La crise actuelle que traverse le Mali, contrairement à l’appréhension collective, tire ses origines de plusieurs facteurs à la fois historiques et géopolitiques. Les différentes interventions sur la question n’abordent que partiellement le sujet, ôtant le plus souvent au débat toute sa quintessence. Dans cette interview exclusive avec l’ambassadeur Gakou, nous tentons de relever le défi de l’objectivité en abordant le problème du nord dans une dimension plus large et prenant en compte tous les aspects (social, politique, géographique, économique et culturel). Des racines de la crise au développement du phénomène islamiste dans notre pays, en passant par la responsabilité de nos dirigeants politiques et le processus militaire de reconquête en cours : les révélations et solutions de Bandiougou Gakou sont interpellatrices et pleines d’enseignements…Une interview à lire absolument !
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Bandiougou Gakou[/caption]
Maliweb.net : Quelles sont les racines de la crise sécuritaire actuelle que connait le Mali ?
Bandiougou Gakou : La crise actuelle a deux origines relativement anciennes et trois causes plus ou moins contextuelles.
La première origine, que l’on peut considérer lointaine concerne nos conditions d’accession à l’indépendance. En pleine période de guerre froide, face à un monde occidental dressé comme un seul homme contre l’ennemi communiste, nous avons voulu avoir et la liberté et le communisme ! C’était sous-estimer la dynamique en cours qui visait tout spécialement, à fragiliser, à déstabiliser ou à étouffer toute manifestation estimée à risque dans cette mouvance nuisible. Tous les pays ‘’communistes’’ grands ou petits faisaient l’objet d’un traitement approprié : parfois brutalement, cas du Congo de Patrice Lumumba, parfois de façon très raffinée, en soutenant les minorités, et dans des cas extrêmes en organisant les rebellions armées comme en Afghanistan contre l’URSS. Chaque cas était traité jusqu’au bout. Le Mali ne pouvait échapper à la règle. Ainsi, bien que les populations du Mali aient épousé ce vouloir vivre en commun depuis le 14
ème siècle au sein des différents empires qui ont forgé l’histoire commune d’un peuple multiethnique, voici qu’avec une Indépendance jugée délétère, naquît subitement la première rébellion touarègue conduite par Alahdin ! Le Soudan français devait alors payer cher son option socialiste.
La deuxième origine de fond est relative à la violation d’un Pacte national de bon sens. Le Mali multiracial, avait le devoir d’organiser systématiquement le brassage permanent des populations. De cette façon, les fonctionnaires originaires du Sud devaient servir l’Etat au centre et au Nord du pays, et ceux du Nord devaient servir au centre et au Sud. Rappelons que militaires, gendarmes et policiers sont tous des fonctionnaires. Depuis plus d’une décennie, cette règle raisonnable est violemment sacrifiée, par qui ? Un général de surcroit ! Pour qui ‘’les nordistes connaissent le terrain désertique du Nord, il faut donc les maintenir dans le Nord ‘’Ainsi le clivage prémédité ou inconsciemment mûri était tout tracé contre tout bon sens et toute dynamique saine de l’Histoire !
Qu’en est-il alors des causes contextuelles ?
Bandiougou Gakou : Quand aux causes contextuelles, nous pouvons mener les réflexions sur trois facteurs essentiels dont la crise algérienne, la situation en Libye et bien entendu la responsabilité du Président ATT.
En ce qui concerne la crise algérienne, premièrement, il convient de rappeler que depuis l’anéantissement de la rébellion armée dans ce pays frère, et le repli dans le Sahara malien des formations terroristes du GIA devenu GSPC puis AQMI, le Mali n’a engagé rien de rassurant contre les terroristes repoussés par l’Algérie. Au contraire depuis l’an 2003, avec l’arrivée des premiers refoulés de l’Algérie, nous avons adopté une attitude laxiste jugée inamicale par notre puissant voisin qui nous accusait avec raison de donner un asile confortable à tous ceux qui perpétraient des attentats sur le sol algérien. Ce laxisme n’a jamais cessé d’être dénoncé à l’échelle internationale.
Secundo, il faut noter le reliquat de la crise libyenne et les relations extérieures de Kadhafi qui furent complexes. Le recrutement et la formation de Jihadistes déversés sur le front du Hezbollah libanais ou sur le front des Talibans afghans ont pu attirer beaucoup de jeunes Touaregs, Kadhafi étant lui-même Touareg autoproclamé à ses heures. Ses relations avec le Mali n’ont jamais été entièrement décryptées. Commanditaire de terrorisme ou pacificateur, l’homme a toujours surpris. Mais la crise interne va le surprendre et surprendre tout son gisement de terroristes. Les combattants touaregs partis en masse grossir les rangs de ses troupes se sont vite rendus à l’évidence d’une chute inévitable et ont tenté de rejoindre les rangs adverses pour combattre Kadhafi ! (apprécions au passage la fourberie), puis ont préféré tirer partie des superbes armes laissées sans preneurs, qu’ils s’agissent de celles provenant des arsenaux du Guide ou de celles parachutées par un Sarko revanchard (étant donné que le clan Kadhafi se proposait de rendre publics des documents obscurs de financement). Ces armes volées ont été largement
ADMISES au Mali, aux mains des rebelles, après avoir franchi paisiblement deux frontières. De son coté, le voisin de l’Est a pu faire réceptionner les siennes par son armée à l’entrée de son territoire. Chez nous l’accueil des rebelles avec leurs armes a été applaudi. Mieux, une récompense leur fut décernée !
Tertio, notons l’angoisse d’une fin de règne. La perspective de fin de mandat a provoqué un véritable désarroi au sommet de l’Etat provoquant des faits, gestes, attitudes et décisions décousus. Tantôt la Constitution est en cause, il faut la réviser à la va-vite, et en fin de mandat ; tantôt on brandit une exigence d’harmonisation des calendriers électoraux nécessitant une prolongation de deux ans du mandat présidentiel. De rumeurs en rumeurs maladroitement distillées, on tâtonne aux seules fins de préparer l’opinion à une nécessaire prolongation de mandat. On tourna sans fin autour du pot par crainte d’une brusque contagion du vécu nigérien. Seul un arrangement par voie de droit serait acceptable. Mais où trouver cette voie, cette solution providentielle ? Les attaques rebelles du mois de janvier, la prise d’Aguelhok puis de Tessalit et la mollesse très remarquée de la réaction du pouvoir ainsi que les traitrises découvertes ont convaincu le tout Mali de la fabrication de circonstances empêchant la tenue des élections. Ainsi fut précipitée la chute violente du pouvoir
ATT. La chute violente d’un régime même pourri laisse entrevoir des brèches et les rebelles royalement invités au préalable ne se privèrent pas de s’y engouffrer en masse, donnant une dimension planétaire à la crise. Le traitement planétaire devint alors incontournable.
Quel jugement portez-vous sur l’intervention française dans notre pays ?
Bandiougou Gakou : Raisonnons à l’absurde. Les troupes rebelles prennent possession du Mali ; installent un pouvoir théocratique : un arabisant francophobe est installé à Koulouba (pas nécessairement celui qui s’y préparait et se mettait déjà dans cette peau); revalorisent la langue de l’envahisseur au détriment du français ; s’en prennent aux Zawiyas jugées hérétiques ; ferment bars et restaurants ; pillent et cassent les hôtels qu’ils s’approprient ; volent les banques et distribuent des dirhams à la place du CFA …. Etc. Le Mali disparait. Un Sultanat lui succède. Il s’ensuit alors deux évidences : 1°) Le Mali, l’Afrique de l’Ouest avec le grand Nigeria, le monde francophone, tous sombrent dans l’humiliation et le déshonneur. Ce qui arrive au Mali ne va-t-il pas arriver aux autres voisins dans la même indifférence ? 2°) La France en aurait pris pour son grade et pour sa grandeur laquelle ne doit se conquérir qu’en dehors de l’Hexagone dixit le Général De Gaulle. Voici que son Empire culturel s’effrite ; la voila qui lâche un allié, un ami, La voila qui ne rassure plus, qui va faire craindre toute coopération utile avec elle. Adieu … Adieu … la France. Tout cela, c’est de la politique fiction. Pourquoi ? Parce qu’il y a un homme appelé François Hollande, perspicace, efficace, courageux et intègre à qui notre patrie doit sa survie dans l’honneur. Et étant donné que le code d’honneur du Mali exclut l’ingratitude, je crois tout simplement que cette intervention française est une bénédiction divine et que le Mali saura rendre à François Hollande témoignage de sa reconnaissance.
Quelle est votre analyse sur la mobilisation internationale vis-à-vis du Mali ?
Bandiougou Gakou : Sur ce plan, l’agréable surprise est venue du monde arabe quand les Emirats Arabes Unis se sont engagés à supporter l’effort de guerre du Mali contre le terrorisme international. La surprise désagréable est enregistrée chez le voisin du Nord qui mène sur son sol une guerre implacable contre le terrorisme mais qui abrite, assiste et appuie le terrorisme chez l’autre. Que le diable emporte le Mali ? Comment l’Algérie peut-elle l’accepter ? Pourvu que l’Algérie reste en paix ! Ce seul raisonnement lui suffit-il ? Il est vrai que dix ans de guerre civile et cent cinquante mille morts, cela peut provoquer des traumatismes. Mais pour autant l’Algérie et le Mali ne peuvent pas se tourner le dos. Une histoire commune, la religion et la géographie ont leurs exigences.
Quels regards portez-vous sur la classe politique malienne ?
Bandiougou Gakou : La classe politique malienne n’est pas étrangère au pourrissement de la situation intérieure. Il s’agit bien évidemment de celle ayant tenu les rennes du Mali pendant tout le temps que le terrorisme s’y implantait et narguait le pays avec des complicités politiques évidentes. J’appartiens moi-même à un parti politique qui a péché par des comportements larbins très écœurants. Ma conviction personnelle est que, au nom de l’éthique, ces partis au pouvoir doivent avec humilité s’amender et exprimer publiquement un mea-culpa : demander pardon au peuple avant de se redéployer pour la reconquête du pouvoir. Le peuple mérite qu’on le respecte.
Quelles sont vos solutions face à la crise actuelle :
Bandiougou Gakou : Le Mali ne saurait se soustraire à la realpolitik. Nous ne sommes plus dans le tintamarre des années d’indépendance. La réalité est que le Mali a besoin d’une puissante base militaire amie dans le Nord, une base dans la logique hollandiste de dignité. Aussi, rétablir l’unité du pays demeure la nécessité absolue. Les enfants égarés qui n’ont pas de sang sur les mains feront bon retour au bercail. Les criminels devront impérativement être jugés à moins qu’ils demandent pardon publiquement et que ce pardon soit accepté par le peuple. Le cap de la décentralisation doit être sauvegardé malgré ses difficultés réelles. Ne l’oublions pas, le Mali, c’est la Côte d’Ivoire plus la Guinée, le Sénégal, le Burkina Faso, le Benin, le Togo en terme d’espace à aménager. Le rejet de toute idée de partition est urgent à faire valoir. Les frères Touaregs qui s’agitent, sont moins de la moitié du quart de la population de la zone-nord du pays. Quelle communauté internationale aveugle va vouloir sacrifier les peulhs, les arabes, les sonrais ou les dogons pour une minorité si criarde ? Les Etatsuniens ou les Sud-Africains vivent bien leur multiracialité. Le mouvement indépendantiste touareg par son attitude raciale s’est disqualifié de toute prétention.
Un jugement cinglant rendu il y a quatre mille ans, lui donne une réponse exacte et claire : celle qui accepte le partage de l’enfant n’est pas la mère de l’enfant : proclamation du prophète Salomon. L’authentique propriétaire du sol n’évoquera jamais son partage. Même les envahisseurs islamistes n’ont pas osé réclamer la terre qui n’est pas la leur ! Toute idée de partage est synonyme d’usurpation.
Que pensez-vous du phénomène islamiste au Mali ?
Bandiougou Gakou : Dans sa genèse véritable, l’Islam politique est né également en période de guerre froide. Dans tous les pays musulmans socialistes, les mouvements associatifs islamiques ont été poussés à lutter contre le pouvoir en place et ont bénéficié de financements substantiels à cet effet. Les Frères Musulmans sous Nasser, le F.I.S. algérien, les Talibans, tous ont été pris en charge dans le cadre de cette lutte, parfois aveugle, menée au nom des valeurs. Même l’U.C.M (union culturelle musulmane) née dans le socialisme de Modibo Keita a été appuyée. Mais au Mali, la véritable implantation du salafisme débuta sur base de financements systématiques des mosquées et medersas acceptant de faire l’option de la nouvelle doctrine wahhabite. En effet, quand en 1930, l’unité de l’Arabie féodale fut réalisée sur base du wahhabisme, la monarchie se trouva isolée au plan doctrinal et décida de sortir de cet isolement. Le seul moyen sûr et rapide d’y arriver était d’ouvrir les vannes financières. Ainsi des budgets colossaux bâtis sur la zakat du royaume étaient annuellement révisés à la hausse dans ce but. Dès les années 50, une véritable ruée vers ces fonds saoudiens est engagée au Soudan français. Plus tard Kadhafi tentera de prendre le contrôle des mosquées du Mali. De Tombouctou à Ségou, de Kidal à Kidira, les centaines d’imams et prêcheurs furent ainsi fidélisés sur fonds Kadhafi au moyen d’un traitement mensuel conséquent distribué toujours par avance. La prédication pakistanaise par Tabligh et Da’wa amplifiera le phénomène religieux malien au cours des années 2000 et le pays sera sillonné de long en large pour la transmission du message. Mais quel message ? Pourquoi défoncer une porte déjà ouverte, les régions sillonnées étant déjà islamisées ? Un processus subtil de coordination et de convergence s’intensifia avec la construction d’un immense centre de propagande appelée Markaz ce qui signifie textuellement lieu de centralisation ou de convergence. Il est érigé en bonne place dans Bamako. Son bailleur de fonds connu un certain Iyad, est le patron d’Ansardine. Ce qui est visiblement recherché, c’est une unité d’action arrangée par les visiteurs et acceptée par les musulmans du pays, du Nord au Sud. Il n’est pas acceptable ni raisonnable de vouloir islamiser des musulmans. Il faut donc proposer un Islam spécial, qui détruira l’Islam soufie enseigné par le Saint Prophète très solennellement à travers la cérémonie initiatique appelée cérémonie du manteau. Mais, pour interpréter les textes sacrés, y aurait-il meilleur interprète que le Saint Prophète lui-même et les plus proches compagnons qui lui ont succédé à la tête de la Cité-Etat de Médine ?
Le Calife Omar, au pouvoir deux ans après le Prophète, ne ‘’ coupait-il ‘’ pas la main des voleurs en leur faisant des dons en nourriture ? Il était le deuxième des quatre califes qualifiés orthodoxes (Rachidun) par le Prophète qui précisa que tout acte de ces quatre premiers successeurs est nécessairement agréé par le Seigneur et conforme à l’Islam pur. Mieux, pour interpréter un hadith authentique : ‘’ couper la langue du médisant ‘’ (ou du calomniateur), le Prophète n’a-t-il pas enseigné publiquement qu’un cadeau adapté fait mieux que le sabre ? Par analogie ne peut-on pas examiner le cas de la main à couper ? La triste réalité est que les Jihadistes venus en masse dans le désert pour récupérer un pouvoir conquis par le F.I.S. algérien en 1992 mais qui lui fut volé, ont du mal à reconquérir ce droit, tant la politique de la carotte et du bâton est subtilement exercée par les seigneurs de la casbah. L’invasion du Mali n’était pas au programme mais est une opportunité qui s’est offerte et qu’il fallait saisir.
Quel traitement radical entrevoir face à cette situation ?
Bandiougou Gakou : Le rétablissement d’un pouvoir démocratique véritable est plus que jamais une nécessité et une urgence. La situation actuelle est une alerte en direction de la classe politique qui ne devra plus jamais baisser la garde. Il lui appartiendra de tirer avec perspicacité tous les enseignements et toutes les leçons à partir des faits en cours pour que le Mali retrouve sa fierté. Ce qui est terrible, ce n’est pas de tomber. Ce qui est terrible c’est de ne pas pouvoir se relever, précisa un jour Nelson Mandela plein de sagesse.
Interview réalisée par : Fousseyni Maiga, rédaction Maliweb.net
FORMATIONS :
Né le 28 Avril 1946, Monsieur Bandiougou Gakou est originaire de Banamba, une ville située dans la région de Koulikoro. Après l’obtention en 1965 de son Baccalauréat en série Mathématiques-élémentaires au Lycée français du Caire et un Diplôme de langue arabe à l’Ecole des langues du Caire, l’homme s’envole pour la France où il obtient en 1969 une licence en Sciences Economiques à l’Université de Lyon. Dans la même année, il décroche une deuxième licence en Sciences Po à l’Université St Joseph de Beyrouth. En 1970, Bandiougou Gakou sort Major de sa promotion pour l’obtention de son Diplôme d’Etudes Spécialisées de doctorat en Sciences Economiques à l’Université de Dakar et celui de Planification Economique à l’IADEP. En 1975, il obtient sa Thèse de doctorat en Economie des pays en développement à l’Université d’Aix-en-Provence en France et un diplôme d’Analyse Macro-économique à l’Université du Michigan aux Etats-Unis.
EXPERIENCE PROFESSIONNELLE :
DE 1970 en 2010, Monsieur Bandiougou Gakou a occupé plusieurs postes et responsabilités sur le plan national qu’international. Il fût respectivement Chargé d’Etudes à la Direction Nationale du Plan (1970-71), Directeur des Etudes de l’E.N.A. (1971-73), Premier Directeur General de l’I.P.G.P. (Institut de Gestion) de 1973 à 1978 et Ministre du Plan - Gouverneur de la Banque Mondiale au titre du Mali de 1978 à 1979. En plus de ces différents postes sur le plan national, l’homme a également occupé des fonctions de hautes responsabilités à l’échelle internationale : Expert Consultant ONUDI – CEAO – FOSIDEC (1979-81), Directeur national du Projet PNUD/FAO (1981-83), Représentant du Mali au sein du Comité des Eminentes Personnalités de la CEDEAO dans le cadre de la Révision institutionnelle (1991-92), Contrôleur d’Etat au Contrôle General d’Etat (1994-98), Ambassadeur du Mali en Iran (1998-2003), Conseiller Diplomatique du Premier Ministre (2003-2008) et Administrateur Provisoire de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (2008-2010).
Il est l’auteur de deux ouvrages : ‘’L’Inflation malienne’’ en 1970 aux éditions A. Pedone et ‘’ISLAM et Démocratie : Le Onzième Commandement’’ en cours d’édition aux Presses Universitaires du Mali.