Editorial / Recul ou complot ?

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A Deauville, en avril dernier, les grands du monde adoubaient trois présidents voisins du Mali : Mamadou Issoufou, président tranquillement élu d’un Niger pourtant turbulent ; Alpha Condé issu d’élections tourmentées dans une Guinée poussive, Alassane Ouattara vainqueur spolié qui ne retrouva son droit que grâce aux roquettes dans une Côte d’Ivoire surarmée.

Pour les huit dirigeants les plus puissants au monde, le trio encensé incarne le nouveau leadership africain et leurs pays des « démocraties en construction ». Tel est le terme consacré à la Maison blanche dont l’hôte reçoit, dans quelques jours, les trois présidents cette fois-ci accompagnés du Béninois Yayi Boni, le président controversé d’un pays qui fut avec le Mali, l’une des rares vitrines de l’Afrique en voie de démocratisation. Bien entendu, le classement trop complaisant des occidentaux n’est pas un bon message pour les pays qui n’ont connu ni la versatilité du Niger ou du Bénin, ni les dérapages de la Côte d’Ivoire ou de la Guinée, qui sont sincères avec leur projet démocratique et qui s’obligent à une gestion rationnelle de leurs ressources et de leurs opportunités.

Il n’y en a pas des masses mais il y en a. Mais en tant que citoyen malien, notre problème n’est même pas cette doctrine du rabais qui cache mal le mépris pour les capacités africaines. Notre problème est de savoir où se trouve le Mali dans tout cela et pourquoi nous nous retrouvons brutalement recalés là où, il y a peu, nous étions applaudis des deux mains. Nous devons comprendre pourquoi le MCA choisissant le Mali parmi les bons exemples, alors que Hillary Clinton, récemment à Addis-Abeba ne nous retenait pas dans ce cercle. Oui, nous devons comprendre pourquoi, bien qu’étant à 900 km de nous, avec en plus un Falcon 900, Juppé auquel son homologue malien a rendu une visite fort médiatisée nous zappe, préférant tresser des lauriers à la Mauritanie alors que notre armée, de source officielle, a été du récent combat contre Aqmi. Bien entendu, nous c’est notre servitude d’amplifier ces questions troublantes. Mais qu’il n’y ait pas l’ombre d’un doute là-dessus: le pays entier remarque et s’interroge.

Adam Thiam

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