Maliens expulsés du Gabon : La Honte

[caption id="attachment_921032" align="aligncenter" width="700"] Photo à titre illustratif[/caption] Tous les Etats africains ainsi que leurs ressortissants, manifestent et à grand bruit leur indignation quand les fils du continent désespérés sont refoulés et renvoyés par les pays Européens au motif qu’ils sont irrégulièrement sur leur territoire. Pourtant, nombre de pays africains expulsent quotidiennement d’autres africains pour les mêmes motifs. Avant de réclamer la solidarité des autres, ne faut-il pas d’abord être solidaire avec soi-même ? En effet, ce sont 129 maliens qui viennent d’être expulsés par la République sœur du Gabon. Ils sont arrivés à Bamako le 11 août dernier, après 4 jours de voyage à bord de 2 bus. Leur ‘’crime’’, c’est de n’être pas munis de cartes de séjour qu’impose le pays de feu Oumar Bongo Ondimba. Selon le porte parole des rapatriés, Cheiknè Dramé, les autorités gabonaises leur reprochent de ne pas posséder de cartes de séjour alors qu’elles ont arrêté la délivrance du document depuis près de 3 ans. « Seuls ceux qui sont munis d’un visa ou d’une autre autorisation de circuler peuvent s’en procurer », déplore-t-il. Il a aussi dénoncé une manœuvre des autorités gabonaises pour expulser les ressortissants de l’Afrique de l’ouest. « Comme nous ne sommes pas chez nous, nous sommes contraints de nous conformer à leur loi. Parce que, si l’accès à ce document était aussi lié à l’argent, aucun d’entre nous ne sera ici dans ces conditions », dira Mr Dramé. Le chef de cabinet du ministère des Maliens de l’extérieur Mme Sidibé Mahawa Haidra a pour part assuré nos malheureux compatriotes de l’accompagnement du gouvernement pour la prise en charge sanitaire, alimentaire et leur acheminement vers leurs destinations. Cependant dira-t-elle, « l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Nous devons comprendre qu’aller à l’extérieur, demande de mettre en place certaines conditions. Le gouvernement fera ce qu’il à faire, mais que les compatriotes comprennent que la migration a des règles et des principes qu’il faut respecter ». Mme Sidibé a toutefois reconnu que, même si certains ne respectent pas les règles édictées, il faut que la question soit cernée dans une certaine solidarité entre les pays africains. Solidarité, le mot est lâché ! Il faut croire en effet, qu’en Afrique, le mot solidarité a perdu tout sens au niveau des pouvoirs publics et même entre simples africains. Qui ne se souvient pas du cas récent en Afrique du Sud où des centaines de ressortissants du Zimbabwe, du Mozambique, du Soudan ont été chassés comme des rats, battus (souvent à mort) par des sud africains qui ont en plus détruit tous leurs biens ? Aussi, récemment, la Guinée Equatoriale a elle aussi expulsé plus de 200 maliens au motif qu’ils étaient illégalement installés sur son territoire. La République Démocratique du Congo en a fait de même (là aussi des maliens étaient concernés) il y a quelques semaines. A ceux-ci s’ajoute, le Gabon qui a procédé au rapatriement de 460 immigrés. Parmi eux, 130 Maliens, 84 Burkinabé, 60 Sénégalais, 40 Togolais, 38 Nigérians, 20 Béninois, 8 Ghanéens et 3 Gambiens. En somme, pas un jour ne passe sans que des africains ne soient expulsés d’un pays africain. Tout cela, se passe en silence et devant l’indifférence totale de l’Union Africaine et des dirigeants du Continent. Curieusement, tous les Etats africains ainsi que leurs ressortissants, manifestent à grand bruit leur indignation quand les fils du continent désespérés sont refoulés et renvoyés par les pays Européens au motif qu’ils sont irrégulièrement sur leur territoire. Pourtant, nombre de pays africains expulsent au quotidien d’autres africains pour les mêmes motifs. Avant de réclamer la solidarité des autres, ne faut-il pas d’abord être solidaire avec soi-même ?   Djibril Kayentao