Descente musclée des éléments du camp I à la Cité Farako : Pour laver l'affront de leur collègue, les gendarmes tabassent une dame et son gardien avant de les faire embastiller
Dame Djénéba Samaké, une malienne de France séjournant à la Cité El Farako en commune III du district de Bamako et son gardien Amadou Telli, ont fait l'objet d'un passage à tabac par des éléments du camp I de la gendarmerie, dans la nuit du samedi au dimanche 7 novembre 2010. Les pandores du camp I n'ont pas fait dans le détail au cours de leur passage. Ils ont usé de gaz lacrymogène contre de paisibles citoyens du quartier, avant d'arrêter le gardien pour aller l'enfermer à la prison centrale de Bamako. Sa patronne a été, quant à elle, embastillée à la prison pour femme de Bollé.
Cette intervention des éléments du camp I a provoqué l'ire de la paisible population de la cité El Farako qui a commencé, d'ores et déjà, à s'organiser en vue de faire bloc derrière les personnes arrêtées. Des praticiens du droit, à l'image de Me M'Bam Diarra, Médiateur de la République, ont été informés pour saisir qui de droit. En plus, Me Diawoye Diatigui Diarra a été commis par les habitants de la Cité Farako, pour défendre le dossier de Djénéba Samaké et de son gardien. De son côté, le regroupement des femmes de la Cité el Farako a décidé de rentrer en contact avec la première dame, Madame Touré Lobbo Traoré, en début de semaine.
Mais qu'est-ce qui s'est passé pour qu'on en arrive là ? L'affaire dont il est question remonte au samedi 6 novembre 2010. Madame Djénéba Samaké est une Malienne de France. Elle vit au pays de Sarkozy depuis près de vingt ans. Chaque année, elle revient au pays pour y passer ses vacances de fin d'année. Un séjour qu'elle met à profit pour initier des réalisations dans son quartier.
Cette année, elle est rentrée au pays avec la ferme intention de paver la rue pour la rendre plus praticable. Elle a recueilli l'adhésion des chefs de famille et responsables du quartier pour la réalisation de ce projet qu'elle finance sur fonds propres. C'est ainsi que les travaux ont commencé, à la grande satisfaction de tous.
Le samedi 6 novembre, un élément de la gendarmerie, du nom de Moussa Traoré et dont la maison est contiguë à celle de Djénéba Samaké, a fait rouler sa voiture sur les dalles encore humides, rendant ainsi nul le travail des ouvriers. Djénéba, aux dires des habitants, a voulu le raisonner, mais c'était pour s'attirer sa colère. Elle reçut en pleine figure une volée d'injures. Voulant joindre la parole à l'acte, Moussa Traoré, selon les témoignages de la population, était sur le point de battre la dame. Il en a été empêché par le gardien qui s'est interposé.
Touché dans son amour propre, le gendarme téléphona à ses collègues du camp I. Lesquels n'ont pas tardé à se pointer sur les lieux. Le gendarme Moussa Traoré les a conduits chez Madame Samaké, sous le regard médusé de la population, qui assistait, impuissante, aux supplices que les éléments du camp I faisaient subir à ces deux personnes. Ils les ont trainés de force jusque dans la rue.
Djénéba Samaké se débattait, mais sans pouvoir résister à la furie des gendarmes. Son gardien fut roué de coups puis trainé jusque dans un caniveau. Il avait le corps tout couvert de sang. Après cela, les gendarmes ont fait usage de gaz lacrymogène pour se frayer un chemin. La même nuit, le gardien fut admis à l'hôpital Gabriel Touré pour y recevoir des soins. Comme si cela ne suffisait pas, le lundi 8 novembre, le gardien, sorti de l'hôpital, fut arrêté au même titre que sa patronne.
Les femmes de la cité sont passées voir le commandant de la Légion de la gendarmerie, le colonel Blonkoro Samaké, pour explication. A les croire, ce dernier avait arrêté Madame et son gardien pour tentative d'agression sur la personne d'un élément de la gendarmerie. Après que celles-ci eurent donné la vraie version au colonel Blonkoro Samaké, il les a libérés. Mais surprise ! Aussitôt après leur libération, ils ont été à nouveau arrêtés, mercredi dernier. Djénéba Samaké se trouve actuellement à Bollé et son gardien à la prison centrale.Nous avons essayé de joindre le commandant de la Légion de la gendarmerie que nous avons appelé sur ses deux numéros, à partir desquels il communiquait avec nous sur d'autres affaires. Mais pour cette fois, il ne décroche pas. Certainement qu'il réagira à la parution de notre article pour apaiser les esprits car au moment où nous mettons sous presse, cette affaire prend de plus en plus de l'ampleur. Des organisations de droits de l'homme ont été mises au parfum pour défendre ce dossier.
Une mobilisation tous azimuts, même internationale, est en train de se dessiner autour la Dame Samaké et son gardien.
Abdoulaye DIARRA
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