L’aide au développement : 55 ans de perfusion et de poudre aux yeux.

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La technique du « colonialisme informel » n’est pas neuve. Elle a souvent servi pendant l’ère coloniale, et elle est plus que jamais d’actualité. L’aide aux pays du ‘’ sud ‘’ n’est qu’une simple astuce commerciale permettant aux firmes multinationales occidentales de multiplier leurs profits sous couvert d’aide humanitaire.

 

Cette aide permet également d’entretenir une relation de domination et de dépendance, qui asphyxie et asservit les pays sous développés, en les maintenant sous perfusion pour pouvoir les contrôler efficacement sur le plan économique et politique. Il serait naïf de croire que cette aide puisse véritablement changer le cours des évènements qui, malheureusement va en défaveur des pays pauvres, notamment les pays africains. Depuis les indépendances jusqu’à nos jours, nos états ressemblent beaucoup plus à des grands enfants non émancipés qui continuent de dépendre de leurs hypothétiques maitres bienfaiteurs. Qu’est ce qui a véritablement changé ?

 

La seule révolution demeure la capacité de mutation et d’adaptation des bailleurs de fond au fil des années en se réinventant et en mettant en place de nouvelles méthodes pour prêter encore davantage aux pays pauvres déjà asphyxiés par le poids de la dette. Des prêts avec des taux d’intérêts très élevés qui rendent le remboursement quasiment impossibles. La Banque mondiale et le FMI exigent des politiques d’ajustement structurel qui sont en totale décalage avec les priorités des populations des pays endettés. L’attribution de l’aide, contrairement aux contreparties, est très médiatisée. Cette propagande préétablie est destinée à nous distraire pour qu’on évite finalement de se poser les vraies questions.

 

L’octroi des dettes, et les contrats d’exploitations avec les firmes internationales sont mal ficelés et se font généralement sur le dos des pays du sud, et plusieurs générations se trouvent sacrifiées sur le pont de la honte. Ces nouvelles puissances coloniales ne répondent pas à leurs actes et ne rendent compte qu’à leurs actionnaires. Ce ne sont guère que des machines à accroître leur profit immédiat. Elles ont le pouvoir de forcer un gouvernement à défendre, si besoin, leurs intérêts contre ceux du peuple qui l’a élu. Qu’en est-il de l’utilisation qui est faite de cette aide ?

 

L’aide au développement destiné à financer les projets d’investissement économique est détournée par les tenants du pouvoir financier et les gouvernements des pays endettés au vu et au su de tous sans aucune gêne, ni compassion. Les états qui nous prêtent de l’argent sont ceux qui nous ont colonisé et ce sont eux qui dirigent le FMI et la Banque Mondiale, leurs instruments de pression. Voilà comment la baronnie et l’oligarchie afro – occidentale nous spolie. Comme l’a dit jadis Thomas Sankara dans un de ses discours : ‘’ Ceux qui pillent les peuples en Afrique, sont ceux-là même qui pillent les peuples en Europe et partout dans le Monde ‘’. La forme change, mais le fond reste le même. Les montages financiers qu’on nous présente nous engage sur plusieurs décennies, tout en compromettant l’avenir des générations futures qui seront prises à la gorge par le poids abyssal de la dette contractée.

 

Après 400 ans d’esclavage, près d’un siècle de colonisation, plus de 50 ans de néocolonialisme et de mondialisme, l’Afrique doit-elle toujours de l’argent aux impérialistes qui l’ont pillé depuis la nuit des temps . et qui continuent de la spolier de ses richesses ? Que devrons nous apporter de nouveau dans nos rapports avec nos partenaires ? S’il faut changer quelque chose, par quoi devrons nous commencer ? Comment sortir de cet état de dépendance chronique et langoureuse. Comment faire pour que les marionnettes qui nous servent de dirigeants ne soient plus à la solde des maitres financiers. Saurons nous aller vers la véritable indépendance sans véritable sacrifice ? Autant de questions aux quelles il faudra répondre si nous voulons réellement nous émanciper et nous passer de l’aide qui ne cesse de nous aliéner.

 

Youssouf Mangara.

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