Parole aux femmes : Les femmes se prononcent sur la crise et formulent des vœux pour le pays

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Actrices du développement, les femmes sont aujourd’hui si préoccupées par la crise malienne qu’elles sont mobilisées depuis et ne ratent aucune occasion pour participer aux questions liées à cette crise.

Qu’est-ce les femmes pensent des derniers développements de  cette crise ? Quel est leur souhait pour 2013 ? Des femmes ont donné leurs avis par rapport à ces questions, entre autres.

-Mme Oumou Touré, Présidente de la CAFO

Mme Oumou Touré

A mon avis de femme, la situation générale du pays est déplorable et inquiétante parce que nous avons compris que les forces en présence ne sont pas toujours en cohésion. Cela inquiète beaucoup les femmes, dans la mesure où toutes ces violences très graves que nous n’avons jamais connues dans notre société touchent les femmes. Nous avons été aussi déçues par rapport aux acteurs. Nous pensons qu’à un moment donné de la vie d’une Nation, surtout quand la crise qu’elle traverse des problèmes, tous les enfants du pays doivent se mobiliser pour faire face à ce problème. Je pense que ce n’est pas le moment. Ce que les acteurs ne nous ont pas montré avant dans leur formule stratégique de dire qu’ils vont gérer le pays dans un consensus, je pense que c’est maintenant que c’est valable pour être consensuel pour sauver notre pays. Nous les femmes ne pouvons pas accepter qu’en ces moments, il y a eu des problèmes de gouvernance où chacun de nous est responsable car la situation qui est arrivée est comptable pour chaque Malien. Nous pensons que c’est regrettable et qu’au moment où nous faisons le mea culpa, des forces se lèvent pour dire qu’elles ne sont pas d’accord : ce n’est pas le moment. Mon souhait est que quand on a tout perdu, il y a la culture. Aujourd’hui, on a tout perdu, il faut qu’on revienne à nos valeurs sociétales positives qui veulent que quand il y a le feu en famille, c’est toute la famille qui se réunisse pour l’étendre avant de situer les responsabilités. Je souhaite que tous les Maliens se retrouvent pour se réconcilier et se mobiliser pour faire face au défi actuel que traverse notre pays divisé en deux et où des populations du Nord souffrent amèrement et où, sur les plans national, sous-régional et international, nous avons perdu beaucoup de crédibilité, pour un pays qui était cité en exemple, même si on n’avait pas une démocratie parfaite, on avait une démocratie citée en exemple. Je souhaite que les Maliens se ressaisissent, qu’hommes, femmes et jeunes, qu’ils soient en ville ou dans le monde rural ou dans la ville, qu’on s’unisse autour d’un mouvement populaire pour l’unité nationale, pour retrouver la paix, la stabilité,  surtout pour retrouver notre territoire. Ce sont là mes vœux ardents. Que Dieu sauve le Mali.

 

Mme Touré Safiatou Traoré, Député élu en Commune III, Présidente de la commission Santé à l’Assemblée nationale

Je pense que nous sommes en train d’aller vers une sortie de crise. Mais pour moi, l’élan qu’on a pris ne devrait pas se casser. C’est-à-dire depuis qu’on a parlé de guerre, les rebelles se sont attelés à aller voir le Médiateur de la crise malienne pour parler de négociation en disant qu’ils ne voulaient pas la guerre. J’aimerai qu’on continue avec ce processus de préparation de guerre. Comme on le dit, celui qui veut la paix prépare la guerre. S’ils reconnaissent qu’ils sont Maliens, tant mieux pour eux. Avec toutes les atrocités commises là-bas, c’est humiliant pour l’humanité toute entière. Mais reconnaître sa faute en est une autre. S’ils arrivent à reconnaître leur faute en  présentant leurs excusent au peuple malien, c’est un peuple qui n’a pas de problème, il pardonne facilement. C’est vrai, ce peuple a traversé beaucoup de crises, mais moins graves que celle-là. Mais on sait pardonner. Il est grand temps que les fils de ce pays s’asseyent pour discuter et trouver une solution pour une sortie de crise honorable. Je demande à tout un chacun de mettre ses ambitions personnelles de côté et de penser à l’avenir de ce pays. Nous n’avons que le Mali comme pays. Nous avons intérêt à aller ensemble. Je dirai vivement 2013 pour qu’on sorte de ce mauvais souvenir de 2012. L’année 2012 a été une année fatidique pour le Mali. Que l’arrivée de 2013 soit celle de la paix au Mali, de la réconciliation, de l’unité nationale et de la cohésion pour le peuple malien. Ce sont mes souhaits pour 2013.

-Mme Ascofaré Oulématou Tamboura, Présidente du Réseau des femmes parlementaires, Député élue à Téninkou,

Comme chacun le sait, le Mali traverse la plus grave crise de son histoire. Depuis l’éclatement de la crise, la communauté internationale et les Maliens se sont mobilisés. Il y a des fortunes diverses qu’on connait puis ue la crise institutionnelle s’étant ajoutée à la crise sécuritaire. La résolution de ces deux crises s’est présentée assez difficile pour les Maliens parce que tout le monde a d’abord été surpris. Après ces moments de surprise, chacun s’est organisé au plan national. Les associations de la société civile, les partis politiques, les citoyens tout court se sont organisés et continuent de s’organiser pour gérer cette crise parce qu’il y va de l’honneur et de la survie du peuple malien. Nous sommes encore dans la recherche de solutions. L’événement que nous attendons le plus, c’est la Résolution des Nations Unies. Il est évident que le Mali seul ne peut pas faire face à cette crise. Cette Résolution est donc très attendue pour mobiliser les troupes de la CEDEAO et d’autres pays qui vont nous aider sur le plan de la logistique pour bouter dehors les narcotrafiquants, les islamistes et les bandits armés. Les Maliens aussi doivent se retrouver pour gérer définitivement ce problème du Nord. Il est important que notre pays reste uni, que nous soyons une véritable Nation et qu’on puisse gérer tous les problèmes à l’intérieur. J’espère que la Résolution va venir et l’option militaire me paraît inévitable même s’il faut procéder par le dialogue. On n’exclut pas le dialogue, mais les deux doivent se faire concomitamment. Et nous n’allons jamais dialoguer avec les islamistes, ni avec les narcotrafiquants, ni avec les bandits armés, ni avec des frères égarés. Il faut qu’ils se repentent, qu’ils reviennent à la maison pour qu’on puisse parler. J’espère au plus profond de moi-même que cette crise va trouver un dénouement heureux. Il est important que nous puissions évoluer sur le plan institutionnel. Les élections doivent se tenir. Une transition trop longue peut être aussi source de beaucoup d’autres dangers. Dès que les conditions sont réunies, il faut le gouvernement actuel s’attèle à cette tâche. Réunir toutes les conditions, avoir un fichier correct, propre et crédible pour pouvoir faire des élections transparentes. C’est cela qui va définitivement nous permettre de sortir de ces deux crises pour enfin nous engager dans des questions de développement. Nous sommes un pays pauvre, mais un pays engagé, un peuple courageux qui, s’il est réellement bien géré, peut relever les défis. Les Maliens sont courageux et fiers et aiment leur pays. Pour 2013, je formule des vœux de santé pour tous les Maliens et pour  un Mali libéré, cohérent et uni.

-Mme Sidibé Diaba Camara, groupe Pivot droits et citoyenneté des femmes

J’avais eu peur à un moment donné. Actuellement, ce que je constate, c’est que le dialogue est en train de se fructifier parce que tant que les hommes ne dialoguent pas ensemble et ne parlent pas le même langage, cela peut poser des problèmes. Ce que je vois ces dernières semaines, c’est que je peux dire que nous sommes en train d’évoluer. Je suis donc optimiste, mais j’ai également une petite inquiétude. Pour que la transition puisse aller de l’avant, il faut absolument qu’on implique les femmes à tous les niveaux de développement. Le coup est déjà parti par rapport à la composition du gouvernement : 3 femmes sur 30. Mais je pense que les services centraux, l’Etat malien et le gouvernement peuvent se rattraper en mettant en place des femmes qui sont capables de contribuer au développement  et à la bonne marche de la transition, surtout dans la médiation en matière de paix et de sécurité. Les femmes sont suffisamment outillées par rapport à cela. Nous avons de l’expertise. Il faudrait qu’ils aillent dans nos documents. Le groupe Pivot a eu à constituer l’Alliance des femmes pour un Mali uni et le forum des femmes, tout cela avec le Réseau des femmes paix et sécurité dans l’espace CEDEAO, l’antenne du Mali. A travers ces différents groupements, les femmes ont fait des manifestes. Tous ces documents sont disponibles et méritent une exploitation judicieuse des uns et des autres afin de pouvoir avancer si vraiment on a envie d’avancer. Il est bon qu’on sache que la femme a également l’expertise nécessaire et qu’on doit prendre en compte tout ce que nous formulons comme analyse de la situation et tout ce qu’on donne comme expertise en matière de développement de notre pays. Mon souhait pour 2013, c’est que la paix revienne au Mali, que nous puissions récupérer notre territoire et aller de l’avant, que des élections paisibles soient organisées, que les partenaires au développement reviennent. Je souhaite que l’année 2013 soit plus  fructueuse, que le développement et les droits des femmes soient plus effectifs. Je veux voir 2013 sans problème, avec paix, sécurité et une autosuffisance alimentaire.

Salimata Fofana

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