Selon Dr. Moussa Coulibaly, sociologue, les Maliens dans leur grande majorité ont finalement décidé d’en référer à leur riche culture pour en extraire ce qui faisait la solidité des grands empires du passé. C’est pourquoi, dit-il, “l’unanimité a été faite sur la nécessité de considérer les dispositions de nos us et coutumes comme moyen de prévenir les conflits et de les gérer”.
Aux yeux du sociologue, le Dialogue national qui vient de rassembler les Maliens de toutes les sensibilités a abouti à des recommandations qui ont passé en revue l’ensemble des préoccupations de nos concitoyens, au regard des thématiques retenues qui ont mobilisé les forces vives de la nation.
Selon lui, des mesures de réparation par rapport à la situation des victimes des conflits et celle des réfugiés jusqu’au règlement à la base des conflits communautaires, le dialogue n’a épargné aucun sujet de la nation. Il encourage le dialogue entre les communautés tout en mettant l’accent sur la nécessité de dissoudre les milices et en même temps envisager leur réinsertion. “Loin de s’inscrire dans une dynamique de répression, les recommandations ciblent les mesures qui portent les germes de la refondation tant attendue par les Maliens”, précise-t-il.
Dr. Coulibaly ajoute que malgré l’offensive et la montée en puissance de l’armée qui n’est plus discutable depuis la prise de Kidal et la neutralisation de hauts cadres jihadistes jadis activement recherchés, il a été mis un accent particulier sur la nécessité de dialoguer avec tous les mouvements armés.
Pour lui, ce dialogue avec les mouvements armés ne doit nullement être un frein à l’intensification de la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme. En dehors du terrain militaire, le dialogue doctrinal avec les groupes armés en vue conduira à la dé-radicalisation progressive. Cette mesure, à ses dires, “vise une déconstruction des idées sans fondement qui justifient la violence”.
Notre sociologue estime, par ailleurs, que la mission de l’école en plus de l’expansion du savoir, s’étendra à la culture de la paix par l’enseignement de nos valeurs socioculturelles et par la culture d’un esprit de civisme et de patriotisme. “Le Mali est à une phase de son évolution où l’information saine doit être cultivée. C’est la raison pour laquelle le contrôle efficace des réseaux sociaux a été pris en compte par les recommandations”, dit-il.
A l’instar de l’Afrique du Sud de Mandela qui a réussi le pardon et la réconciliation, le dialogue a recommandé l’institutionnalisation d’une journée du pardon. Cette mesure, à en croire Dr. Coulibaly, aura certainement un impact sur la réconciliation des cœurs et des esprits car chaque peuple qui a souffert le martyre en a besoin.
A l’en croire, ce dialogue est une feuille de route qui passe en revue les enjeux de l’assainissement de la sphère religieuse qui a besoin d’être recadrée pour jouer efficacement sa partition. Elle doit s’écarter du militantisme politique avec un contrôle du discours des prêcheurs.
La bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et la moralisation des nominations aux hautes fonctions qui ne sont pas de nouvelles exigences ont largement été abordées. Cette lourde mission assignée aux autorités de la Transition retient toujours l’attention des Maliens.
Par rapport à l’avenir immédiat de la Transition, notre sociologue estime que la révision de la charte s’impose comme une nécessité vitale. “Cette révision permettra de mettre fin aux multiples interprétations qu’on en fait. Si les interprétations sont nombreuses, les vœux d’une grande majorité de Maliens sont connus”, dit-il. Il s’agit de la poursuite de la Transition et de la candidature du colonel Assimi Goïta pour parachever les nombreux chantiers dont la réalisation permettra au pays d’atteindre ses objectifs de développement économique et social.
Toutefois, Dr. Moussa Coulibaly admet que le dialogue se tient dans un contexte de crises énergétiques, crise perçue comme le talon d’Achille de ce renouveau en chantier. Parmi les alternatives envisagées, le dialogue préconise le développement et la diversification des sources d’énergie.
Sur ce dernier point, les regards sont tournés vers le solaire qu’il faut exploiter. Pour Dr. Coulibaly, ce dialogue doit être perçu comme une opportunité pour la relance économique et sociale et la mise en place d’institutions crédibles. Ses recommandations doivent être perçues comme une main tendue à toutes les forces vives de la nation.
Ibrahima Ndiaye