Première édition du salon des investisseurs pour l’énergie au mali (SIEMA 2023) : Sortir de la dépendance au thermique en investissant dans les énergies renouvelables comme le solaire et l’hydraulique en mobilisant 780 milliards de F CFA

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La première édition du Salon des Investisseurs pour l’Énergie au Mali  (SIEMA 2023) s’est tenue du 21 au 22 février 2023 au Centre International de Conférence de Bamako. Elle a été organisée par la société Énergie du Mali (EDM-sa) avec le soutien du ministère de l’Économie et des Finances (MEF) et du ministère  des Mines, de l’Energie et de l’Eau. L’évènement a été présidé par le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga, en présence des ministres des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Lamine Seydou Traoré et de son homologue de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou. 

Placée sous le thème “Investir pour améliorer le mix énergétique”, cette première édition a enregistré la participation de plusieurs acteurs nationaux et internationaux du secteur de l’énergie. Dans son discours, le ministre d’Etat, Colonel Abdoulaye Maïga, a salué l’initiative du Salon, qui peut être une solution au problème de financement. Il a rappelé que pour mettre fin au déséquilibre financier que la Société Energie du Mali (EDM-sa) connaît depuis plusieurs années, un plan de développement du sous-secteur a été approuvé par les autorités de la transition sur la période 2022-2026. Et que ce plan vise à apporter des solutions durables aux difficultés du sous-secteur de l’électricité d’atteindre l’équilibre financier de la société Energie du Mali, d’améliorer la gouvernance du secteur et le coût du mix de production d’électricité. “Ledit plan, validé en conseil des ministres du mercredi 30 mars 2022 repose sur un important programme d’investissement axé sur l’exploitation des gisements d’énergies renouvelables, la construction de lignes de transport et de distribution d’électricité afin de limiter la dépendance aux énergies fossiles, très polluantes et onéreuses”, a indiqué le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. A propos de la mise en œuvre de ce plan, il a précisé qu’il permettra le renforcement de la part de la production solaire, la diminution de la part de la production thermique, l’amélioration des indicateurs opérationnels et financiers par l’augmentation du rendement et la réduction du coût du kilo-watt-heure. Quant au Directeur général de la société EDM-SA, Koureissi Konaré, il a décliné les objectifs du Salon, à savoir : la mobilisation de 580 milliards F CFA pour financer des projets prioritaires dans les domaines de la production, du transport et de la distribution. Il a, aussi, insisté sur l’importance du thème “Investir pour améliorer le mix énergétique”Selon lui, ’Ce choix traduit la volonté de la société EDM de sortir de la dépendance au thermique, qui constitue aujourd’hui plus de 50 % de son parc de production. Il s’agira donc d’investir dans les énergies renouvelables, le solaire et l’hydraulique. La réalisation des projets qui seront soumis aux investisseurs permettra de réduire considérable le coût de production et du coup de faciliter l’accès à l’électricité au moindre coût pour les populations”.

Il faut souligner que le SIEMA 2023 constitue une opportunité pour regrouper les partenaires et les investisseurs dans un cadre d’échanges, de propositions et d’engagements pour la réalisation des projets prioritaires de EDM SA, dans les domaines de la production, du transport et de la distribution. C’est pourquoi, en plus des projets de production, EDM-SA a présenté des projets portant sur le transport et la distribution. L’objectif est de satisfaire la demande qui ne cesse d’accroitre. L’énergie étant le moteur du développement socio-économique, tout sera mis en œuvre pour la rendre accessible partout au Mali, rassurent les autorités.

Qu’est-ce que le Mali peut-il offrir comme opportunités aux investisseurs ?

L’énergie est à la base de tout développement.  Aussi, la satisfaction des besoins humains fondamentaux notamment, l’eau, l’alimentation, la santé, l’éducation, l’industrie, dépend de la disponibilité de l’énergie en quantité, en qualité et accessible par tous de façon durable. La transition vers les énergies vertes doit s’opérer de façon harmonieuse pour soutenir le développement des pays, comme le Mali, qui ont des gaps importants en matière d’électrification notamment en milieu rural. La baisse des coûts des équipements solaires a rendu ces technologies de plus en plus compétitives. Sur la question du financement des projets d’énergies renouvelables qui mérite une attention particulière, il faut noter que des obstacles majeurs existent. Ainsi des mécanismes appropriés doivent être mise en place pour faciliter le financement et la mobilisation des fonds. Le Mali, conformément aux orientations des hautes Autorités de la Transition, s’est doté d’un cadre favorable pour le développement des énergies renouvelables à travers notamment son ouverture aux investisseurs privés, les garanties de l’Etat au plan de la sécurité, ou encore l’exonération des équipements à l’importation. Le Mali a également adhéré aux différentes initiatives et programmes lancés au niveau régional et international dont l’Energie durable pour tous en 2030, ou le parc solaire régional, «Desert to Power », entre autres. A titre de rappel, il faut retenir que la consommation énergétique globale du Mali provient principalement de la biomasse (81%), des produits pétroliers (16%) et de l’électricité (3%). Cette consommation se répartit comme suit : Ménages (environ 86%, dont 23% et 77% respectivement pour les ménages urbains et ruraux) ; Transport (près de 10%, dont 88% et 9% respectivement pour les transports routiers et aériens) ; Industries (environ 3%, dont la moitié est constituée de la consommation des industries extractives) ; Agriculture (moins de 1%).

Quant aux  Énergies Renouvelables (solaire, éolienne, micro/mini, hydroélectricité etc.), elles sont actuellement utilisées à un niveau insignifiant. Toutefois, plusieurs projets de centrales hydroélectriques ou solaires photovoltaïques sont en cours de développement ainsi qu’un projet de parc éolien. Il s’agit, entre autres, des projets suivants : Ségou Solaire : construction d’une centrale solaire photovoltaïque de 33 MWc en BOOT à Ségou ; Akuo Energy : construction d’une centrale solaire photovoltaïque de 50 MWc en BOOT à Kita ; Power Pro : construction d’une centrale solaire photovoltaïque de 50 MWc à Sikasso ;  construction d’une centrale solaire photovoltaïque de 65 MWc à Kati ; ACCESS : construction d’une centrale solaire de 25 MWc à Koutiala. Les autres principaux programmes en cours sont : « Promotion de la production et de l’utilisation de l’huile de Jatropha comme biocarburant durable au Mali » ; « Projet de gestion intégrée des ressources naturelles du Massif du Fouta Djallon » financé par l’Union africaine, le FEM, la FAO et le PNUE (5 millions de $ EU) est un projet régional qui couvre la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et la Sierra Leone ;  « Renforcement de la résilience des groupes de femmes productrices et des communautés vulnérables aux changements climatiques au Mali dans 10 communes vulnérables des Cercles de Kayes, Koulikoro et Sikasso» ;  « Systèmes hybrides pour l’électrification rurale dans 30 villages au Mali » ; « Plateformes multifonctionnelles nationales au Mali » ; Programme d’appui aux Collectivités territoriales (PACT) qui ciblait au départ les Cercles de Koulikoro, Ségou et Mopti, mais qui a été étendu, à présent, à tout le Mali ; «Programme d’appui à l’adaptation aux changements climatiques dans les régions vulnérables de Mopti et de Tombouctou » ; le projet du Programme Solaire et Energies renouvelables (PSER) au Mali qui contribuera à accroître le nombre et la capacité des grands systèmes d’EnR (Energies renouvelables) pour les services électriques (PV solaire et biocarburants) dans les systèmes thermiques existants et les nouveaux mini-réseaux en milieu rural.

Le secteur de l’électricité est dominé par la société EDM-SA. Il comprend également quelques systèmes isolés privés et plusieurs dizaines de plateformes multifonctionnelles gérées par les communautés locales. Le potentiel en hydoélectricité identifié est de 1 150 MW sur une vingtaine de sites avec un productible moyen annuel correspondant de 5 600 GWh environ. Actuellement près de 840 MW de ce potentiel reste disponible, non aménagé et réparti en 3 grands groupes : sites au stade des études de faisabilité (150 MW) ; sites au stade de préfaisabilité (342 MW) ;  sites au stade de reconnaissance (150 MW). En ce qui concerne l’Energie solaire, l’irradiation solaire est très importante et répartie sur l’ensemble du territoire national. Elle atteint en moyenne 6 kWh/m2/j pour une durée d’ensoleillement journalier de 7 à 10 heures. Le potentiel de bois énergie est évalué à 33 millions d’hectares avec un volume sur pied d’environ 520 millions de m3 et une productivité pondérée sur l’ensemble du pays d’environ 0,86 m3/ha/an. La mise en œuvre par l’AMADER des Schémas Directeurs d’Approvisionnement (SDA) sur toute l’étendue du territoire a permis d’établir la cartographie suivante du gisement en bois-énergie. Le Mali dispose d’un potentiel important de production d’énergie à partir des déchets agricoles : 1,5 million de tonnes de déchets de riz et de coton (coques, tiges, etc.) en 2010 ;  près de 3,5 millions de tonnes en 2018, suite à une croissance annuelle de 10 % de la production de céréales principalement autour de Sikasso (coton) et Ségou/Mopti (riz). Le Mali est un grand producteur régional d’oléagineux : plus de 500 000 tonnes d’arachide, 370 000 tonnes de graines de coton et 200 000 tonnes de noix de karité ce qui entraine la production de grandes quantités de tourteaux. Premier producteur régional de bétail avec plus de 30 % du total de bétail de l’UEMOA, une croissance annuelle avoisinant les 5 %, le Mali offre des possibilités non exploitées de valorisation des déchets d’origine animale. Il existe en outre des espèces aquatiques envahissantes et des déchets ménagers de près de 600 000 tonnes par an. Quant aux cultures énergétiques, les conditions sont optimales pour la production de canne à sucre avec un ensoleillement abondant et l’eau pour l’irrigation. La production est concentrée dans la zone de l’Office du Niger dans des usines sucrières existantes (Sukala et Nsukala). Les 20 000 hectares cultivés produisent 140 000 tonnes de sucre et 11 millions de litres d’éthanol exportés avec succès. La culture du jatropha (pourghère) a longtemps été utilisée au Mali comme clôture traditionnelle. Principalement concentrée dans les régions de Sikasso, Koulikoro, Kayes et Ségou, 65 000 ha de jatropha permettent une production estimée à 5 500 tonnes de graines en 2016. Quatre pressoirs et une raffinerie sont déjà en exploitation, 740 000 litres de biocarburant à base de jatropha ont été produits en 2016, avec une croissance annuelle de 35 % depuis 2010.

Al-Hassan Bah

 

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