Edito : L’islam

24 Nov 2012 - 09:21
24 Nov 2012 - 09:21
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Cet éditorial que nous avons titré : Islam est un extrait d’un important texte intitulé : « Rôle et Importance des Religions pour la Vie » de notre compatriote, Gabriel Magma KONATE     En Afrique et spécifiquement au Mali, il est difficile de séparer religion et éthique… Ainsi les liens entre la religion et la vie sociale sont très étroits et s’expriment de diverses manières : En premier lieu la religion dépend des cadres sociaux qu’elle exprime avec ses particularismes, ses aspects globalisants ou totalitaires en tant qu’instance dominante présente partout et en tout, même si en dernier ressort l’économique est le déterminant Parmi les religions nouvelles, l’islam occupe en Afrique le premier rang. Le mot Islam désigne à la fois : Les croyances et attitudes religieuses des hommes soumis à Dieu (Muslim). La communauté formée par ces hommes, la civilisation qui est d’origine arabe propre à cette communauté, ces deux aspects apparaissent liés et comme normatifs, dès l’origine pour tous les temps et pour tous les lieux. Cette religion repose sur les  révélations que le prophète Mohamet (PSL) a reçu de Dieu par l’intermédiaire de Seydna Djibril. Implanté en Afrique du Nord dès l’origine, au 7ème  siècle, l’Islam se heurta au plateau éthiopien et aux royaumes chrétiens de Nubie. Son expansion a été très irrégulière. Elle s’est heurtée à la réaction des peuples païens irréductibles : Bambara – Dogon – Mossi – Lobi – Peuples des montagnes, de l’Atakora au plateau de Baoutchi et aux Kirdis du Cameroun. Face à l’hostilité des régions impraticables aux chevaux, l’Islam s’est longtemps limité à la zone sèche soudanienne ; en utilisant souvent des méthodes de conversion violentes ne laissant aux païens conquis que le choix de l’Islam, l’esclavage ou la mort. Mais parfois, la conversion a été effectuée pacifiquement à l’appui du chef ou de l’aristocratie. La colonisation européenne, tout en empêchant la guerre sainte, selon Philippe Laburthe – Tolra et Réné Bureau, s’est montrée singulièrement favorable à l’islam : Les routes ont permis aux messagers des confréries, aux marchands dioula et haoussa, de circuler et d’essaimer en diffusant leur propagande. (Initiation Africaine Ed clé 1971 p.93).L’effritement des sociétés paysannes et des croyances ancestrales qui dépouille l’individu de repère est favorable aux nouvelles religions. La politique des colonisateurs pour l’islam fut diverse mais dans nombre de cas le conquérant ou l’administrateur s’appuyait sur le chef musulman surtout au Nord du continent. Aujourd’hui, l’islam s’appuie sur cet avantage qui offre au fidèle une élévation sociale qui l’insère dans une communauté universelle de plusieurs milliers d’hommes. Il se présente alors comme religion du tiers-monde. Ainsi des peuples jadis réfractaires y adhèrent car certaines survivances païennes sont admises à côté de la profession de foi, qui ne saurait déranger des africains, qui, nous l’avons dit plus haut, admettaient déjà un Dieu créateur. La polygamie est admise. Le converti a un sentiment de promotion sociale car le boubou du musulman, le chapelet, l’écriture mystérieuse, les prières rituelles lui confèrent prestige et gravité. De surcroît il retrouve au sein de la nouvelle communauté la cohésion et la protection auxquelles l’avait habitué une vie sociale très collectivisée. Ainsi naquirent des confréries à la place des sociétés secrètes. A l’origine, religion des nomades et des citadins arabes, l’islam n’était pas fait pour les paysans noirs qui l’ont transformé. La plupart des marabouts au Sud du Sahara sont ignorants et les populations n’ont de cette religion qu’une notion rudimentaire : l’essentiel est pour eux l’acte de foi et le rejet de toute autre religion. La conception d’Allah est celle qu’elles ont du Dieu créateur des religions païennes. Le prophète appelé Nabi est mal connu : souvent on lui donne le rôle d’intermédiaire entre Allah et les hommes, à l’instar des dieux secondaires du paganismes. Les esprits sont devenus des djinns, les génies de la tribu et les mânes des ancêtres reçoivent toujours un culte. Les pratiques extérieures, les interdits et les sortilèges comptent souvent plus que les intentions et même les actes. Il nous faut cependant reconnaître que bien qu’étant en principe une religion sans clergé, il existe des spécialistes du culte appelés Imam ; il y a ensuite des saints hommes et les marabouts (de morabtin : monastère). Mais certains chefs de confrérie très instruits ; auréolés d’un prestige surnaturel au yeux du peuple, prennent la place des chefs et des anciens, deviennent des personnages sacrés et des guides inspirés : dans l’esprit de beaucoup de croyants , se soumettre à eux suffit à assurer le salut. Cet attachement au marabout explique le succès du mouridisme et du hamallisme et plus près de nous de Amçardine de Chérif Madani Haïdara. Bien que l’islam, qui a pris naissance dans une aire géographique et historique différente de l’Afrique noire, soit resté pendant des siècles, une religion à caractère colonial, c’est pourtant le christianisme qui est remis en cause par les nouvelles générations. Gabriel Magma KONATE                                Artiste, comédien, metteur en scène. 

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