Grogne contre l'envoi de soldats de la CEDEAO au Mali : Va-t-on vers une nouvelle crise au sommet de l'Etat?

7 Sep 2012 - 03:39
7 Sep 2012 - 10:54
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Décidément, les acteurs de la crise politico-sécuritaire et institutionnelle  du Mali ont du mal à accorder leur violon pour faire face à l'essentiel. La requête adressée par le président de la transition, Dioncounda Traoré, mardi 4 septembre, à la CEDEAO en faveur d'un soutien militaire international pour la reconquête des régions du nord suscite quelques appréhensions.  Si une bonne partie de l'opinion s'est réjouie de cette demande, les ex-putschistes et les mouvements qui leur sont favorables s'insurgent contre la décision, pourtant conforme à l'esprit et aux conclusions de la réunion de finalisation du plan opérationnel d'une intervention de la CEDEAO au Mali ayant regroupé en mi-août les experts de la CEDEAO et la hiérarchie militaire malienne.   Après la mise en place du gouvernement d'union nationale, la dissolution du CNRDRE, l'auto-proclamation du capitaine Amadou Haya Sanogo comme président du comité de suivi des reformes des forces armées, on avait pensé que le terrain d'entente était enfin trouvé au sommet de l'Etat entre les acteurs de la crise malienne. C'est le contraire que nous constatons aujourd'hui avec les réactions des uns et des autres  à propos de la lettre du Pr Dioncounda Traoré adressée le mardi dernier à la CEDEAO. Dans cette correspondance, le président intérimaire "demande un renforcement des capacités antiterroristes, par l'envoi d'un détachement de fonctionnaires de police et par l'envoi aussi d'équipements". Il sollicite également "un appui aérien et l'envoi de cinq bataillons à partir de la ligne de front, qui seront graduellement engagés pour contrôler les villes reconquises". Cette demande à notre connaissance est conforme aux conclusions de la réunion de finalisation du plan opérationnel de l'intervention de la CEDEAO au Mali. Laquelle rencontre s'est tenue en mi-août à l'Ecole de maintien de la paix. Cette  réunion de Bamako s'est achevée sur ''une convergence de vues entre la CEDEAO et les autorités maliennes en ce qui concerne la phase 1 de l'intervention de la MICEMA, à savoir la sécurisation des autorités et des institutions de la transition''. Cette tâche, selon les deux parties, sera désormais assurée par les forces de défense et de sécurité maliennes. Pour les phases 2 et 3 portant "la contribution de la MICEMA au renforcement des capacités des Forces de défense et de sécurité maliennes à travers leur réorganisation et leur entraînement  et le soutien à ces Forces dans la reconquête du Nord-Mali   actuellement occupé par des groupes rebelles islamistes", le chef d'état major des armées, Ibrahim Dahirou Dembélé avait affirmé : ''Ce sont les troupes maliennes qui seront devant, personne ne fera cette guerre à la place du Mali, les autres forces (celles de la MICEMA) viendront en appui''. Autant dire que la hiérarchie militaire est sur la même longueur d'onde que la CEDEAO et que le président Dioncounda a agi dans cette logique. Mais voilà qu'à la grande surprise de tout le monde, les ex-putschistes de Kati, par leur porte-parole, Bakari Mariko, affirment sur les antennes de RFI : "Nous ne voulons pas de soldats de la Cédéao sur notre sol". En revanche, l'ex-junte se dit favorable à l'envoi de formateurs et d'appui logistique, notamment aérien. Bakary Mariko a tenu également et surtout à souligner que l'ex-junte demande le déblocage des armes qui ont été achetées par le régime du président malien renversé, Amadou Toumani Touré, et qui sont retenues, depuis fin juillet, par des pays de la Cédéao, notamment la Guinée et le Sénégal. "Nous demandons à la Cédéao qu'elle libère nos armes ", a-t-il déclaré.  Avec cette sortie, qui engage certainement le Capitaine Amadou Sanogo, on se demande alors que veulent les ex-putschistes de Kati, qui depuis leur mutinerie le 21 mars contre la République, ne sont pas allés au front et empêchent le Mali de recourir à des forces étrangères. Chaque Malien serait fier aujourd'hui que notre armée libère seule le nord, mais tout le monde est conscient que cette armée, même si elle dispose d'un effectif, n'a pas de combattants aguerris. C'est une réalité dure à digérer, mais c'est ainsi. Pourquoi, vouloir alors créer à tout prix le blocage là ou on n’en a pas besoin  et retarder le pays dans sa marche vers la reconquête de son intégrité territoriale? En tout cas, si c'est pour le Mali  que chacun se bat, il est temps d'arrêter toute intransigeance et le double jeu qui ne profitent qu'aux ennemis jihadistes du paisible peuple malien. Youssouf Camara Le 1er vice-président de l’ADEMA, iba N’Diaye «L’appui de la CEDEAO,  de l’UA, de l’ONU est plus que jamais nécessaire»

L’Adéma salue la demande formulée par le président de la République qui redonne aujourd’hui aux Maliens du nord et du sud, de l’intérieur et de l’extérieur la confiance et l’espoir légitimes de pouvoir retrouver leur dignité et leur liberté par la reconquête des territoires occupés et la restauration de la laïcité. L’armée malienne trouvera ainsi les appuis complémentaires indispensables pour réussir le dur combat qui l’attend en accroissant ses moyens d’action et ses chances de succès.

Au peuple malien tout entier, les semaines et mois à venir demanderont beaucoup de sacrifices physiques, intellectuels, matériels et financiers, les mêmes qui ont permis à la nation malienne son indépendance en 1960 et la victoire en 1991, de la démocratie et des droits humains. L’Adéma se dit solidaire du président de la République et du Gouvernement d’union nationale dans les dures éprueves qui nous attendent. L’appui de la CEDEAO, de l’UA, de l’ONU, celui de tous les pays amis et organisations internationales épris de paix et de développement est plus que jamais nécessaire pour conforter notre armée.  Le président du RDS et de l'ADR, Pr Younouss Hamèye Dicko du RDS et de la COPAM «Nous ne voulons pas de troupes étrangères sur notre sol»

On ne peut pas décider de faire venir des bataillons dans notre pays sans bien réfléchir aux conséquences que cela peut avoir. Je pense que même si on est président de la République par intérim, on ne doit pas décider de façon unilatérale de l’intervention de troupes étrangères dans notre pays.

Nous, notre position est claire: nous ne voulons pas de troupes étrangères sur notre sol. Nous ne  voulons pas que des troupes étrangères viennent piétiner nos valeurs ici.  Nous voulons que des amis nous aident, mais il y a une espèce d’hérésie qu’il ne faut pas commettre. Pourquoi  on veut nous aider et on confisque nos armes dans les ports des pays voisins. Si on veut vraiment nous aider, qu’on nous laisse nos équipements militaires et qu’on nous appuie.  Nos forces armées sont capables de régler cette affaire. Il faut qu’on nous respecte. Nous sommes une nation souveraine digne de respect et d’un minimum de considération. Encore une fois, nous ne voulons pas de troupes étrangères chez nous.  Le président de YELEMA, Moussa Mara (CSM) : "L'appui de la CEDEAO est nécessaire mais   il faut que le Mali parle d'une seule  voix"

La requête sollicitant l'intervention de la CEDEAO au Mali pour nous aider à libérer le Nord n'est pas une  mauvaise chose. Je dois même dire que la collaboration avec la CEDEAO est une nécessité. D'ailleurs, elle intervient depuis déjà deux mois à travers les rencontres des experts dont une s'est tenue ici à Bamako. Seulement, il faut que le Mali parle d'une seule voix, c'est-à-dire de manière concertée. Qu'on ne dise pas que nous avons besoin de cinq bataillons, alors que les militaires disent qu'on n'en a pas besoin. Le Mali ne doit se livrer de cette façon en spectacle face à la communauté internationale. Je crois sincèrement que l'appui aérien et logistique est vitale. S'il doit y avoir un déploiement en hommes venant des troupes de la CEDEAO, que les militaires maliens jouent les premiers rôles.  Crise au sommet de la COPAM : Débarquer Amion et Adama en relisant les textes?

Après avoir essuyé les critiques de leurs camarades de la Coordination, les responsables de la COPAM, accusés de trahison dans le processus de la formation du gouvernement d'union nationale, Hamadoun Amion Guindo et Dr Adama Traoré devraient être débarqués en douce ce vendredi à l'issue de la réunion de relecture des statuts et règlements intérieur de l'organisation.

Selon nos informations, les deux amis résistent mais, " lorsqu'on a été mordu par le serpent, au lieu de craindre le ver de terre, on tue le serpent d'abord ", a laissé entendre un des responsables de cette organisation pro-putsch.

On s'achemine, selon notre source, vers la relecture du règlement intérieur et des statuts pour restructurer l'organisation en adoptant par exemple le système d’une présidence tournante. Ce qui permettra de débarquer en douce Hamadoun Amion Guindo et Dr Adama Traoré accusés d'avoir trahi les autres pour avoir réussi à faire entrer au gouvernement deux des leurs (les ministres Boubacar Amadoun Kébé et Bréhima Tolo) sans une concertation préalable   Rassemblées par Bruno D SEGBEDJI  

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