passent, le peuple reste !”
Adama S. DIALLO