Abdoul Fatah Cisse, Directeur General de la Maison du Hadj : "Cette année, nous avons pu relever le défi de l'organisation du Hadj, car tous les pèlerins sont partis sain et sauf avec leurs bagages sans problème"
"Nous avons bénéficié du soutien sans faille du ministre Koné et de l'ambassadeur d'Arabie Saoudite"

Dans une interview qu'il bien voulu nous accorder, le directeur général de la Maison du Hadj ,Dr. Abdoul Fatah Cissé fait le bilan de la campagne du Hadj, fait un focus sur l'amélioration du voyage et du séjour aux Lieux saints de l'Islam. Les relations de son institutions avec le ministère des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes, Dr Mahamadou Koné et l'ambassade du Royaume d'Arabie saoudite, Abdullah Saleh Saber ont été également évoquées.
Aujourd'hui Mali : Nous sommes au terme de cette campagne du Hadj-2025, quelles sont vos premières impressions ?
Abdoul Fatah Cissé : Je suis très content, satisfait des résultats obtenus cette année parce que le Hadj s'est bien passé à tous les niveaux. Certes, il y a eu des manquements, des difficultés inhérentes à toute œuvre humaine, mais il faut tout de même admettre qu'un travail colossal a été fait. D'abord avant le départ des pèlerins avec l'inscription, l'accomplissement des formalités administratives, le bilan de santé, les programmations de vol, la validation du contrat. C'était difficile, mais nous avons pu relever le défi, car tous les pèlerins sont partis sains et saufs avec leurs bagages sans problème. Aujourd'hui, je peux confirmer que tout s'est très bien passé pour le Mali pour le Hadj-2025.
Certains pèlerins ont évoqué par le passé le manque d'effectif de toilettes et la qualité de la restauration, est ce que ces détails ont été résolus ?
Tous ces détails ont été entièrement résolus : transport aérien, transport urbain… Rien n'a manqué aux pèlerins maliens à Minah, Arafat et Muzdalifah. Tous les repas étaient servis à temps avec la qualité et la quantité. Rien n'a manqué. Tout ce que nous avions eu comme problème l'année dernière a été résolu cette année à 100 %. Les témoignages de nos pèlerins et ceux des agences de voyage à Minah, Arafat, Muzdalifah sont réconfortants. Aussi il y a deux ou trois ans on ne parle même plus des difficultés de restauration et de toilettes.
Comment vous êtes parvenus à régler ces problèmes ?
Le sens de l'écoute et la bonne collaboration avec nos partenaires ont permis de régler ces problèmes. Il y avait des intermédiaires qui ont été enlevés dans les systèmes et nous avons surtout avec nos partenaires saoudiens beaucoup insisté sur la qualité des services. Pour votre information, ces partenaires saoudiens sont même venus ici au Mali, nous avons évoqué les difficultés auxquelles les pèlerins étaient confrontés à Minah, Arafat, Muzdalifah, notamment dans les domaines du transport, la restauration, les toilettes. Ils ont promis de résoudre et ont tenu parole.
Dans l'organisation de ce Hadj quels sont les rapports de la Maison du Hadj avec le ministère des Affaires religieuses et l'ambassade d'Arabie saoudite ?
La Maison du Hadj est un organisme personnalisé, un Etablissement public à caractère administratif (Epa) placé sous la tutelle du ministre des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes. Le ministre est le président du conseil d'administration de la Maison du Hadj. On lui rend compte de tout ce que nous faisons. Tous les résultats que nous avons obtenus aujourd'hui c'est grâce aux soutiens et l'accompagnement du ministre des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes Dr. Mahamadou Koné qui nous a facilité les opérations. Il nous accompagne dans tout ce que nous faisons.
Avec l'ambassade de l'Arabie saoudite, nous avons de très bonnes relations, l'ambassade nous facilite tout. Je rends un grand hommage à l'ambassade d'Arabie saoudite notamment l'ambassadeur S. E. M. Abdallah Saleh Saber, qui marche sur les traces de son prédécesseur avec qui on a collaboré 5 ou 6 ans. Tout s'est bien passé et cela continue. Pour rappel, chaque fois qu'une agence avait des problèmes ont se référait à l'ambassade qui débloquait aussitôt la situation. L'ambassade nous accompagne dans toutes les opérations du Hadj.
Vous avez une idée sur le quota attribué au Mali ?
Le quota attribué au Mali c'est 13 323 pèlerins dont 11 323 pour la filière privée et 2000 pour la filière gouvernementale. Et sur ce quota, 500 places ont été données aux Maliens établis à l'extérieur. C'est pour qu'ils puissent rester là-bas et aller directement en Arabie saoudite.
Au niveau de la Maison du Hadj, nous établissons les visas pour les leur envoyer. C'est le même quota de l'année passé qui est maintenue cette année 2025. Pour 2026, le quota n'est pas encore attribué, on attend toujours. Mais la campagne est lancée. C'est peut-être dû aux difficultés qu'on a eues la campagne passée. Ils attendent de voir réellement ce qu'on va faire pour nous attribuer le quota.
En votre qualité de délégué général au Hadj, quels sont vos rapports avec les agences de voyages privées, ont-elles respectées les clauses du contrat qui vous lient ?
Les promoteurs des agences de voyages sont nos proches collaborateurs. C'est eux qui transportent la majorité des pèlerins. Et 11 323 pèlerins sont gérés par les agences privées. Nous avons de très bonnes relations de collaboration. Nous travaillons avec la commission des agences de voyages dans un cadre de concertation pour discuter de tout ce qui peut y avoir comme difficultés pour résoudre cela. En Arabie saoudite, seul l'Etat est reconnu. C'est le délégué général qui représente tout le monde. Il répond au nom de l'ensemble des pèlerins maliens, l'ensemble des organisateurs du Hadj du Mali. Du coup tout se passe à travers le délégué général.
La digitalisation du Hadj et le respect du chronogramme saoudien sont désormais des passages obligés. Que conseillez-vous aux uns et aux autres en termes de respect de délai ?
Alhamdoulillah ! Dieu merci, nous avons mis en place une plateforme digitale. Le chronogramme saoudien est obligatoire. Nous n'avons pas pu le respecter cette année, mais les Saoudiens nous ont tolérés pour nous permettre de bien nous préparer pour l'année prochaine. La digitalisation nous permet de travailler avec les organisateurs réels.
En 2024, nous avons eu plus de 500 agences. Avec la digitalisation, on s'est retrouvé avec 200 et quelques agents. Les 300 ont disparu parce que le système ne leur permet pas d'avoir le quota s'ils n'ont pas de pèlerins. C'est le fruit de la digitalisation qu'on va renforcer et améliorer. Parce que ça a porté fruit. Cela a donné l'occasion aux acteurs du Hadj de travailler sans problème.
Les gens qui ne sont pas dans le Hadj réellement ont quitté le secteur. Nous allons continuer toujours à renforcer cette plateforme pour l'intérêt de nos pèlerins, des organisateurs du Hadj et du Mali.
A quand le lancement de la campagne 2026 ? Quels ont les obligations prescrites pour les filières gouvernementale et privée ?
Pour 2026, le Hadj est déjà lancé en Arabie saoudite. Pendant que les pèlerins étaient encore à Minah, le ministre du Hadj a convié l'ensemble des délégués généraux dans une très grande réunion pour lancer officiellement et solennellement le Hadj-2026 avec les chronogrammes détaillés à tous les niveaux.
Les inscriptions ont déjà commencé à la Maison du Hadj et le lancement sera fait officiellement au Mali ce lundi 14 juillet. Et l'appel que nous avons à l'endroit de l'ensemble de nos candidats au Hadj, c'est de venir vite s'inscrire. La date limite des inscriptions est le 31 décembre 2025. Donc nous avons six mois pour finir avec les opérations du Hadj, valider nos contrats avec les payements, finir avec les opérations du Hadj et commencer à former nos pèlerins. L'Arabie Saoudite est dans ce système depuis 3 ans.
Quand vous recevez plus de 3 millions de pèlerins, il faut anticiper pour mieux organiser et pour éviter des difficultés. Surtout quand on est dans un monde de terrorisme. L'Arabie saoudite est dans ce système d'anticipation, de modernisation, de digitalisation. Donc il faut que nous aussi nous suivions leur démarche, sinon nous allons nous retrouver victime.
Quelles sont les innovations que la Maison du Hadj compte apporter à l'organisation et à la gestion du Hadj ?
D'abord nous avons parlé de la plateforme digitale qui nous permet d'avoir le nombre de pèlerins réels et en genre masculin, féminin, et le nombre d'âge. Cela nous permet de retenir les travailleurs réels dans le secteur. Et cela nous facilite aussi de finir nos opérations vite.
A la Maison du Hadj, on a renforcé la sécurité, les pèlerins ont effectué les déplacements dans les conforts. A Minah, Arafat et Muzdalifah, nous avons apporté des innovations qui ont permis à nos pèlerins d'être dans de conditions meilleures. Nous avons doté la Maison du Hadj avec le système solaire pour maintenir la fourniture de l'électricité. Nous avons renforcé la formation des pèlerins.
Et aujourd'hui on arrive à former l'ensemble de nos pèlerins que ça soit de la filière gouvernementale ou privée. Nous avons donné l'opportunité aux Maliens établis à l'extérieur de s'inscrire et de rejoindre directement l'Arabie saoudite sans passer par le Mali. Tout ceci pour faciliter le Hadj à nos compatriotes.
Chaque année nous essayons d'examiner et voir tout ce qu'on peut ajouter pour améliorer de plus l'intérêt de nos pèlerins.
Votre mot de fin
Je lance toujours un appel à l'endroit de nos pèlerins à comprendre que le Hadj n'est plus comme auparavant. Les inscriptions ont commencé. Nous leur demandons de sortir vite pour s'inscrire et de ne pas attendre la dernière minute. Et surtout cette année, nous n'avons que six mois pour boucler toutes les opérations. Il ne faut pas nous amener à violer le chronogramme saoudien encore.
Je rends un hommage au ministre des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes et l'ambassade d'Arabie saoudite. Sans oublier le ministre du Hadj du Royaume d'Arabie saoudite.
Propos recueillis par Aoua Traoré
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