Hommage à Thomas Sankara : Sank, ou la patience des morts

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Une pièce de théâtre d’Aristide Tarnagda, dramaturge, comédien et metteur en scène burkinabé, publié en 2016, retrace la révolution de la Haute Volta devenue le pays des Hommes intègres par le capitaine Thomas Sankara qui l’incarne. Dans son ouvrage, il décrit le Capitaine Thomas Sankara comme celui qui incarne et dirige la révolution du 4 août 1983 qui l’amène à la présidence du pays dont il change le nom : la Haute-Volta, nom issu de la colonisation, devient le Burkina Faso, pays des hommes intègres. Il s’attaque rapidement aux puissances étrangères qui continuent à exploiter les richesses de son pays, et plus largement de l’Afrique. Il est assassiné le 15 octobre 1987 lors d’un coup d’État organisé par celui qu’il considérait comme son frère, Blaise Compaoré. Le meurtre vient d’avoir lieu quand la pièce commence.
Mais Thomas Sankara se relève et témoigne de son parcours, de ses dernières heures, de ses derniers combats et de son rêve révolutionnaire auquel il a sacrifié sa vie de famille. Il accepte le sort qui lui est réservé avec l’espoir de sauver la révolution. Édité par Lansman, le livre « Sank ou la patience des morts » est paru le 1er août 2016.

Pour rendre hommage à ce brave révolutionnaire qui a inspiré et qui continue d’inspirer même après sa mort, de jeunes acteurs et artistes, tous sortis du conservatoire Balla Fasseké Kouyaté ont incarné les personnages du l’ouvrage « Sank ou la patience des morts ». Il s’agit de Awa Bagayogo (initiatrice) dans les rôles de metteuse en scène, de Chantou la femme de Blaise, de Mariam la femme de Thomas et celui de la maman de Thomas ; de Fama Mademba Sacko dans le rôle de Blaise, de Drissa Camara dans le rôle de Thomas Sankara, de Moulaye Cissé dans celui du blanc, du banquier et du soldat et Fatima Maïga dans le rôle de la chanteuse. Nina Prisca a assuré le rôle de l’assistante mise en scène, la lumière a été par Aïssa Soumaré, le son par Kassim Dagnogo, Mohamed Diarra qui a joué le scénographe, Sékou Kallé pour la production et Amadou Diabagaté a assuré l’audiovisuel.

Cette initiative de rendre hommage à Sankara a été soutenue par Ciné droit libre, l’Institut français et le Conservatoire Balla Fasseké.

C’est avec ardeur et réelle fierté que les jeunes artistes ont incarné à la perfection et joué les rôles respectifs pour la mise en scène de cette pièce afin de rendre hommage au capitaine Thomas Sankara, qui pour eux, continue d’être une icône, une source de motivation et d’inspiration même après sa mort.

La salle de l’Institut a refusé du monde pour cette première présentation de la pièce mise en scène. Au milieu de la scène, dans sa magnifique robe, assise avec sa guitare, la jeune chanteuse Fatima Maïga a accompagné la pièce avec des intermèdes d’une tonalité et d’une voix mielleuse, apaisante, du début jusqu’à la fin. À sa gauche, vêtu de sa belle tenue militaire avec les manches toujours pliées, calot rouge, se trouvait le capitaine Sankara. Le nez dans ses papiers, toujours focalisé sur ses discours révolutionnaires carrément et complètement incitatifs. Sur la droite, passif, essayant de trouver des solutions, le jeune Blaise sous pression, réfléchissant à son frère et aux propositions du blanc pour éliminer son frère. Et la belle Awa dans ses différentes postures et multiples incarnations a fait des sorties fracassantes, toutes réussies. D’abord dans le corps de Mariam, la femme de Thomas qui pleure son mari, qu’elle ne voit plus, ensuite dans celui de Chantou, la femme de Blaise, la femme frivole qui en demande trop à son pauvre mari et pour finir dans celui de la maman de Blaise, qui interpelle son enfant, le suppliant de revenir à la réalité.

Ladite pièce a été montée en seulement deux semaines. Chaque année, un hommage est rendu à ce grand homme. Cette année qui a coïncidé avec le procès de son assassinat le lundi 11 octobre et qui d’ailleurs a été reporté pour le 25 octobre pour des raisons de pièces au dossier, se veut une célébration particulière. Un procès qui d’ailleurs s’est rouvert le 25 octobre dernier.

 

Aminata Agaly Yattara

(envoyée spéciale)

 

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