Le Ministre Ba dans ‘’Mali Kura Taa sira’’ : « L’élevage et la pêche se portent bien dans notre pays»
Dans l’émission « Mali Kura Taa sira » diffusée le 2 juillet dernier, le ministre de l’Elevage et de la Pêche, Youba Ba, a parlé des actions réalisées par son département avant de dégager des perspectives, notamment l’exportation de la viande.

C’est au Parc à bétail de Kati, que le ministre de l’Elevage et de la Pêche a répondu aux questions de Kadidiatou Koné de l’Ortm et de Robert Dissa d’Africable Télévision. Un cadre aménagé avec les commodités pour symboliser le déplacement des parcs à bétails de Bamako, selon Youba Ba.
« Le cheptel malien est évalué à 14 millions de bovins, 24 millions d’ovins, 33 millions de caprins, 640 000 d’équins, 1 263 000 asins, 1. 370 000 camelins, 91 479 porcins et 63 millions de sujets de volailles ». L’élevage, dit-il, est pratiqué sur l’ensemble du territoire national. Le Sahel occidental, le centre et le nord du pays, sont des zones d’élevage par excellence. « Le Mali dispose de 30 millions d’hectares pour faire l’élevage. 80% de la population pratiquent l’élevage ». Le ministre Ba évoque le développement de l’élevage périurbain autour des grandes villes.
14 régions visitées en 2024
Le chef du département en charge de l’Elevage et de la Pêche ne nie pas la situation sécuritaire. Il reconnaît les efforts déployés par les plus hautes autorités, pour l’acheminement des bétails. Pour preuve, il rapporte que les animaux de la vente promotionnelle effectuée sous le leadership de son département, à l’occasion des fêtes de Ramadan et de Tabaski, viennent de Mopti, de Nara, de Nioro du Sahel, de Niono et ailleurs.
Interrogé sur sa tournée à l’intérieur dans le cadre du suivi du plan de campagne agricole, Youba Ba souligne : « J’ai pris l’engagement de suivre le plan de campagne validé par le Président de la Transition, le Général Assimi Goïta. En 2024, j’ai eu à visiter 14 régions et en 2025, j’ai commencé avec 4 régions. Je vous assure que l’élevage et la pêche se portent bien ».
A Bougouni, raconte-t-il, l’insémination artificielle est sur la bonne voie. Les systèmes hydrauliques pastoraux sont sur place pour abreuver 50 000 têtes de bœufs. A Dioïla, San et Ségou, le ministre Youba Ba note beaucoup d’améliorations. « Ces visites nous ont permis de constater des améliorations sur le terrain».
La décision des autorités guinéennes d’interdire la transhumance des animaux sur son territoire a été abordée avec lucidité par le gouvernement du Mali et son département, avoue-t-il. Le ministre Ba a rappelé l’existence d’un protocole entre le Mali et la Guinée pour la gestion de la transhumance sans oublier les efforts déployés pour maintenir le dialogue avec ce pays frère.
Sur le plan interne, explique-t-il, le département a anticipé avec des tournées à Kita, Kangaba et Bougouni pour sensibiliser les populations. Il annonce l’arrivée prochaine d’une délégation guinéenne au Mali pour des discussions devant aboutir à la révision du protocole entre les deux pays dans le domaine de la transhumance.
Exporter la viande saine à travers le monde
Le ministre de l’Elevage et de la Pêche s’est prononcé sur l’exportation de bétails sur pied en réaffirmant la volonté politique de trouver des solutions à ce vieux problème. Le préalable, souligne-t-il, c’est d’avoir des animaux sains, des abattoirs aux normes internationales et des viandes ISO. « Nous sommes en chemin pour des abattoirs ISO », précise le chef du département qui réaffirme son ambition d’exporter la viande saine à travers le monde grâce au label « Mali Sogo » reconnu par l’Organisation internationale de propriété intellectuelle.
Le Mali, révèle-t- il, dispose de marchés potentiels au Sénégal, en Guinée, en Turquie, en Chine, aux Emirats arabes unis pour exporter sa viande.
L’insémination artificielle, selon lui, permet d’augmenter la production et la productivité, deux missions essentielles du département. « Nous sommes à plus de 10 000 vaches inséminées avec plus de 3 000 naissances de veaux », lance-t-il. Le ministre de l’Elevage et de la Pêche a évoqué sa récente mission au Brésil. Où deux espèces de vaches brésiliennes ont suscité son intérêt : le Girolando peut donner 100 litres en trois traites par 24 heures. Le second, Nélore est une espèce dont le veau entre 4 et 5 ans pèse 1 000 kilogrammes.
Pour lui, l’insémination artificielle peut apporter un plus par rapport à la productivité du lait et de la viande. Toute chose qui permettra de réduire l’importation du lait. « Chaque année, nous investissons 25 à 30 milliards Fcfa pour importer le lait et les produits laitiers », argumente le ministre en charge de l’Elevage et de la Pêche. Grâce aux actions en cours, espère Youba Ba, l’insémination artificielle va atteindre sa vitesse de croisière, afin de booster la production du lait et de la viande au bénéfice des populations maliennes.
Évoquant la santé animale, le ministre Ba affiche son optimisme. Les animaux se portent bien à la date d’aujourd’hui, rassure-t-il. À l’en croire, il n’y a aucune suspicion par rapport aux maladies animales. « Nous avons des vétérinaires aguerris sur l’ensemble du territoire national, des professionnels qui veillent sur la santé des animaux ». Selon lui, « en cas de suspicion, des dispositions sont immédiatement prises pour y faire face ». Youba Ba se réjouit des actions du Laboratoire central vétérinaire du Mali, un fleuron de l’Aes et de l’Uemoa.
Abordant la problématique des aliments-bétails, le ministre de l’Elevage et de la Pêche a remercié le Président de la Transition pour son initiative de donner aux éleveurs, aux laitiers et aux cotonculteurs 10% de la graine du coton. Cela a permis de stabiliser les prix de l’aliment-bétail. L’initiative présidentielle, souligne-t-il, a contribué à diminuer les prix et a permis aux animaux d’être en bon point.
Multiples potentialités dans le secteur de la pêche
Le ministre Youba Ba s’est appesanti sur la mise en œuvre de la politique nationale de pêche et d’aquaculture. La pêche, précise-t-il, pèse les 2,4% du Produit intérieur brut. En 2024, le Mali a produit 123 000 tonnes de poissons frais d’eau douce. « Nous avons 70 écloseries à travers le pays, 70 fermes modernes, 2024 sites de pisciculture recensés, 1300 bassins en ciment, 898 étangs en terre, 286 retenues d’eau pour la pisciculture ».
Le ministre Ba a développé aussi les potentialités des fleuves avec des cages flottantes dont certains peuvent apporter 300 tonnes de poissons chaque six mois. « Nous sommes en train de mettre en œuvre un grand programme quinquennal qui permet d’accompagner les faitières et les pisciculteurs et qui permettra de combler progressivement les besoins en poisson des populations ». S’agissant de l’accessibilité de l’aliment pour les poissons, le ministre fonde beaucoup d’espoir sur les recherches en cours au niveau de l’Institut d’économie rurale (IER).
Appel à la jeunesse
Depuis 2017, rapporte son chef, le département accompagne des jeunes et des femmes pour l’élevage des volailles. Plus de 100 personnes ont bénéficié de cet accompagnement pour booster la production de volaille.
Le ministre de l’Elevage et de la Pêche appelle les jeunes à ne plus risquer leur vie dans le désert ou en mer. « Nous avons la terre et l’eau », souligne-t-il. Il met en avant l’adoption de la stratégie nationale de stabilisation du bétail malien qui va s’étaler sur dix (10) ans avec des plans quinquennaux.
Enfin, le décollage économique ?
L’exploitation du lithium, minerai précieux surnommé « le nouvel or blanc» de notre époque devrait, en principe, permettre à notre pays, de faire grimper les recettes d’exportation. Et, contribuer à booster l’économie nationale dans les années à venir. Mais tout dépend de comment ce patrimoine national sera géré, car c'est une question de gouvernance vertueuse et ambitieuse.
Dans l’univers minier du Mali, un chapitre majeur est en train de s’écrire avec la découverte du lithium, en plus des autres ressources minières dont regorge son sous-sol.
La mine de lithium de Goulamina, Lithium du Mali SA, en coexploitation avec la société chinoise Ganfeng Lithium, est la première mine de lithium, inaugurée le 15 décembre 2024. Considérée comme la plus grande mine de lithium d’Afrique de l’Ouest, en termes de capacité de production, elle entend produire 500.000 tonnes de concentrés de spodumène. Elle se positionne comme la cinquième plus importante au niveau international. Elle va générer environ 250 milliards FCFA pour les entreprises maliennes.
La deuxième mine de lithium, Bougouni Mining SA, attend d’être inaugurée.
La troisième mine de lithium de 21 millions de tonnes, exploitable à ciel ouvert, a été découverte à Foulaboula, toujours à Bougouni. Son exploitation est confiée à Future Minerals-SARL. L’exploitation des gisements de lithium disséminés à travers le Mali fait partie des projets emblématiques des autorités de la Transition. Celui-là est en train de devenir une ressource aussi stratégique que le pétrole au siècle dernier.
Cette matière première est essentielle à la fabrication des véhicules électriques, des smartphones, des ordinateurs portables, mais aussi à des systèmes de stockage d’énergies, indispensables à la transition énergétique.
En proie à la crise énergétique, notre pays trouvera ainsi une solution alternative grâce aux panneaux solaires connectés aux batteries lithium. La plupart des centres hospitaliers universitaires en font déjà l’heureuse expérience, tant à Bamako que dans les capitales régionales. Elle pourrait être étendue aux administrations publiques et aux unités de productions industrielles privées.
Dans l’industrie militaire, le lithium entre dans la composition d’alliages avancés pour l’aéronautique ou l’armement. A mesure que les économies du monde cherchent à se décarboner et à se détacher des énergies fossiles, la demande mondiale en lithium explose. En 2022, son prix a culminé à plus de 80.000 dollars la tonne. En octobre 2024, le prix du kilo flirtait avec 18, 82 dollars US. Le lithium, nouvelle poule aux œufs d’or, devrait générer au profit de l’Etat malien, un premier chiffre d’affaires estimé à 680 milliards de FCFA.
Produire du lithium est bien, mais fabriquer localement des batteries, en assurant une chaîne de valeurs ajoutées, est meilleur. Pour ce faire, la création d’un institut de lithium et de recherches est un impératif, car le capital humain a besoin de connaissances scientifiques et technologiques solides.
Par Mohamed Koné
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